Camille a déboulé dans la salle de bains tandis que j’étais sous
la douche.
Ce qui devenait une habitude.
– Faut que je te parle… Faut absolument que je te parle.
Parce que…
Elle s’est brusquement interrompue, les yeux écarquillés.
– Encore ! Mais c’est tous les jours que tu t’en
ramasses des fessées en ce moment. Tu le fais exprès, ma parole !
– Mais bien sûr ! J’adore ça. Ça se voit pas ?
– On finirait par se le demander. En attendant, là, on t’a
pas loupé. Au martinet on te l’a fait. Et c’est tout récent. Il
s’est passé quoi ?
– Oh, mais rien ! Ça te regarde pas n’importe
comment !
– Oh, mais si, ça me regarde, si ! Parce que si c’est
les filles, Manon et les autres, là… C’est elles, hein ?
Oui, c’est elles. C’est forcément elles. Ben, c’est
dégueulasse. Elles auraient pu m’attendre. Elles me l’avaient
promis en plus. Oh, mais elles vont pas l’emporter au paradis,
alors là ! Bon, mais je m’occuperai de ça plus tard. En
attendant, elle tombe plutôt mal, cette fessée.
– Parce que ?
– Ben, parce que… Je suis pas censée te le dire, mais elle
vient ce soir, Célestine. Pour ton anniversaire. Elle veut te faire
la surprise.
– Ah !
– Comme tu dis, oui. Et, vu l’état de ton derrière, si
t’arrives à la baiser sans qu’elle se rende compte de quoi que
ce soit, t’es vraiment très très fort.
– Je verrai. J’improviserai.
– Ah, bon ! T’improviseras. Tu vas t’y prendre
comment ? Tu vas lui faire ça dans le noir ? Ou bien alors
sans te déshabiller juste en sortant ta queue ? Et elle, elle
va trouver ça normal. Ben, voyons ! Non, mais tu rêves pas un
peu, là ?
– Je trouverai une solution, j’te dis !
– Oui, oh, je la connais, ta solution. Tu vas inventer une
excuse bidon, que t’as des palpitations ou une connerie dans ce
genre-là, pour pouvoir te défiler. Tu ferais beaucoup mieux de lui
dire la vérité. Une bonne fois pour toutes.
– C’est ça ! Pour qu’elle aille penser de moi que je
suis un gros pervers.
– Qui reluque ses voisines à poil dans leur salle de bains.
Ben, oui ! C’est pas la vérité peut-être ?
– Mais elle va me plaquer ! La connaissant, elle va me
plaquer.
– Il y a encore bien plus de risques qu’elle te plaque si tu
dis rien. Non, parce qu’attends ! Mets-toi à sa place. Voilà
une nana dont t’es soi-disant amoureux. Les circonstances font que
vous vivez à des centaines de kilomètres l’un de l’autre. Que
vous pouvez vous voir que tous les tournants de lune. Et quand c’est
le cas, quand vous y arrivez, tu la tires pas. T’as toujours un bon
prétexte. Comment tu veux qu’elle se pose pas de questions ?
Qu’elle se dise pas que t’as pas envie d’elle ? Comment tu
veux qu’elle soit pas tentée d’aller voir ailleurs ? Ben
si, si ! C’est obligé.
– Tu crois qu’elle le fait ?
– Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ? Mais
sûrement que oui. C’est ce qu’en tout cas, feraient neuf nanas
sur dix dans la même situation. Parce qu’on a des besoins, nous,
figure-toi ! Et si elle le fait pas, elle finira par le faire.
Forcément. Et elle se détachera de toi. Une fille, quand elle
s’éclate dans les bras d’un autre, ça met pas longtemps à…
– Sape-moi bien le moral !
– C’est pas le but, mais regarde les choses en face pour une
fois, merde !
– Non, mais attends ! Attends ! Ça fait des
semaines et des semaines que je subis tout ça, les fessées, les
humiliations et tout le reste, justement pour qu’elle sache pas,
pour qu’elle apprenne pas et toi, tu voudrais que j’aille tout
lui déballer ! Mais c’est juste pas possible !
– Tu fais comme tu veux, mais tu sais ce qui t’attend. Je
t’aurai prévenu.
– Il y a peut-être une autre solution…
– Laquelle ?
– Je sais pas, moi ! Mais il doit bien y en avoir une.
Sûrement !
Elle a haussé les épaules, elle a tourné les talons et elle a
claqué la porte.
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