mercredi 13 novembre 2019

Sévères voisines (32)


Pour la vingtième fois au moins, Clémence a regardé son portable.
– Elle avait dit trois heures, ta sœur et…
– Il en est presque quatre. Je sais, oui. Elle nous met la pression. De sa part, il fallait s’y attendre, ça !
Elle nous avait donné rendez-vous devant les bouches d’aération.
– Le théâtre de vos exploits. C’est l’endroit qui va de soi pour qu’elle te flanque une bonne correction, non ?
Clémence a soupiré.
– Quelle garce quand même ! Te fliquer comme ça…
– C’est ma faute aussi. J’aurais dû m’en douter. La connaissant…
– C’est vraiment pas de chance. Dès la première fois, on se fait ramasser ! Quand je pense à comment on aurait pu en profiter de toutes ces filles. Pendant des tas de semaines. Bon, mais au moins t’auras vu Jasmine. Tu sais comment elle est faite maintenant. Alors quand tu voudras…
Elle n’a pas terminé sa phrase.
On est restés quelques instants silencieux et puis elle m’a posé la main sur le bras.
– Je taperai pas trop fort, tu sais !
– C’est gentil, mais il va bien falloir pourtant. Parce que, si tu le fais pas, si elle trouve que c’est trop mou, elle parlera, c’est sûr. Et ça, c’est ce qu’il faut éviter à tout prix. Dans ton intérêt aussi bien que dans le mien…
– Oui, mais…
J’ai haussé les épaules.
– Oh, tu sais, au point où j’en suis maintenant…
Elle s’est agitée.
– Non, mais c’est pas ça ! C’est que je me connais. Et, si je me lâche, je maîtriserai plus rien. J’aurai plus aucune limite. Même si j’essaie de me raisonner. Ce sera plus fort que moi.
– Faut que je m’attende à passer un sacré mauvais quart d’heure alors !
– Je suis désolée.
J’ai soupiré, fataliste.
– Je ferai avec. Faudra bien.

Camille a surgi sur le coup de cinq heures.
– Ah, vous êtes là !
– Ça fait même un sacré moment.
– Bon, ben allez alors ! Perdons pas de temps ! Tu te déshabilles, toi !
Je me suis exécuté. Le pantalon. Le boxer.
– Le haut aussi ! Il va y attraper, ton dos. Là ! Et maintenant tu donnes ta ceinture à Clémence.
Qui s’en est emparée en me jetant un rapide petit regard contrit.
– Et tu te mets à genoux. Bon, ben allez ! Feu !
Clémence m’a lancé deux ou trois coups. Sans véritable conviction. Et Camille a éclaté de rire.
– Si tu t’y prends comme ça, ce soir tout le monde est au courant.
Les coups se sont faits plus secs, plus appuyés.
– C’est mieux ! Mais c’est pas encore ça. C’en est loin.
Plus fort. Beaucoup plus fort. Sur les fesses. Au creux des reins. Sur le dos. Sur les cuisses. Ça a cinglé. Ça a brûlé. Ça a mordu.
– Continue ! Continue !
De plus belle.
J’ai crié. J’ai hurlé. J’ai rampé, sur les genoux, au hasard. Suis venu buter contre un mur. Qui m’a arrêté.
Encore une dizaine de coups. À toute volée. À plein régime.
Camille a mis fin, m’a saisi, par les cheveux forcé à la regarder.
– Tu vas comprendre ce coup-ci ? Tu vas leur foutre la paix aux filles ? Une bonne fois pour toutes ? Ils me sortent par les yeux, les types dans ton genre. Et Dieu sait si ça pullule…
Elle s’est tournée vers Clémence…
– Quant à toi, tu perds rien pour attendre…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire