mercredi 25 décembre 2019

Premières armes (2)


Maman s’est étonnée.
– C’est pas encore fini ces peintures depuis le temps ?
– Parce que tu crois que ça se torche comme ça, toi ? En deux temps trois mouvements. Il y a tous les enduits à faire. Les sous-couches à passer. Et si on veut que ce soit à peu près potable…
– Oh, mais moi ce que j’en dis, hein ! Tu peux bien y rester tant que tu veux. Au contraire ! Pendant ce temps-là, j’entends pas ta musique beugler.

Dès que j’étais levé, et c’était de bonne heure, je me précipitais « à côté ».
Le plus souvent, je la trouvais en train de déjeuner. Dans un grand pyjama noir à motifs asiatiques.
Je rebuvais un café avec elle. Un autre. On discutait. De tout. De rien. On plaisantait. Et puis…
– Bon, mais c’est pas tout ça ! Faudrait peut-être s’y mettre. Je vais m’habiller.
S’habiller, pour elle, ça voulait dire aller revêtir l’un de ces vieux tee shirts échancrés qui m’offraient une vue imprenable, quand elle se penchait ou s’accroupissait, sur des seins qui me rendaient fou.
S’habiller, ça voulait dire aussi se couler dans des shorts qui lui moulaient les fesses au plus près. D’adorables petites fesses délicieusement joufflues dont je me repaissais, insatiable, quand elle me tournait le dos ou qu’elle était juchée sur l’escabeau.
On peignait. On marquait des pauses. On parlait. Rarement d’elle.
– Ça n’a pas beaucoup d’intérêt, moi. J’ai eu une vie des plus banales, tu sais. Elle l’est toujours d’ailleurs. Parle-moi de toi plutôt !
Je ne me faisais pas prier. Je lui parlais des musiques que j’écoutais.
– Je pourrais pas vivre, moi, sans musique.
D’électronique. Dont j’étais passionné.
– Ah, ça, si je pouvais en faire mon métier !
– Il y a pas de raison.
De l’Afrique.
– C’est là que j’aimerais aller vivre.
De tant d’autres choses encore.
Le soir tombait. Je la quittais, tout rempli du bonheur de ma journée. Et déjà impatient de celui du lendemain.

C’est arrivé un lundi. L’après-midi. Je m’étais morfondu tout le week-end. Parce que le week-end il y avait son mari.
– Et il faut que je me consacre un peu à lui. Je le vois pas de la semaine.
On venait de travailler, sans discontinuer, près de deux heures durant.
Elle a posé son pinceau.
– Quelle chaleur ! Pour un mois de septembre, c’est de la folie !
– On va y crever, oui !
– On dégouline. Aussi bien l’un que l’autre. Et t’es rouge, tu te verrais ! Alors tu sais pas ce que je te propose ? C’est qu’on marque une pause. Et qu’on en profite pour aller se prendre une douche. Ça nous rafraîchira. Allez, viens ! Ben, viens, j’te dis !
Ce qui signifiait ? Qu’on allait la prendre ensemble ? Je n’en croyais pas mes oreilles. Et je lui ai emboîté le pas, ravi.

Elle a tout retiré. Tout. Toute nue. Et j’ai eu ses seins en pente douce, aux larges aréoles rosées. Et j’ai eu sa chatte, recouverte d’une fine résille frisotante qui ne laissait rien ignorer de la douce encoche secrète.
Elle a escaladé le rebord de la baignoire. Et j’ai eu aussi ses fesses dans la contemplation desquelles je suis longuement resté figé.
– Eh ben, reste pas planté là ! Viens ! Rejoins-moi ! Qu’est-ce t’attends ?
Que je… Ah, oui. Oui. Je me suis déshabillé. À mon tour j’ai enjambé.
Elle m’a jeté un rapide petit coup d’œil en bas.
– Hou là ! C’est quoi qui te met dans cet état-là ? Moi ? C’est flatteur.
Elle a tendu la main. Doucement effleuré. Un peu enserré.
– Laisse-toi faire !
Elle est descendue soupeser les couilles, les a voluptueusement malaxées, est remontée jusqu’au gland, en a agacé la pointe, du bout du pouce. Et c’est venu. Tout de suite. Je lui ai déchargé sur les doigts, sur le poignet, sur l’avant-bras.
Elle a ri.
– Quel impatient tu fais ! Bon, ben maintenant on va pouvoir passer aux choses sérieuses.

Les choses sérieuses ça a été, dans sa chambre. Aussitôt. Dans son lit. Où je l’ai caressée comme un furieux.
‒ Doucement ! Doucement !
Où je l’ai fiévreusement pénétrée. Où j’ai triomphalement jailli. Où je suis piteusement retombé, bien conscient que…
‒ C’était pas bien pour toi, hein !
‒ Franchement, non. Je vais pas te raconter d’histoires. Tu t’en es bien rendu compte n’importe comment. Mais c’est pas grave. C’était la première fois. T’apprendras. Je t’apprendrai. Mais t’auras intérêt à t’appliquer. Et à te dépêcher de faire des progrès. Sinon
Elle m’a ébouriffé la tignasse.
‒ Ce sera la fessée.

mercredi 18 décembre 2019

Premières armes (1)



Maman était tout excitée.
– Vous savez quoi ? Eh ben, ça y est. C’est occupé à côté. On a de nouveaux voisins. Boulimier, ils s’appellent. Stéphane et Margaux. Elle est très sympa. Elle m’a fait entrer. Et offert le café. Elle a la quarantaine. À peu près. Peut-être un peu plus. Lui, le mari, il est commercial dans une boîte de je sais pas trop quoi. Toujours sur la route. Il rentre que le week-end. Quant à elle, elle fait rien. Enfin, si on veut. Parce que là, dans l’immédiat, il va falloir qu’elle s’attaque aux peintures. Les Lambert leur ont laissé la maison dans un état lamentable. Dès demain, elle va s’y mettre. D’ailleurs, à ce propos, je lui ai dit que tu viendrais l’aider à déplacer les meubles, Alexandre. Parce qu’évidemment, les déménageurs lui ont tout laissé en vrac dans le séjour. T’es en vacances, t’as bien le temps. Et ça te sortira un peu de tes jeux vidéo.

