mercredi 27 novembre 2019

Sévères voisines (34)


Célestine était dans ma chambre. Sur mon lit.
J’ai écarquillé les yeux.
– Toi ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? T’es arrivée quand ?
Elle s’est levée d’un bond.
– Je sais tout !
J’ai commencé par nier. Par réflexe. À tout hasard.
– Tu sais quoi ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
– Fais voir tes fesses ! Allez, fais voir !
Elle s’est saisie de la boucle de ma ceinture.
J’ai protesté. Mollement. Très mollement. Vu la façon dont les choses semblaient vouloir tourner, mieux valait sans doute, dans mon propre intérêt, faire profil bas.
Elle m’a déculotté. Avec détermination. A tout descendu, pantalon et boxer, sur les chevilles.
– Tourne-toi !
Elle m’a saisi par le bras. Fait pivoter sur moi-même.
– Effectivement !
Elle m’a longuement passé la main sur le derrière, a redessiné les contours de la fessée que je venais de recevoir.
– J’attends des explications.
– T’as dit que tu savais.
– Je veux l’entendre de ta bouche. Allez, j’écoute !
– C’est que j’ai…
– Oui ?
– Épié les voisines sous la douche.
– Et qu’elles t’ont surpris. Ensuite ?
– Elles m’ont menacé de tout raconter.
– À qui ?
– À tout le monde.
– Et à moi en particulier.
– À moins que j’accepte d’être puni.
– Ce que tu as fait. Mais, en attendant, du coup, tu m’as menti. Par omission, mais tu m’as menti. Et tu as poussé de fait, en passant cet accord avec elles, les autres à me mentir aussi. J’étais pourtant la première concernée, non ? Et en droit de savoir qui tu es en réalité puisque je sors avec toi, puisque je couche avec toi et puisqu’on envisage de faire notre vie ensemble. Non ?
– Ben oui, mais…
– Mais tu savais pertinemment comment j’allais réagir. Bon, mais il y a pas que ça…
J’ai feint l’étonnement.
– Pas que ça ?
– Il faut vraiment que je te rafraîchisse la mémoire ? Tu ferais beaucoup mieux de la retrouver tout seul, tu sais ! Ça vaudrait beaucoup mieux.
– Ah, oui ! C’est vrai ! Il y a eu le stade. Les vestiaires…
– Les voisines te suffisaient plus, faut croire ! Il te fallait carrément toute une équipe de hand… Tu veux que je prenne ça comment, moi, hein ? Tu crois vraiment que je vais pouvoir passer ma vie avec un type dont je serai amenée à me demander sans arrêt s’il court pas reluquer tout un tas de petites nanas dès que j’ai le dos tourné ?
– Je le ferai plus, je t’assure ! Non, si, c’est vrai, hein !
– Que tu prétends ! Pour rattraper le coup. En te disant, en arrière-fond, qu’une fois que l’orage sera passé, tu pourras à nouveau, à condition d’être discret, te livrer à tes dépravations.
– Je te jure que…
– Mais bien sûr ! Évidemment ! Tu vas pas dire le contraire. Non, je vais être franche avec toi, Raphaël ! Après un truc pareil, je sais plus du tout où on est tous les deux. Je me sens trahie. Alors faut que je réfléchisse. Que je pèse le pour et le contre.

mercredi 20 novembre 2019

Sévères voisines (33)


Et Camille nous a plantés là.
– J’ai à faire. On m’attend.
J’ai entrepris de me rhabiller. Avec mille précautions. Et l’aide compatissante de Clémence. Qui m’a aidé à renfiler, l’un après l’autre, mes vêtements.
– Ça te fait mal, hein ?
– Ben tu sais, le frottement du tissu par-dessus une correction pareille, ça fait pas vraiment du bien.
– Je suis désolée.
J’ai haussé les épaules.
– Il y avait pas d’autre solution.
– Oui, mais quand même ! J’étais pas obligée de taper à ce point-là. Seulement comme je t’ai dit…
– Une fois que t’es lancée, tu peux plus t’arrêter. Ça te déborde de partout. Et ça déferle comme ça veut.
– Voilà, oui.
– T’y prends du plaisir, hein, en fait ? C’est ça ?
Elle n’a pas répondu.
– C’est ça ?
Elle a relevé la tête, plongé ses yeux dans les miens.
– Oui.
– Et un plaisir intense.
Son silence était un aveu.
J’ai suggéré.
– Tu peux te caresser si tu veux.
Elle s’est absorbée dans la contemplation de mon derrière qu’elle a très doucement effleuré. Dans celle de mon dos. Sur lequel elle a promené un doigt.
– Faudrait y passer quelque chose. Ça te ferait du bien. J’ai des trucs adoucissants chez moi. On y va, si tu veux. C’est pas loin.

