mercredi 28 août 2019

Sévères voisines (21)



Un grand « Aaaaah ! » tonitruant nous a accueillis, Camille et moi. Aux tables voisines les conversations se sont tues. Tous les regards ont convergé vers nous.
Manon m’a fait prendre place entre Johanna et Jasmine. Face à Clémence. Qui m’a longuement dévisagé. Fait baisser les yeux.
– Je le voyais pas du tout comme ça.
– Et comment tu le voyais ?
– Je sais pas, mais pas comme ça. Il fait pas vraiment vicieux.
Elles se sont toutes récriées.
– C’est les pires, ceux-là !
– Oui. Ils cachent bien leur jeu.
Elles avaient toutes une anecdote à raconter. De types à qui elles auraient donné le bon Dieu sans confession, à qui elles faisaient confiance et qui s’étaient révélés, au bout du compte, de redoutables pervers.
– Ah, on tombe de haut des fois !
Manon s’est faite péremptoire.
– C’est pour ça ! Quand on arrive à en choper un, faut pas hésiter. Faut lui en faire passer l’envie à tout jamais.
Ah, ça, là-dessus, elles étaient bien d’accord.
Léo, le copain de Johanna, s’est empressé de préciser.
– On n’est pas tous comme ça, hein, les filles, faut pas non plus mettre tout le monde dans le même panier !
Oui, oh, mais elles savaient bien !

En boîte, après, Manon a absolument tenu à ce que je la fasse danser.
– T’as la trouille, avoue ! Pour ce qui va se passer tout à l’heure. Pour la fessée que je vais te donner devant elles. T’as la trouille…
Prétendre le contraire ? Elle ne m’aurait pas cru.
Je me suis prudemment réfugié dans le silence.
– C’est bon l’attente, hein ? J’adore ça, moi. Pas toi ?
Et elle est partie d’un grand éclat de rire.
Jasmine aussi a voulu que je danse avec elle.
– À mon tour ! Elle va quand même pas t’accaparer toute la soirée, non !
On a virevolté sur la piste.
– Tu gigotes beaucoup quand elle te le claque, Manon, le joufflu ? Et tu brailles ? Oui, sûrement ! Je te vois bien dans le rôle. Surtout que là, elle nous a dit que t’allais morfler. Quelque chose de rare. Je sens qu’on va bien se régaler.
Et puis ça a été au tour de Clémence.
Qui a attaqué d’emblée.
– Je peux te demander un truc, là ? En confidence. Ça restera entre nous. Toi qui l’as vue… Elle se l’épile, la chatte, Manon ?
Je l’ai regardée, stupéfait, les yeux écarquillés.
– Hein ?
– Je te choque ?
– Non, c’est pas ça, mais…
– Eh ben alors, vas-y ! Accouche ! On le saura pas que tu me l’as dit. Personne.
– Non. Elle se le fait pas.
– Et c’est comment ? Touffu ?
– C’est tout fin au contraire. Tout léger.
– C’est bien ce que je pensais. Bon, mais faudra qu’on parle tous les deux. On aura des tas de choses à se raconter, je suis sûre. Mais pas ici.
Pour Camille il était hors de question de danser avec moi.
– Avec mon frère ? Ça va pas, non ! Je viens pas en boîte pour ça.
Restait Johanna.
Qui s’est collée à moi. Qui m’a posé les mains tout en haut des fesses et qui m’a, presque aussitôt, violemment repoussé.
– Il bande ! Il me bande dessus, ce salaud ! Et devant mon mec, en plus !

mercredi 21 août 2019

Sévères voisines (20)


Camille avait quelque chose à me dire. Qu’elle a fait venir de loin. De très très loin.
– Bon, allez, t’accouches ?
– J’ai vu Manon. J’ai passé l’après-midi avec.
– Ah…
– Et tu sais ce qu’elle t’a promis, là…
Évidemment que je savais ! Ça me bouffait assez la tête.
– De t’en coller une devant ses copines de fac…
Qu’elle insiste bien, surtout ! Qu’elle insiste bien !
– Eh bien, c’est pour ce soir… Pour une fois qu’elles sont libres toutes les trois en même temps. Ça risque de pas se reproduire de si tôt.
Bon, ben voilà ! Ça y était. On y était.
J’ai frissonné. Poussé un profond soupir.
– T’appréhendes, hein ? Il y a de quoi. Parce que je peux te dire qu’elles vont pas te ménager. Mais je vais sûrement pas te plaindre : tu l’as pas volé.
Elle s’est levée.
– Allez, va te préparer. Qu’on les fasse pas attendre. T’aggraverais encore ton cas.

Maman nous a interceptés en bas de l’escalier.
– Vous sortez ?
C’est Camille qui a répondu.
– On sort, oui.
– Que tous les deux ?
– Oh, ben non ! Non. Ce serait pas marrant. Non. Avec Manon. Et des copines à elle.
Maman a esquissé une petite grimace.
– Encore cette Manon !
– Oh, mais t’inquiète pas ! Je serai là. Je l’aurai à l’œil. Et il a pas intérêt à s’écarter. Parce que je lui fous une fessée sinon. Cul nu. Devant tout le monde.
Et elle est partie d’un grand éclat de rire.