Elle m’a ouvert un pinceau à la main. Un foulard bleu lui recouvrait entièrement la tête. Un vieux tee-shirt tout délavé tombait sur un court short kaki. Dessous les seins étaient libres. Et les jambes, fuselées, toutes bronzées, interminablement longues.
– Oui ?
– Je viens pour… Ma mère m’a dit… Les meubles… Pour les déplacer…
– Ah, tu es le petit voisin. C’est très gentil à toi d’avoir accepté de venir me donner un coup de main. Parce que toute seule… Tiens, entre ! C’est par là. Ce qu’il faudrait d’abord, c’est pousser ce gros bahut, là, au milieu. Que je puisse accéder au mur. Tu y es ? Un… Deux… Trois…
Elle s’est penchée. Les seins ont ballotté dans l’échancrure du tee shirt. J’ai détourné le regard. Essayé. Je n’ai pas pu. J’y suis obstinément revenu.
– Là… Parfait ! Et si c’est pas trop te demander, on va aussi déplacer ce grand truc. Comme ça je devrais pouvoir avoir fini au moins cette pièce avant le retour de mon mari samedi. Hou là ! Il pèse celui-là, hein !
À nouveau ses seins. Plus généreusement offerts encore. Ils ont doucement oscillé.
– Vas-y, pousse ! Juste un peu. Un peu plus. Voilà. Bon, ben merci. Merci bien.

J’ai dérivé à regret vers la porte
– Si vous avez encore besoin
– Je ferai appel à toi. C’est entendu. Je me gênerai pas.
– Mais même…
– Même ?
– Si vous voulez que je vous donne un coup de main pour vos peintures. Ça vous avancerait.
– Faut pas exagérer. Ce serait abuser.
– Oh, non ! Non ! Ça m’occupera. C’est que dans trois semaines la rentrée à la fac. Alors en attendant…
– Dans ces conditions, c’est pas de refus. Mais je te dédommagerai…
– C’est pas la peine, non, c’est pas la peine. Bon, mais je reviens. Je reviens tout de suite. Je vais me changer.

Une heure plus tard, elle constatait.
– T’avances vite, toi, dis donc ! C’est impressionnant. Par contre, t’es pas très causant. T’es toujours comme ça ?
– Oh, non, non ! Je parle d’habitude.
– Mais pas à moi. C’est que je suis trop vieille, c’est ça ? Et à une vieille comme moi tu sais pas trop quoi raconter.
– Hein ? Mais vous êtes pas vieille ! Ah, non alors ! Vieille, vous ! Ah, non ! Alors ça, non !
– C’est gentil ce que tu me dis là. Eh bien parle-moi alors ! Raconte-moi des choses. Tiens, ta petite amie, par exemple. Elle s’appelle comment ?
– Ma petite amie ?
– Ta petite amie, oui. T’as bien une petite amie quand même ! T’as quel âge ?
– Dix-neuf.
– À dix-neuf ans, tout le monde a une petite amie. Pas toi, apparemment, vu ton air. Pourquoi ? Elles t’intéressent pas les filles ?
– Oh, si ! Si !
– Eh ben alors !
– Je sais pas.
– Elles te font peur, c’est ça ?
– Oh, non ! Souvent je suis avec. Des tas en plus. On discute. On rigole. On déconne.
– Et c’est tout. Ça en reste là. T’en crèves d’envie, mais ça va pas plus loin. Jamais. C’est ça, hein ? Et il te vient pas à l’idée que… Parce que t’es beau garçon. Agréable à regarder. Pour autant que je puisse en juger, t’as l’air d’avoir excellent caractère. Et il te vient pas à l’idée que, parmi toutes ces filles, il y en a sûrement qui en crèvent d’envie autant que toi ? Et beaucoup plus que tu ne crois… Seulement si t’oses pas… Si tu leur fais pas voir…
– Ben oui, mais…
– Mais t’as la trouille. De pas savoir faire. De pas être à la hauteur. Qu’elles se moquent de toi. Parce que… t’es puceau, hein ? Oui, évidemment que tu l’es. Ça saute aux yeux. Le jour où tu le seras plus tu verras que tout sera beaucoup plus facile. Seulement pour plus l’être encore faut-il finir par se lancer…

mercredi 11 décembre 2019

Sévères voisines (36)


Célestine s’est assise au bord de mon lit.
‒ Bien. Alors voilà ! J’ai pris ma décision. On reste ensemble. Du moins pour le moment. Parce que si d’aventure j’apprenais que tu as remis ça, que tu as cherché à épier qui que ce soit sous la douche, dans des vestiaires, des cabines d’essayage ou n’importe où ailleurs, tout serait définitivement fini entre nous. C’est bien compris ?
J’ai baissé la tête.
‒ Oui.
‒ Par ailleurs si, dans quelque domaine que ce soit, j’ai à me plaindre de toi de quelque façon que ce soit, je te punirai puisque, apparemment, il n’y a que ça que tu comprends. Au martinet, à la ceinture ou à la main. Ce sera selon. Ça aussi, compris ?
J’ai fait signe que oui.
– Bien. Cela étant, ne va pas t’imaginer, sous prétexte que je suis, du moins pour le moment, à des centaines de kilomètres d’ici, que tu vas pouvoir en prendre à ton aise sans que m’en revienne le moindre écho. J’ai chargé Camille de te placer sous haute surveillance. Tout ce que tu pourras dire ou faire me sera scrupuleusement rapporté. Dans les moindres détails.
Ah, comme elle devait jubiler, ma garce de sœur !
– Autre chose : je serai dorénavant la seule habilitée à te corriger lorsque ce sera nécessaire. Plus question que la première venue te tambourine le derrière. Et pour que ce soit parfaitement clair, pour tout le monde, tu vas te déshabiller. Allez !
– Là ? Tout de suite ? Maintenant ?
– Évidemment ! Pas dans six mois.
Elle m’a regardé faire.
‒ En route !
Elle m’a poussé devant elle dans l’escalier, puis dans la salle de séjour. Où je me suis brusquement trouvé nez à nez avec elles toutes. Madame Dubreuil. Ses filles, Manon et Emma. Ma sœur Camille. Clémence. Johanna. Jasmine.
Sous l’effet de la surprise, j’ai eu un mouvement de recul instinctif qui a déclenché l’hilarité générale. D’une grande bourrade dans le dos, Célestine m’a propulsé jusqu’au milieu de la pièce.
‒ Bon. Inutile de faire les présentations, j’imagine ! Tu connais tout le monde.
Elle s’est tournée vers elles. A détaché sa ceinture.
‒ Désormais, c’est moi qui prends les rênes en mains.
Il y a eu un murmure d’approbation.
‒ Quant à toi, à genoux !
Face à elles. Tous leurs regards rivés à moi.
‒ Prêt ? Eh bien, réponds !
J’étais prêt, oui.
Et elle a cinglé. Un grand coup. Qui m’a mordu à pleines fesses. Qui m’a arraché un gémissement de douleur. Elle a continué sur sa lancée. Méthodiquement. Régulièrement. Fort. Vite. Toujours au même endroit.
Serrer les dents. Pour ne pas crier. Ne pas les regarder. Fixer un point très loin au-dessus d’elles.
J’ai tenu bon. Un peu. Et puis ça a été plus fort que moi. J’ai pas pu m’empêcher. Je me suis empêtré dans les yeux d’Emma qui arborait un petit sourire d’intense satisfaction. Dans ceux de Jasmine qui me fixait en bas sans la moindre vergogne. Et j’ai crié. Comment j’ai crié !
Elle s’est enfin arrêtée.
‒ Là ! Pour solde de tout compte.
Elle m’a prise par le bras, fait tourner sur moi-même, entraîné vers la porte.
Quelqu’un, derrière, a dit quelque chose que je n’ai pas compris. Et elles ont toutes ri. De bon cœur.
Un rire qui m’a poursuivi dans l’escalier.