Chez elle. Où je me suis à nouveau déshabillé. Étendu à plat ventre sur le lit. Elle s’est assise à mes côtés.
– Détends-toi !
Et elle m’a massé. D’abord le dos. Avec quelque chose de frais. qu’elle a étendu, d’un doigt léger, sur toute la surface.
– Comment ça soulage !
– C’est fait pour…
Elle est descendue. Le creux des reins. S’est arrêtée.
– Qu’est-ce qu’elle a voulu dire, tu crois, pour moi, que je perdais rien pour attendre ?
– Oh, alors ça, je n’en ai pas la moindre idée ! Mais avec elle on peut redouter le pire. Et tout imaginer.
– C’est ce que je vais faire. À tous les coups.
– Te prends pas trop la tête non plus. Parce que peut-être qu’elle est en train de te concocter un truc et puis peut-être que non. Qu’elle fera rien du tout. Que c’est juste histoire de te mettre la pression. Ce serait bien son genre.
Elle s’est remise à me masser. Les fesses. À petits coups rapides. Circulaires. L’une après l’autre.
– Tu m’en veux pas trop ?
– Pour être tout à fait franc avec toi, même si ça me brûle, même si je déguste, l’idée que tu as pris du plaisir à me fouetter ne m’est pas si désagréable que ça… Et même…
Elle a eu comme un petit soupir de soulagement.
–Oh, ben ça va alors !
Et son doigt s’est insinué dans la raie entre mes fesses, l’a habitée.
Elle a encore soupiré. Le lit s’est mis à bouger. Doucement d’abord. Puis de plus en plus vite. Elle a haleté. Elle a gémi. Son doigt m’a cherché derrière. Avec impatience. M’a trouvé. Pénétré. Et son plaisir l’a submergée.

mercredi 13 novembre 2019

Sévères voisines (32)


Pour la vingtième fois au moins, Clémence a regardé son portable.
– Elle avait dit trois heures, ta sœur et…
– Il en est presque quatre. Je sais, oui. Elle nous met la pression. De sa part, il fallait s’y attendre, ça !
Elle nous avait donné rendez-vous devant les bouches d’aération.
– Le théâtre de vos exploits. C’est l’endroit qui va de soi pour qu’elle te flanque une bonne correction, non ?
Clémence a soupiré.
– Quelle garce quand même ! Te fliquer comme ça…
– C’est ma faute aussi. J’aurais dû m’en douter. La connaissant…
– C’est vraiment pas de chance. Dès la première fois, on se fait ramasser ! Quand je pense à comment on aurait pu en profiter de toutes ces filles. Pendant des tas de semaines. Bon, mais au moins t’auras vu Jasmine. Tu sais comment elle est faite maintenant. Alors quand tu voudras…
Elle n’a pas terminé sa phrase.
On est restés quelques instants silencieux et puis elle m’a posé la main sur le bras.
– Je taperai pas trop fort, tu sais !
– C’est gentil, mais il va bien falloir pourtant. Parce que, si tu le fais pas, si elle trouve que c’est trop mou, elle parlera, c’est sûr. Et ça, c’est ce qu’il faut éviter à tout prix. Dans ton intérêt aussi bien que dans le mien…
– Oui, mais…
J’ai haussé les épaules.
– Oh, tu sais, au point où j’en suis maintenant…
Elle s’est agitée.
– Non, mais c’est pas ça ! C’est que je me connais. Et, si je me lâche, je maîtriserai plus rien. J’aurai plus aucune limite. Même si j’essaie de me raisonner. Ce sera plus fort que moi.
– Faut que je m’attende à passer un sacré mauvais quart d’heure alors !
– Je suis désolée.
J’ai soupiré, fataliste.
– Je ferai avec. Faudra bien.

Camille a surgi sur le coup de cinq heures.
– Ah, vous êtes là !
– Ça fait même un sacré moment.
– Bon, ben allez alors ! Perdons pas de temps ! Tu te déshabilles, toi !
Je me suis exécuté. Le pantalon. Le boxer.
– Le haut aussi ! Il va y attraper, ton dos. Là ! Et maintenant tu donnes ta ceinture à Clémence.
Qui s’en est emparée en me jetant un rapide petit regard contrit.
– Et tu te mets à genoux. Bon, ben allez ! Feu !
Clémence m’a lancé deux ou trois coups. Sans véritable conviction. Et Camille a éclaté de rire.
– Si tu t’y prends comme ça, ce soir tout le monde est au courant.
Les coups se sont faits plus secs, plus appuyés.
– C’est mieux ! Mais c’est pas encore ça. C’en est loin.
Plus fort. Beaucoup plus fort. Sur les fesses. Au creux des reins. Sur le dos. Sur les cuisses. Ça a cinglé. Ça a brûlé. Ça a mordu.
– Continue ! Continue !
De plus belle.
J’ai crié. J’ai hurlé. J’ai rampé, sur les genoux, au hasard. Suis venu buter contre un mur. Qui m’a arrêté.
Encore une dizaine de coups. À toute volée. À plein régime.
Camille a mis fin, m’a saisi, par les cheveux forcé à la regarder.
– Tu vas comprendre ce coup-ci ? Tu vas leur foutre la paix aux filles ? Une bonne fois pour toutes ? Ils me sortent par les yeux, les types dans ton genre. Et Dieu sait si ça pullule…
Elle s’est tournée vers Clémence…
– Quant à toi, tu perds rien pour attendre…

