mercredi 11 décembre 2019

Sévères voisines (36)


Célestine s’est assise au bord de mon lit.
‒ Bien. Alors voilà ! J’ai pris ma décision. On reste ensemble. Du moins pour le moment. Parce que si d’aventure j’apprenais que tu as remis ça, que tu as cherché à épier qui que ce soit sous la douche, dans des vestiaires, des cabines d’essayage ou n’importe où ailleurs, tout serait définitivement fini entre nous. C’est bien compris ?
J’ai baissé la tête.
‒ Oui.
‒ Par ailleurs si, dans quelque domaine que ce soit, j’ai à me plaindre de toi de quelque façon que ce soit, je te punirai puisque, apparemment, il n’y a que ça que tu comprends. Au martinet, à la ceinture ou à la main. Ce sera selon. Ça aussi, compris ?
J’ai fait signe que oui.
– Bien. Cela étant, ne va pas t’imaginer, sous prétexte que je suis, du moins pour le moment, à des centaines de kilomètres d’ici, que tu vas pouvoir en prendre à ton aise sans que m’en revienne le moindre écho. J’ai chargé Camille de te placer sous haute surveillance. Tout ce que tu pourras dire ou faire me sera scrupuleusement rapporté. Dans les moindres détails.
Ah, comme elle devait jubiler, ma garce de sœur !
– Autre chose : je serai dorénavant la seule habilitée à te corriger lorsque ce sera nécessaire. Plus question que la première venue te tambourine le derrière. Et pour que ce soit parfaitement clair, pour tout le monde, tu vas te déshabiller. Allez !
– Là ? Tout de suite ? Maintenant ?
– Évidemment ! Pas dans six mois.
Elle m’a regardé faire.
‒ En route !
Elle m’a poussé devant elle dans l’escalier, puis dans la salle de séjour. Où je me suis brusquement trouvé nez à nez avec elles toutes. Madame Dubreuil. Ses filles, Manon et Emma. Ma sœur Camille. Clémence. Johanna. Jasmine.
Sous l’effet de la surprise, j’ai eu un mouvement de recul instinctif qui a déclenché l’hilarité générale. D’une grande bourrade dans le dos, Célestine m’a propulsé jusqu’au milieu de la pièce.
‒ Bon. Inutile de faire les présentations, j’imagine ! Tu connais tout le monde.
Elle s’est tournée vers elles. A détaché sa ceinture.
‒ Désormais, c’est moi qui prends les rênes en mains.
Il y a eu un murmure d’approbation.
‒ Quant à toi, à genoux !
Face à elles. Tous leurs regards rivés à moi.
‒ Prêt ? Eh bien, réponds !
J’étais prêt, oui.
Et elle a cinglé. Un grand coup. Qui m’a mordu à pleines fesses. Qui m’a arraché un gémissement de douleur. Elle a continué sur sa lancée. Méthodiquement. Régulièrement. Fort. Vite. Toujours au même endroit.
Serrer les dents. Pour ne pas crier. Ne pas les regarder. Fixer un point très loin au-dessus d’elles.
J’ai tenu bon. Un peu. Et puis ça a été plus fort que moi. J’ai pas pu m’empêcher. Je me suis empêtré dans les yeux d’Emma qui arborait un petit sourire d’intense satisfaction. Dans ceux de Jasmine qui me fixait en bas sans la moindre vergogne. Et j’ai crié. Comment j’ai crié !
Elle s’est enfin arrêtée.
‒ Là ! Pour solde de tout compte.
Elle m’a prise par le bras, fait tourner sur moi-même, entraîné vers la porte.
Quelqu’un, derrière, a dit quelque chose que je n’ai pas compris. Et elles ont toutes ri. De bon cœur.
Un rire qui m’a poursuivi dans l’escalier.

En haut, elle m’a attiré contre elle.
‒ Là ! Voilà les pendules remises à l’heure. Maintenant on peut repartir sur de nouvelles bases tous les deux.
Et elle m’a poussé vers le lit.

FIN

1 commentaire:

  1. FIN. Ce n'est jamais un mot facile à écrire. Sans doute, maintenant que nos deux "héros" entament ensemble une nouvelle vie, on pourrait les suivre dans leur nouvelle existence, dans de nouvelles aventures. Cela se fera peut-être. sans doute. Plus tard. Il faut les laisser un peu reposer? En attendant, dès la semaine prochaine, ce sont deux nouveaux personnages qui vont faire leur apparition; un jeune étudiant et sa voisine d'âge mûr qui a beaucoup de choses, mais vraiment beaucoup de choses à lui apprendre.

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