Elle a pris le volant.
– Ça se pourrait, n’empêche !
– Quoi donc ?
– Que je t’en mette une de fessée un jour.
– T’as qu’à y croire !
– Oh, ben si ! Si ! Évidemment que si ! T’aurais pas le choix. Bien obligé de te laisser faire. Parce que si jamais elles apprenaient, elles apprécieraient pas. Ni Célestine ni maman. Alors…
Je n’ai pas relevé. Inutile de s’attarder sur ce terrain-là avec elle.
– Bon, mais on va où, là, au juste ?
– Ça arrivera n’importe comment, ça, tu peux t’y attendre. Le jour où tu m’en feras une, t’y couperas pas ce qu’il y a de sûr.
J’ai insisté.
– C’est chez elle que tu m’emmènes ?
– Non. Ce qu’est prévu, c’est d’abord un petit repas au resto. Tous ensemble. Histoire de mieux se connaître. C’est sympa, non ?
– Qui il y aura ?
– Oh, ben, Jasmine. Tu la connais déjà. Johanna que t’as vue aussi. Et qui viendra avec son petit copain. Clémence. Elle, je t’en ai parlé. Il y aura peut-être une autre fille aussi, mais c’est pas sûr. Et puis voilà. Je crois que j’ai fait le tour. À moins qu’il y ait des invités de dernière minute. On sait jamais. Après le resto, on ira en boîte. Elle y tient, Manon. Et ensuite début des festivités dont tu seras le héros. Pas mal, non, comme programme ?

mercredi 14 août 2019

Sévères voisines (19)


Madame Beauchêne voulait me voir.
Décidément ! J’allais finir par passer ma vie à côté, moi ! Et par avoir le cul en permanence tuméfié.
Mais bon ! Est-ce que j’avais vraiment le choix ?

– Assieds-toi, mon garçon ! Il faut qu’on cause tous les deux. Qu’on fasse le point.
Elle était souriante, détendue. Presque amicale.
 Dis-moi ! Est-ce que tu continues ?
J’ai froncé les sourcils. Cherché à gagner du temps. Fait mine de ne pas comprendre. Est-ce que je continuais, mais est-ce que je continuais quoi ?
– Tu sais très bien de quoi je veux parler.
– Votre salle de bains ? Oh, non, non !
– Et ailleurs ? D’autres filles ? D’autres femmes ?
J’ai répondu très vite.
– Non plus, non.
– Ce qui veut dire que, dans ton cas, la fessée s’avère tout particulièrement efficace. Ce dont je me félicite. Parce que je sais, de source sûre, qu’avant ce malheureux épisode, tu traînais plus souvent qu’à ton tour dans un certain endroit où tu pouvais espérer surprendre de jeunes femmes, ou de moins jeunes d’ailleurs, dans le plus simple appareil. Et tu sais très bien de quoi je veux parler. Non ?
Je me suis dandiné sur ma chaise.
– Eh bien ? Réponds !
– Si ! Oui.
– Et de quoi ?
J’ai hésité.
– Des… Des douches de la piscine ?
– Ah, parce que là aussi ! Mais non. Non. Ailleurs !
C’était quoi ? Qu’est-ce qu’elle savait ?
– J’attends !
J’ai hasardé.
– Les vestiaires de la salle de sport ?
– Non plus, non. T’es un grand voyageur, toi, dis donc ! Non. Encore ailleurs.
Il ne restait plus que…
– Les cabines d’essayage, au rayon lingerie ?
– Ah, ça te tient, hein ! Tu passes ta vie à ça en fait ! C’est quasiment devenu un métier à temps plein pour toi. Bon, mais en attendant tu m’as menti tout à l’heure. Tu continues. Tu y retournes.
– Non, je vous assure…
– Regarde-moi ! Dans les yeux. Regarde-moi et réponds-moi ! Tu y retournes ?
– Presque pas. Moins souvent. Presque plus.
– Mais tu y retournes ! Il faut absolument qu’on te débarrasse de cette sale manie. Dans l’intérêt, d’abord, de ces pauvres femmes que tu espionnes de façon éhontée et qui ont droit à leur tranquillité. Dans l’intérêt, ensuite, de ta copine Célestine à qui tu ne peux pas imposer de vivre avec quelqu’un qui passera son temps plongé dans la contemplation de la nudité des autres femmes. Et dans ton intérêt à toi, enfin. Que tu puisses te consacrer à d’autres activités beaucoup plus enrichissantes. Oh, mais rassure-toi ! Je vais t’aider. Je ne vais pas te laisser livré à toi-même. Et on va y arriver. Ensemble. On va faire ce qu’il faut pour. Et tu sais quoi. Il y a que ça qui soit vraiment efficace.
Je savais, oui.
– Eh bien, allez, alors !
Je me suis docilement déculotté. Je suis venu, de moi-même, m’allonger en travers de ses genoux. Elle m’y a calé, m’a posé une main sur les fesses.
– Prêt ?
J’étais prêt, oui.
– Serre les dents. Ça va être long. Et douloureux. Je ne vais pas te ménager.