mercredi 6 novembre 2019

Sévères voisines (31)


Camille m’attendait, tranquillement installée sur mon lit, les mains sous la nuque.
– Non, mais faut pas te gêner. Ça va ? Je te dérange pas ?
– Pas vraiment, non. T’étais où ?
– Si on te le demande…
– Je dirai que je le sais. Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que t’as à me regarder comme ça ?
– Tu…
– Je le sais, oui. T’étais au stade en train de mater les filles du hand à poil sous la douche.
J’ai voulu nier.
– Hein ? Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
– Je vous ai vus. De mes yeux vus. Ce dont vous ne vous êtes absolument pas rendu compte. Vous étiez bien trop occupés à vous rincer l’œil. Et à vous palucher.
J’ai désespérément cherché à retourner la situation à mon avantage.
– Alors comme ça, tu me suis. Tu m’espionnes. Ah, ben bravo ! Bravo !
– Je t’espionne pas. Je te surveille. Pour t’empêcher de faire des conneries. Nuance. Et j’ai bien raison. La preuve !
Elle s’est redressée, assise au bord de mon lit.
– En douce que tu t’es mis dans de sacrés beaux draps. Parce qu’elle va être contente Célestine quand elle va apprendre que tu fricotes avec une autre.
– Je fricote pas avec.
– Ah, non ? Oh, ben tu lui expliqueras alors… Tu lui expliqueras que là, vous étiez juste en train de vous branler gentiment en chœur, mais que le reste du temps, quand vous êtes ensemble, vous enfilez des perles. Elle va te croire, sûrement.
– N’empêche que c’est vrai.
Elle a ignoré l’interruption.
– Et les filles ! Manon. Emma. Johanna. Jasmine. Elles vont être ravies, les filles ! Surtout Jasmine. Que t’as pas dû te gêner pour reluquer tant et plus. Ah, là, tu peux t’attendre à une de ces corrections avec elle… Et c’est pas tout. Parce qu’elle va forcément en parler à ses copines du hand. Qui, elles, ne se contenteront sûrement pas de te tambouriner le derrière, mais qui, à tous les coups, vont vouloir porter plainte. Non, cette fois-ci, tu t’en tireras pas comme ça, mon coco. Ça va prendre de sacrés proportions tout ça, probable.
– Camille…
– Quoi, « Camille » ? Quoi ? Tu veux que je la ferme, c’est ça ? Que je te couvre, une fois de plus? Eh ben non, non ! J’en ai marre, figure-toi ! Mais marre à un point que t’as même pas idée. Alors, ce coup-ci, c’est bon. Ça suffit.
– Tu peux pas faire ça.
– Bien sûr que si que je peux… Et pourtant non, t’as raison, je vais peut-être pas le faire. C’est ça le pire. Parce que t’es mon frère. Parce que si on te colle un procès au cul, ce qui est vraisemblable, ça va te suivre toute ta vie. Parce que ça te portera préjudice, plus tard, dans ton boulot. Et parce que, d’une certaine façon, ça va nous retomber dessus, à maman et à moi. Alors non, je vais peut-être pas le faire. Tout va dépendre de Clémence, en fait.
– De Clémence ?
– De Clémence, oui. C’est elle qui va te corriger. C’est pas une excellente idée, ça ? Une bonne cinglée. À la ceinture. Sur les fesses et sur le dos. Et alors, de deux choses l’une : ou bien elle va prendre son rôle bien à cœur, je serai satisfaite de sa prestation et, pour cette fois, je passerai l’éponge. Au moins momentanément. Ou bien elle va te ménager, retenir ses coups et alors là, je n’aurai pas le moindre état d’âme. On saura tout. Tout le monde.
– Mais…
– Mais quoi ? Qu’est-ce tu vas me dire ? Qu’elle est au moins aussi coupable que toi ? Et alors ? Tu ne l’es pas moins pour autant. Si ? Et, de toute façon, c’est moi qui décide. C’est à prendre ou à laisser. Allez ! Tu l’appelles…