En haut, elle m’a attiré contre elle.
‒ Là ! Voilà les pendules remises à l’heure. Maintenant on peut repartir sur de nouvelles bases tous les deux.
Et elle m’a poussé vers le lit.

FIN

mercredi 4 décembre 2019

Sévères voisines (35)


Je me suis précipité dans la chambre de Camille.
Elle était assise à son ordinateur.
– T’es allée tout lui raconter à Célestine, hein !
– D’abord, pour commencer, tu pourrais frapper.
– Parce que tu frappes, toi, quand tu rentres dans ma chambre ?
– C’est pas pareil. Dix mille fois, je l’ai vu,moi, ton cul. Et en couleurs en plus.
– C’est toi qui l’as fait venir. Pour me piéger. C’est ça, hein !
– Si tu veux que je te réponde, tu sors et tu frappes.
Ce que j’ai fait en maugréant.
– Entre !
– Tu peux m’expliquer ?
Elle s’est levée.
– Oui, c’est moi qui ai mis Célestine au courant ! Oui. Dans ton intérêt.
– Ben, voyons !
– Parfaitement, oui. Dans ton intérêt. Parce que tu la connais pas, Clémence. Elle est toxique, cette fille. Elle allait t’embringuer dans tout un tas de trucs dont tu ne serais certainement pas ressorti indemne !
– Oh, tu parles !
– Eh, si ! Elle n’a aucune limite. Elle fait ce qu’elle a envie. Comme elle a envie. Quand elle a envie. En prenant des risques inconsidérés. Je pourrais t’en raconter pendant des heures et des heures là-dessus, si je voulais. Ça parle, les filles entre elles. Elle a déjà eu des tas d’ennuis. Elle t’en aurait fait avoir. Et de sérieux. Parce que te connaissant comme je te connais, t’aurais été incapable de dire non. Tu te serais laissé entraîner. D’autant plus qu’au final t’es comme elle. Exactement comme elle. Dès qu’il s’agit de mater, il y a plus rien qui te retient. Et t’aurais donné, tête baissée, dans tous les panneaux qu’elle t’aurais tendus. Seulement t’es mon frère. Et je n’ai pas du tout envie d’être obligée d’aller te porter des oranges en prison.
– Rien que ça ! Tu crois pas que t’exagères ?
– Non, j’exagère pas, non !
– Tu peux pas la voir, c’est ça, hein ! Qu’est-ce qu’elle t’a fait ?
– Mais rien du tout !
– On dirait pas !
– Et toi, pourquoi tu tiens tellement à la défendre ? Elle t’a tapé dans l’œil ?
– N’importe quoi !
– Alors je te signale, à toutes fins utiles, qu’elle est lesbienne, Clémence. Résolument lesbienne. Exclusivement lesbienne. Et lesbienne conquérante. Il y a des tas de filles qui te le diront.
– Ah, je comprends mieux. Elle marche dans tes plates-bandes en fait.
– T’es vraiment très con quand tu t’y mets.
– Je sais pas. On peut se demander. Remontée comme tu es contre elle.
– N’importe comment, c’est pas le problème, Clémence. Le problème, c’est qu’il fallait bien que tu sortes, d’une façon ou d’une autre, de cette situation. Qui pouvait pas s’éterniser comme ça encore des mois et des mois. Tu pouvais pas continuer à te prendre indéfiniment des fessées en veux-tu en voilà et à être la risée de toute la fac. Parce que tu sais pas tout. Et je peux te dire qu’il s’en fait partout des gorges chaudes du cul tanné de Raphaël. Et que ça a pris des proportions !
– Ce à quoi tu as largement contribué, non ?
– Pour te faire réagir. Et Dieu sait si je m’y suis employée. Dans l’espoir que tu finirais par prendre, de toi-même, le taureau par les cornes et par dire la vérité à Célestine. Parce que c’était la seule solution. Parce que c’était par elle qu’elles te tenaient et par la peur viscérale que tu avais qu’elles la mettent au courant. Mais comme réagir, c’était manifestement au-dessus de tes forces, il a bien fallu que je m’y colle et que je monte au créneau.
– Et maintenant, résultat des courses, Célestine m’en veut à mort.
– Qu’elle t’en veuille, ça, c’est sûr ! Et c’est bien un peu normal, non ? Mais tu sais de quoi elle t’en veut le plus ? Et de loin. C’est de ne pas lui avoir fait confiance. C’est d’avoir pu penser qu’elle ne comprendrait pas. Qu’elle ne pardonnerait pas.
– Tu crois que je peux rattraper le coup alors ?
– Franchement, oui ! À condition de faire profil bas. Et à condition de pas te remettre à mater à la première occasion.
– Oui, oh, ben ça, ça coule de source ! Pas question que j’y remette le nez, alors là !
– Sois pas trop sûr de toi, va ! Parce que si le bât risque de blesser, c’est bien de ce côté-là…

mercredi 27 novembre 2019

Sévères voisines (34)