mercredi 7 août 2019

Sévères voisines (18)


Camille me cherchait.
– Ah, t’es là !
Sous la douche.
– Je suis là, oui. Qu’est-ce tu veux encore ?
– Rien. Enfin, si ! C’est maman. Elle se demande. Elle s’inquiète pour toi. Et pour Célestine. « Parce qu’il y est sans arrêt fourré à côté, chez ces filles, là. Tu saurais rien, toi, Camille par hasard ? » Ben non, non. Qu’est-ce qu’elle voulait que je sache ? « Il me fait pas ses confidences. » Bref, tout ça pour dire qu’elle est persuadée qu’il y en a une qu’essaie de te prendre dans ses filets. Que ça la désole pour Célestine. « Elle est adorable, cette fille. Et puis ils vont tellement bien ensemble tous les deux… » Et qu’elle soupçonne que c’est Manon. « Ce serait bien le genre à ça. » Ce qui la fait beaucoup rire, Manon. « Moi ? Avec ton frère ? Oui, ben alors ça, il y a pas de risque. Pour plein de raisons. » Attends ! Attends ! Fais voir !
– Quoi ?
– Tu t’en es pris une sévère, on dirait. Fais voir ! Tourne-toi !
– Oh, c’est bon !
– Mais si, tourne-toi !
– Tu vas me fiche la paix, oui ? Tu vas me fiche la paix ?
– Je me demande ce qu’elle dirait, maman, si elle le savait ça, qu’elles te flanquent des fessées. Et pourquoi. Bon, alors, tu te tournes ?
Si elle l’apprenait maman… Mais c’est qu’elle était capable d’aller lui dire, cette garce !
Et je me suis tourné, la rage au ventre.
 Cette branlée ! T’as dû la sentir passer, celle-là, dis donc ! En tout cas c’est tout récent. C’était quand ? Hier, sûrement. Vu les couleurs et comment ça boursoufle par endroits. Oui, c’était hier. Non ?
– Ben oui, c’était hier, oui.
– Et c’était qui ? Pas Manon. On s’est vues tout à l’heure. Elle me l’aurait dit. Madame Beauchêne non plus. C’est à la main, elle, plutôt, qu’elle le fait. Reste Emma. D’autant qu’Emma, le martinet, c’est son truc, à ce qu’elle m’a dit, Manon. Oui, c’est Emma. C’est forcément Emma. Qu’est-ce t’avais fait ?
– Mais rien du tout, enfin !
– Ben, voyons ! T’as jamais rien fait, toi, si on t’écoute. Tu parles qu’elle t’a flanqué une correction, comme ça, pour rien. Mais bien sûr ! Je vais te croire. Non, t’avais encore dû laisser traîner les yeux où il fallait pas. Si c’est pas les mains. Elle t’a pris sur le fait. Et puis voilà. Pourquoi tu veux pas le dire ?
– Mais parce que c’est pas vrai !
– Et il insiste en plus ! T’as beaucoup crié ?
– Crié ? Mais j’ai pas crié !
– Alors là, je suis bien tranquille. Chaque fois tu cries. Comme un cochon qu’on égorge. Et tu gigotes tant et plus du derrière. Tu vas pas dire le contraire. Parce qu’on en a parlé, hier, avec Manon. Et ses copines.
– Comment ça, vous en avez parlé ? Avec quelles copines ?
– Ben, celles de la fac, tiens, tu sais bien ! Tu les connais. Jasmine. Johanna. Et puis une autre. Clémence qu’elle s’appelle. Elle était pas au courant, elle. Et elle en revenait pas. « Des fessées ? Des vraies fessées ? Cul nu ? » « Eh, oui ! » Et elle lui a raconté, Manon, du coup, avec plein de détails, comment tu fais bien la danse de la croupe. Et le Pavarotti. Ce qu’elle lui a dit aussi, c’est pourquoi elles t’en flanquent toutes les trois. Ce que t’as fait, là, à la fenêtre de la salle de bains. Sans compter sûrement tout le reste qu’on sait pas. Elle a trouvé, elle aussi, Clémence, comme les autres, que c’était largement mérité. Et même, vraiment pas cher payé. Parce que c’est insupportable les mecs dans ton genre, toujours derrière le cul des filles, à les emmerder, d’une façon ou d’une autre. Plus d’une heure on en a parlé de tout ça. Et je peux te dire que t’en as pris plein la tête, mais alors là, vraiment plein la tête. Ce que je peux te dire aussi, c’est que ce qu’elle leur a promis, là, de t’en flanquer une devant elles, elles attendent ça avec une impatience ! Et que c’est pour bientôt.
– Quand ? Tu sais quand ?
– Tu verras bien.