Célestine était dans ma chambre. Sur mon lit.
J’ai écarquillé les yeux.
– Toi ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? T’es arrivée quand ?
Elle s’est levée d’un bond.
– Je sais tout !
J’ai commencé par nier. Par réflexe. À tout hasard.
– Tu sais quoi ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
– Fais voir tes fesses ! Allez, fais voir !
Elle s’est saisie de la boucle de ma ceinture.
J’ai protesté. Mollement. Très mollement. Vu la façon dont les choses semblaient vouloir tourner, mieux valait sans doute, dans mon propre intérêt, faire profil bas.
Elle m’a déculotté. Avec détermination. A tout descendu, pantalon et boxer, sur les chevilles.
– Tourne-toi !
Elle m’a saisi par le bras. Fait pivoter sur moi-même.
– Effectivement !
Elle m’a longuement passé la main sur le derrière, a redessiné les contours de la fessée que je venais de recevoir.
– J’attends des explications.
– T’as dit que tu savais.
– Je veux l’entendre de ta bouche. Allez, j’écoute !
– C’est que j’ai…
– Oui ?
– Épié les voisines sous la douche.
– Et qu’elles t’ont surpris. Ensuite ?
– Elles m’ont menacé de tout raconter.
– À qui ?
– À tout le monde.
– Et à moi en particulier.
– À moins que j’accepte d’être puni.
– Ce que tu as fait. Mais, en attendant, du coup, tu m’as menti. Par omission, mais tu m’as menti. Et tu as poussé de fait, en passant cet accord avec elles, les autres à me mentir aussi. J’étais pourtant la première concernée, non ? Et en droit de savoir qui tu es en réalité puisque je sors avec toi, puisque je couche avec toi et puisqu’on envisage de faire notre vie ensemble. Non ?
– Ben oui, mais…
– Mais tu savais pertinemment comment j’allais réagir. Bon, mais il y a pas que ça…
J’ai feint l’étonnement.
– Pas que ça ?
– Il faut vraiment que je te rafraîchisse la mémoire ? Tu ferais beaucoup mieux de la retrouver tout seul, tu sais ! Ça vaudrait beaucoup mieux.
– Ah, oui ! C’est vrai ! Il y a eu le stade. Les vestiaires…
– Les voisines te suffisaient plus, faut croire ! Il te fallait carrément toute une équipe de hand… Tu veux que je prenne ça comment, moi, hein ? Tu crois vraiment que je vais pouvoir passer ma vie avec un type dont je serai amenée à me demander sans arrêt s’il court pas reluquer tout un tas de petites nanas dès que j’ai le dos tourné ?
– Je le ferai plus, je t’assure ! Non, si, c’est vrai, hein !
– Que tu prétends ! Pour rattraper le coup. En te disant, en arrière-fond, qu’une fois que l’orage sera passé, tu pourras à nouveau, à condition d’être discret, te livrer à tes dépravations.
– Je te jure que…
– Mais bien sûr ! Évidemment ! Tu vas pas dire le contraire. Non, je vais être franche avec toi, Raphaël ! Après un truc pareil, je sais plus du tout où on est tous les deux. Je me sens trahie. Alors faut que je réfléchisse. Que je pèse le pour et le contre.

mercredi 20 novembre 2019

Sévères voisines (33)


Et Camille nous a plantés là.
– J’ai à faire. On m’attend.
J’ai entrepris de me rhabiller. Avec mille précautions. Et l’aide compatissante de Clémence. Qui m’a aidé à renfiler, l’un après l’autre, mes vêtements.
– Ça te fait mal, hein ?
– Ben tu sais, le frottement du tissu par-dessus une correction pareille, ça fait pas vraiment du bien.
– Je suis désolée.
J’ai haussé les épaules.
– Il y avait pas d’autre solution.
– Oui, mais quand même ! J’étais pas obligée de taper à ce point-là. Seulement comme je t’ai dit…
– Une fois que t’es lancée, tu peux plus t’arrêter. Ça te déborde de partout. Et ça déferle comme ça veut.
– Voilà, oui.
– T’y prends du plaisir, hein, en fait ? C’est ça ?
Elle n’a pas répondu.
– C’est ça ?
Elle a relevé la tête, plongé ses yeux dans les miens.
– Oui.
– Et un plaisir intense.
Son silence était un aveu.
J’ai suggéré.
– Tu peux te caresser si tu veux.
Elle s’est absorbée dans la contemplation de mon derrière qu’elle a très doucement effleuré. Dans celle de mon dos. Sur lequel elle a promené un doigt.
– Faudrait y passer quelque chose. Ça te ferait du bien. J’ai des trucs adoucissants chez moi. On y va, si tu veux. C’est pas loin.

Chez elle. Où je me suis à nouveau déshabillé. Étendu à plat ventre sur le lit. Elle s’est assise à mes côtés.
– Détends-toi !
Et elle m’a massé. D’abord le dos. Avec quelque chose de frais. qu’elle a étendu, d’un doigt léger, sur toute la surface.
– Comment ça soulage !
– C’est fait pour…
Elle est descendue. Le creux des reins. S’est arrêtée.
– Qu’est-ce qu’elle a voulu dire, tu crois, pour moi, que je perdais rien pour attendre ?
– Oh, alors ça, je n’en ai pas la moindre idée ! Mais avec elle on peut redouter le pire. Et tout imaginer.
– C’est ce que je vais faire. À tous les coups.
– Te prends pas trop la tête non plus. Parce que peut-être qu’elle est en train de te concocter un truc et puis peut-être que non. Qu’elle fera rien du tout. Que c’est juste histoire de te mettre la pression. Ce serait bien son genre.
Elle s’est remise à me masser. Les fesses. À petits coups rapides. Circulaires. L’une après l’autre.
– Tu m’en veux pas trop ?
– Pour être tout à fait franc avec toi, même si ça me brûle, même si je déguste, l’idée que tu as pris du plaisir à me fouetter ne m’est pas si désagréable que ça… Et même…
Elle a eu comme un petit soupir de soulagement.
–Oh, ben ça va alors !
Et son doigt s’est insinué dans la raie entre mes fesses, l’a habitée.
Elle a encore soupiré. Le lit s’est mis à bouger. Doucement d’abord. Puis de plus en plus vite. Elle a haleté. Elle a gémi. Son doigt m’a cherché derrière. Avec impatience. M’a trouvé. Pénétré. Et son plaisir l’a submergée.

mercredi 13 novembre 2019

Sévères voisines (32)


Pour la vingtième fois au moins, Clémence a regardé son portable.
– Elle avait dit trois heures, ta sœur et…
– Il en est presque quatre. Je sais, oui. Elle nous met la pression. De sa part, il fallait s’y attendre, ça !
Elle nous avait donné rendez-vous devant les bouches d’aération.
– Le théâtre de vos exploits. C’est l’endroit qui va de soi pour qu’elle te flanque une bonne correction, non ?
Clémence a soupiré.
– Quelle garce quand même ! Te fliquer comme ça…
– C’est ma faute aussi. J’aurais dû m’en douter. La connaissant…
– C’est vraiment pas de chance. Dès la première fois, on se fait ramasser ! Quand je pense à comment on aurait pu en profiter de toutes ces filles. Pendant des tas de semaines. Bon, mais au moins t’auras vu Jasmine. Tu sais comment elle est faite maintenant. Alors quand tu voudras…
Elle n’a pas terminé sa phrase.
On est restés quelques instants silencieux et puis elle m’a posé la main sur le bras.
– Je taperai pas trop fort, tu sais !
– C’est gentil, mais il va bien falloir pourtant. Parce que, si tu le fais pas, si elle trouve que c’est trop mou, elle parlera, c’est sûr. Et ça, c’est ce qu’il faut éviter à tout prix. Dans ton intérêt aussi bien que dans le mien…
– Oui, mais…
J’ai haussé les épaules.
– Oh, tu sais, au point où j’en suis maintenant…
Elle s’est agitée.
– Non, mais c’est pas ça ! C’est que je me connais. Et, si je me lâche, je maîtriserai plus rien. J’aurai plus aucune limite. Même si j’essaie de me raisonner. Ce sera plus fort que moi.
– Faut que je m’attende à passer un sacré mauvais quart d’heure alors !
– Je suis désolée.
J’ai soupiré, fataliste.
– Je ferai avec. Faudra bien.

Camille a surgi sur le coup de cinq heures.
– Ah, vous êtes là !
– Ça fait même un sacré moment.
– Bon, ben allez alors ! Perdons pas de temps ! Tu te déshabilles, toi !
Je me suis exécuté. Le pantalon. Le boxer.
– Le haut aussi ! Il va y attraper, ton dos. Là ! Et maintenant tu donnes ta ceinture à Clémence.
Qui s’en est emparée en me jetant un rapide petit regard contrit.
– Et tu te mets à genoux. Bon, ben allez ! Feu !
Clémence m’a lancé deux ou trois coups. Sans véritable conviction. Et Camille a éclaté de rire.
– Si tu t’y prends comme ça, ce soir tout le monde est au courant.
Les coups se sont faits plus secs, plus appuyés.
– C’est mieux ! Mais c’est pas encore ça. C’en est loin.
Plus fort. Beaucoup plus fort. Sur les fesses. Au creux des reins. Sur le dos. Sur les cuisses. Ça a cinglé. Ça a brûlé. Ça a mordu.
– Continue ! Continue !
De plus belle.
J’ai crié. J’ai hurlé. J’ai rampé, sur les genoux, au hasard. Suis venu buter contre un mur. Qui m’a arrêté.
Encore une dizaine de coups. À toute volée. À plein régime.
Camille a mis fin, m’a saisi, par les cheveux forcé à la regarder.
– Tu vas comprendre ce coup-ci ? Tu vas leur foutre la paix aux filles ? Une bonne fois pour toutes ? Ils me sortent par les yeux, les types dans ton genre. Et Dieu sait si ça pullule…
Elle s’est tournée vers Clémence…
– Quant à toi, tu perds rien pour attendre…

mercredi 6 novembre 2019

Sévères voisines (31)


Camille m’attendait, tranquillement installée sur mon lit, les mains sous la nuque.
– Non, mais faut pas te gêner. Ça va ? Je te dérange pas ?
– Pas vraiment, non. T’étais où ?
– Si on te le demande…
– Je dirai que je le sais. Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que t’as à me regarder comme ça ?
– Tu…
– Je le sais, oui. T’étais au stade en train de mater les filles du hand à poil sous la douche.
J’ai voulu nier.
– Hein ? Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
– Je vous ai vus. De mes yeux vus. Ce dont vous ne vous êtes absolument pas rendu compte. Vous étiez bien trop occupés à vous rincer l’œil. Et à vous palucher.
J’ai désespérément cherché à retourner la situation à mon avantage.
– Alors comme ça, tu me suis. Tu m’espionnes. Ah, ben bravo ! Bravo !
– Je t’espionne pas. Je te surveille. Pour t’empêcher de faire des conneries. Nuance. Et j’ai bien raison. La preuve !
Elle s’est redressée, assise au bord de mon lit.
– En douce que tu t’es mis dans de sacrés beaux draps. Parce qu’elle va être contente Célestine quand elle va apprendre que tu fricotes avec une autre.
– Je fricote pas avec.
– Ah, non ? Oh, ben tu lui expliqueras alors… Tu lui expliqueras que là, vous étiez juste en train de vous branler gentiment en chœur, mais que le reste du temps, quand vous êtes ensemble, vous enfilez des perles. Elle va te croire, sûrement.
– N’empêche que c’est vrai.
Elle a ignoré l’interruption.
– Et les filles ! Manon. Emma. Johanna. Jasmine. Elles vont être ravies, les filles ! Surtout Jasmine. Que t’as pas dû te gêner pour reluquer tant et plus. Ah, là, tu peux t’attendre à une de ces corrections avec elle… Et c’est pas tout. Parce qu’elle va forcément en parler à ses copines du hand. Qui, elles, ne se contenteront sûrement pas de te tambouriner le derrière, mais qui, à tous les coups, vont vouloir porter plainte. Non, cette fois-ci, tu t’en tireras pas comme ça, mon coco. Ça va prendre de sacrés proportions tout ça, probable.
– Camille…
– Quoi, « Camille » ? Quoi ? Tu veux que je la ferme, c’est ça ? Que je te couvre, une fois de plus? Eh ben non, non ! J’en ai marre, figure-toi ! Mais marre à un point que t’as même pas idée. Alors, ce coup-ci, c’est bon. Ça suffit.
– Tu peux pas faire ça.
– Bien sûr que si que je peux… Et pourtant non, t’as raison, je vais peut-être pas le faire. C’est ça le pire. Parce que t’es mon frère. Parce que si on te colle un procès au cul, ce qui est vraisemblable, ça va te suivre toute ta vie. Parce que ça te portera préjudice, plus tard, dans ton boulot. Et parce que, d’une certaine façon, ça va nous retomber dessus, à maman et à moi. Alors non, je vais peut-être pas le faire. Tout va dépendre de Clémence, en fait.
– De Clémence ?
– De Clémence, oui. C’est elle qui va te corriger. C’est pas une excellente idée, ça ? Une bonne cinglée. À la ceinture. Sur les fesses et sur le dos. Et alors, de deux choses l’une : ou bien elle va prendre son rôle bien à cœur, je serai satisfaite de sa prestation et, pour cette fois, je passerai l’éponge. Au moins momentanément. Ou bien elle va te ménager, retenir ses coups et alors là, je n’aurai pas le moindre état d’âme. On saura tout. Tout le monde.
– Mais…
– Mais quoi ? Qu’est-ce tu vas me dire ? Qu’elle est au moins aussi coupable que toi ? Et alors ? Tu ne l’es pas moins pour autant. Si ? Et, de toute façon, c’est moi qui décide. C’est à prendre ou à laisser. Allez ! Tu l’appelles…

mercredi 30 octobre 2019

Sévères voisines (30)


Célestine n’était finalement pas venue pour mon anniversaire.
Camille a triomphé.
– Et ça t’étonne ?
– Non ! Si ! Enfin un peu quand même…
– Tu vas finir par t’en mordre les doigts de tout ça à force de faire, mais après tout c’est pas mon problème.
Ce n’était pas le mien non plus. Du moins pour le moment. Je verrais plus tard. Parce que, pour le moment, ce qui m’importait c’était l’expédition prévue avec Clémence dans les vestiaires du stade.

Laquelle Clémence m’a assailli de recommandations.
– Bon, alors t’as bien compris ? La grille, on la passe d’un pas à la fois tranquille et décidé. Si le gardien nous demande ce qu’on veut, tu me laisses répondre. Après, en principe, il y a plus de danger. Au pire, en cas d’imprévu, on est un couple à la recherche d’un coin tranquille pour roucouler. Capito ?

On a franchi la grille sans encombre. On s’est engouffrés, par une petite porte latérale, dans un local encombré de ballons, de filets, de cordes et de tout un matériel hétéroclite. Un autre porte. Un couloir. Un dédale de couloirs. Un escalier. Une sorte de petite pièce-terrasse. Et deux grandes bouches d’aération par lesquelles on avait une vue imprenable sur l’enfilade des douches.
– Et voilà ! À toute l’équipe senior on va avoir droit. De dix-neuf à trente-cinq ans elles s’échelonnent. Et je peux te dire qu’il y en a là-dedans, elles valent sacrément le coup d’œil. Rien que d’y penser !

On a attendu. Pas bien longtemps. Une dizaine de minutes. Et puis il y a eu des rires, des exclamations. Quelque chose a bruyamment raclé le sol. Une première fille est apparue. Nue. Une brune. Aux seins lourds. À la toison noire épanouie. Et frustrante : on voyait rien là-dessous.
– Elle, c’est Damia. Je te raconterai. Plus tard. On regarde pour le moment.
Une autre. Une grande mince, aux seins quasi inexistants. À peine une boursouflure. À l’ombrage léger. Châtain clair.
– Valentine.
– Tu les connais toutes ?
– Pratiquement. Je t’expliquerai.
Deux autres. Ensemble. En parlant. En riant. L’une de face, à la peau très pâle, aux seins veinés de bleu, à l’encoche surmontée d’un petit échantillon de poils frisottés blonds et l’autre, de dos, les fesses généreuses, délicieusement rebondies.
– Emma. De toutes c’est celle que je préfère.
Et elle a glissé sa main dans son pantalon.
– La voilà ! Jasmine ! La voilà ! Allez, venge-toi !
Jasmine ! Je me suis rivé à elle, la gorge sèche, les maints tremblantes. À ses seins au dénivelé émouvant, aux aréoles rosées, aux pointes dressées. À son encoche offerte à nu.
Clémence a murmuré.
– T’es verni, toi ! Elle se l’est rasé. C’était pas le cas les autres fois.
Jasmine s’est longuement offerte à la douche, le visage levé, les yeux fermés. S’est tournée, m’a tendu deux petites fesses bien fermes, à l’arrondi voluptueux.
Un demi-tour sur elle-même. À nouveau de face.
Clémence, à mes côtés, a respiré plus vite. Son pantalon était descendu sur ses genoux. Ses doigts s’activaient frénétiquement dans sa culotte.
– Tu te le fais pas, toi ?
– Oh, si ! Si ! Bien sûr que si !
Et je me la suis sortie. Et je me le suis fait. Sans quitter Jasmine un seul instant des yeux.
Clémence a doucement psalmodié son plaisir.
– Oh, que c’est bon ! Que c’est bon !
Puis regardé, de tout près, surgir le mien.

mercredi 23 octobre 2019

Sévères voisines (29)


Camille a déboulé dans la salle de bains tandis que j’étais sous la douche.
Ce qui devenait une habitude.
– Faut que je te parle… Faut absolument que je te parle. Parce que…
Elle s’est brusquement interrompue, les yeux écarquillés.
– Encore ! Mais c’est tous les jours que tu t’en ramasses des fessées en ce moment. Tu le fais exprès, ma parole !
– Mais bien sûr ! J’adore ça. Ça se voit pas ?
– On finirait par se le demander. En attendant, là, on t’a pas loupé. Au martinet on te l’a fait. Et c’est tout récent. Il s’est passé quoi ?
– Oh, mais rien ! Ça te regarde pas n’importe comment !
– Oh, mais si, ça me regarde, si ! Parce que si c’est les filles, Manon et les autres, là… C’est elles, hein ? Oui, c’est elles. C’est forcément elles. Ben, c’est dégueulasse. Elles auraient pu m’attendre. Elles me l’avaient promis en plus. Oh, mais elles vont pas l’emporter au paradis, alors là ! Bon, mais je m’occuperai de ça plus tard. En attendant, elle tombe plutôt mal, cette fessée.
– Parce que ?
– Ben, parce que… Je suis pas censée te le dire, mais elle vient ce soir, Célestine. Pour ton anniversaire. Elle veut te faire la surprise.
– Ah !
– Comme tu dis, oui. Et, vu l’état de ton derrière, si t’arrives à la baiser sans qu’elle se rende compte de quoi que ce soit, t’es vraiment très très fort.
– Je verrai. J’improviserai.
– Ah, bon ! T’improviseras. Tu vas t’y prendre comment ? Tu vas lui faire ça dans le noir ? Ou bien alors sans te déshabiller juste en sortant ta queue ? Et elle, elle va trouver ça normal. Ben, voyons ! Non, mais tu rêves pas un peu, là ?
– Je trouverai une solution, j’te dis !
– Oui, oh, je la connais, ta solution. Tu vas inventer une excuse bidon, que t’as des palpitations ou une connerie dans ce genre-là, pour pouvoir te défiler. Tu ferais beaucoup mieux de lui dire la vérité. Une bonne fois pour toutes.
– C’est ça ! Pour qu’elle aille penser de moi que je suis un gros pervers.
– Qui reluque ses voisines à poil dans leur salle de bains. Ben, oui ! C’est pas la vérité peut-être ?
– Mais elle va me plaquer ! La connaissant, elle va me plaquer.
– Il y a encore bien plus de risques qu’elle te plaque si tu dis rien. Non, parce qu’attends ! Mets-toi à sa place. Voilà une nana dont t’es soi-disant amoureux. Les circonstances font que vous vivez à des centaines de kilomètres l’un de l’autre. Que vous pouvez vous voir que tous les tournants de lune. Et quand c’est le cas, quand vous y arrivez, tu la tires pas. T’as toujours un bon prétexte. Comment tu veux qu’elle se pose pas de questions ? Qu’elle se dise pas que t’as pas envie d’elle ? Comment tu veux qu’elle soit pas tentée d’aller voir ailleurs ? Ben si, si ! C’est obligé.
– Tu crois qu’elle le fait ?
– Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ? Mais sûrement que oui. C’est ce qu’en tout cas, feraient neuf nanas sur dix dans la même situation. Parce qu’on a des besoins, nous, figure-toi ! Et si elle le fait pas, elle finira par le faire. Forcément. Et elle se détachera de toi. Une fille, quand elle s’éclate dans les bras d’un autre, ça met pas longtemps à…
– Sape-moi bien le moral !
– C’est pas le but, mais regarde les choses en face pour une fois, merde !
– Non, mais attends ! Attends ! Ça fait des semaines et des semaines que je subis tout ça, les fessées, les humiliations et tout le reste, justement pour qu’elle sache pas, pour qu’elle apprenne pas et toi, tu voudrais que j’aille tout lui déballer ! Mais c’est juste pas possible !
– Tu fais comme tu veux, mais tu sais ce qui t’attend. Je t’aurai prévenu.
– Il y a peut-être une autre solution…
– Laquelle ?
– Je sais pas, moi ! Mais il doit bien y en avoir une. Sûrement !
Elle a haussé les épaules, elle a tourné les talons et elle a claqué la porte.

mercredi 16 octobre 2019

Sévères voisines (28)


Au resto U, Manon était toute seule à une table, près de la fenêtre.
– Tiens, un revenant ! Où t’étais passé ? Tu me fuyais ?
– Hein ? Ah, mais non. Non. Pas du tout.
– Ben, je sais pas. On dirait bien pourtant. Ça fait une éternité que je t’ai pas vu. Depuis l’autre soir en fait…
– C’est parce que…
– Je m’en fiche. Complètement. Ça m’intéresse pas. En attendant, t’as fait fort n’empêche, ce soir-là ! Bon, mais t’as pas oublié, j’espère ?
J’ai froncé les sourcils, joué les innocents.
– Oublié ? Oublié quoi ?
– Tu sais très bien de quoi je veux parler. T’as une fessée en attente. Que Johanna doit te donner. Vu la façon inqualifiable dont tu t’es comporté avec elle.
Johanna… J’ai fermé les yeux. Johanna. Qui faisait Léo cocu. Johanna. Ses gémissements de plaisir. Ses feulements de petit animal en rut.
– Tu m’écoutes ?
– Oui, je t’écoute. Oui.
– On dirait pas. Et donc, puisque je t’ai sous la main, on va régler ça. Une bonne fois pour toutes. Qu’on n’en parle plus.
– Tout de suite ? Là ? Maintenant ?
– Ben oui, tout de suite. Pas dans dix ans. Le temps que tu finisses ton plateau. Et que je prévienne les filles.

Les filles. Johanna. Jasmine. Et puis Clémence. Qui est arrivée la dernière, tout essoufflée.
– Tout le monde est là ? Bon, alors perdons pas de temps.
Et Manon s’est tournée vers Johanna.
– À toi de jouer ! Comme l’autre soir… Et ce coup-ci, il a pas intérêt à bander parce qu’alors là…
À elle de jouer. Elle s’est approchée, s’est emparée de ma ceinture.
Ne pas bander ? Impossible. Complètement impossible. Parce que Jasmine était assise juste en face de moi, que son corsage était plein, qu’elle avait croisé les jambes, que sa jupe remontait haut sur ses cuisses et que je savais que bientôt, au hand… Parce que Johanna a pris tout son temps pour déboucler ma ceinture, pour déboutonner mon pantalon, pour le faire descendre, pour m’extirper de mon boxer. Qui est tombé à mes pieds.
Ça a été un grand « Oh ! » scandalisé.
– Il recommence !
– En pire qu’avant, même !
– Ça lui a pas servi de leçon, faut croire !
Manon a tendu un martinet à Johanna.
– Vas-y ! Et tape, hein ! Tape !
Elle m’a fait pivoter sur moi-même.
– Hein ? Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Fais voir ! Tu t’en es pris une, là ! Et une bonne. Vu les couleurs que ça a pris, à trois ou quatre jours ça doit remonter. À peu près. Qui c’est qui t’a fait ça ?
Johanna a suggéré.
– Ta mère ?
– Non. Elle me l’aurait dit.
– Ta sœur alors ?
– Elle aussi, elle me l’aurait dit.
La preuve que non ! Mais j’ai préféré garder un silence prudent. Si Emma n’en avait pas parlé, elle devait avoir ses raisons. Et je ne tenais pas à ce que, en vendant la mèche, ça me retombe, d’une façon ou d’une autre, sur le coin de la figure.
– Bon, alors ? Qu’est-ce qui s’est passé ? T’accouches ?
Jasmine a haussé les épaules.
– À tous les coups il a encore dû se faire gauler à reluquer quelque part.
– De toute façon, avec lui, on voit pas ce que ça pourrait être d’autre.
Et Johanna m’a lancé un premier coup de martinet. De toutes ses forces.

mercredi 9 octobre 2019

Sévères voisines (27)


Sur le coup de dix heures du soir, Clémence m’a appelé.
– Je suis désolée pour tout à l’heure. Je l’attendais pas, cette fille qui nous est tombée dessus.
– Pas grave ! Ils venaient de finir à côté n’importe comment.
– Oui, mais on n’a pas pu parler, du coup !
– Ça fait rien. On va le faire maintenant.
– Je t’avais pas menti, t’as vu, hein, n’empêche ! T’as entendu ça, comment elle a déferlé ? Et c’est la même chose tous les mardis. Des fois en un peu plus intense. Des fois en un peu moins. T’as aimé ?
– Je serais difficile.
– Oui, hein ! C’était super excitant. Mais t’as pas osé. Tu bandais pourtant. Et pas qu’un peu ! Mais t’as pas osé.
– Ben…
– Moi non plus, si tu vas par là. Je les accompagne d’habitude, mais cette fois-ci… C’était pas l’envie qui m’en manquait pourtant. Oh, mais quand on sera un peu plus habitués à les écouter ensemble, tous les deux, ça nous posera sûrement plus de problème. Non, tu crois pas ?
– Plus aucun. J’espère bien en tout cas.
– Et moi aussi. En attendant, on serait loin de se douter, hein, Johanna, quand on la voit comme ça avec son Léo, qu’elle le trompe à tout-va.
– Ah, ça, c’est sûr.
 – Surtout que j’en sais rien, faudrait se pencher sur la question, mais si ça tombe, il y a pas qu’avec lui qu’elle le fait cocu. Il y en a d’autres. Et en douce que ça te ferait une sacrée monnaie d’échange, toi, si tu voulais. Je pensais à ça tout à l’heure. Tu pourrais les menacer : ou bien elles arrêtent de te mettre des fessées ou bien tu lui vends la mèche à Léo. Qui passerait sûrement pas là-dessus, il y a aucun risque. Tu serais en position de force. L’inconvénient évidemment, après, c’est qu’il serait plus question qu’on puisse l’écouter faire la Callas, Johanna. Ce serait mort. Pas plus qu’on ne pourrait aller reluquer Jasmine à poil sous la douche. Ce serait beaucoup trop dangereux. Parce que je les connais. Elles te fliqueraient, si tu jouais cette carte. Elles te lâcheraient pas. Et elles finiraient par découvrir le pot-aux-roses. Oh, elles broncheraient pas. Elles se mettraient pas en avant. Que tu puisses rien leur reprocher. Non. Elles se contenteraient d’en parler aux autres filles. Qui prendraient, elles, les choses en mains. Plaintes, gendarmes et tout le tintouin. Pas question de prendre ce risque. Alors Jasmine, faudrait faire une croix dessus. Et les autres aussi. Ce qui serait dommage. Vraiment dommage. Parce qu’on passerait de sacrés bons moments. Mais bon, je comprendrais aussi que tu veuilles que ça cesse, les fessées. Parce que ça doit vraiment pas être facile à vivre.
– Ah, ça, c’est le moins qu’on puisse dire.
– À toi de voir. De peser le pour et le contre. Ou bien mettre un terme aux fessées qu’elles te donnent ou bien te faire allègrement plaisir au détriment de Johanna, de Jasmine et de bien d’autres. Parce que, depuis le temps que je m’intéresse à l’anatomie de mes congénères, tu te doutes bien que j’ai tout un tas de terrains d’action. Tu sais pas encore tout. Mais bon… Il y a que toi qui peux décider. Personne peut le faire à ta place. Même si tu te doutes bien vers où, de mon côté, penchent mes préférences. Mais encore une fois : à toi de voir.
– La meilleure décision…
– Oui ?
– C’est peut-être de pas en prendre. Du moins pour le moment.
– Mais oui ! Bien sûr ! Évidemment ! Il y a rien qui presse. T’as tout le temps d’y réfléchir. Surtout que… une fessée, c’est pas drôle, non, ça, c’est sûr, mais c’est pas la mer à boire non plus. Surtout quand tu vois les avantages que tu peux avoir en face. Tu fais quoi demain ?
– Rien. Rien de spécial. Je vais en fac. Pourquoi ?
– Essaie de la voir, Johanna, si tu peux. Tu l’écoutes, tu lui parles et, en même temps, tu te dis que tu l’as entendue piauler et qu’elle le sait pas. C’est génial, tu verras. Ou bien Jasmine. Déjeune avec à midi. Regarde-la et pense que dans deux jours, si tout va bien, tu l’auras vue à poil.
– Deux jours ?
– Deux jours, oui. Il y a entraînement de hand le jeudi. Bon, mais je te laisse. On m’appelle. Dors bien !
J’ai raccroché. Et, presque aussitôt, Camille a fait irruption dans ma chambre.
– À qui tu téléphonais ?
– À Célestine.
– C’était pas elle, non. C’est pas les mots que tu lui dis. C’était qui ?
– Alors comme ça, tu m’espionnes maintenant ?
– Non, mais j’ai un peu entendu. Sans le faire exprès. En passant. C’était qui ?
– Si on te le demande…
– Oh, mais je saurai n’importe comment. Je finirai bien par savoir.