vendredi 23 octobre 2015

Studieuse rentrée: récit de Lisa (2)

Et, évidemment, maintenant, plus moyen d’émettre quelque critique que ce soit à l’encontre de Damien… Émilie monte tout de suite sur ses grands chevaux…
– Oh, tu vas pas remettre ça, écoute ! T’as bien vu l’autre soir… T’en disais pis que pendre… Eh bien, quand on est rentrées, il était là, assis bien sagement devant la télé… Non… j’en fais ce que je veux, je t’assure… Et dans tous les domaines… Un mec, tu vois, le signe que t’as complètement barre sur lui, c’est quand, pour le cul, c’est toi qui décides… Qu’il faut qu’il attende que t’en sois… Et je peux te dire que, de ce côté-là, Damien ça lui viendrait même pas à l’idée de venir me quémander que ce soit… Il sait que c’est pas la peine… Que je l’enverrais sur les roses… Et que la seule chose qu’il y gagnerait, c’est de m’indisposer à son égard… Et de devoir attendre un peu plus longtemps encore… Non… C’est quand MOI je veux… Et comme je veux… Et comme je veux, ça veut dire que c’est moi qui suis dessus… À chaque fois… Ça a l’air de rien, ça… Mais c’est hyper important… Ça met les choses bien en place… Et ça donne son sens à tout le reste…

Elle m’amuse… Non, mais elle m’amuse vraiment, là… Qu’est-ce qu’elle croit ? Que son Damien il attend bien sagement qu’elle ait envie de le chevaucher… T’as qu’à y croire… Un mec, c’est un mec… Dans un cas comme celui-là, il a forcément recours à des solutions de substitution… Et il y en a pas trente-six… Bon, mais je sais ce qui me reste à faire… Et je sens qu’on va pas s’ennuyer…

L’occasion s’est présentée dès le lendemain…
– Tiens, t’es encore là, toi ? T’as pas cours ce matin ?
– Elle est malade la prof… Je commence qu’à dix heures…
– Oui, ben moi je file… Si je veux pas être à la bourre…

Un tour de pâté de maisons… Un deuxième… Et je suis remontée… Je lui suis tombée dessus… Sans crier gare… Affalé sur le canapé du salon, il s’offrait, comme prévu, une petite compensation…
– Ah, ben tout va bien, à ce que je vois…
Il s’est reculotté… Tant bien que mal… A maladroitement cherché à me dissimuler une photo…
– Qu’est-ce que c’est ? Fais voir ! Mais si, fais voir, quoi !
J’ai voulu m’en emparer… Il s’est défendu comme un beau diable… Elle s’est déchirée… Et il m’en est resté entre les mains un morceau suffisamment grand pour que je puisse la reconnaître… C’était moi… Une photo de moi en maillot de bains, sur la plage de Collioure, qu’il avait probablement subtilisée dans l’album d’Émilie…
– Ah, ben d’accord !
Comme quoi j’étais pas si loin de la vérité en le menaçant de raconter à Émilie qu’il s’intéressait de très près à moi…
– Non, mais attends ! Je vais t’expliquer…
– Expliquer quoi ? C’est suffisamment clair, non ? Et j’en connais une qui va être ravie quand elle va apprendre ça…
– Tu vas pas lui dire ?
– Émilie est mon amie… Depuis des années… On n’a jamais eu aucun secret l’une pour l’autre…
– S’il te plaît, Lisa, s’il te plaît, je t’en supplie… Je recommencerai plus…
– Mais bien sûr ! Je vais te croire…
– Tu te rends pas compte…
– Oh, si, je me rends compte… Je me rends parfaitement compte… Bon, mais faut que j’y aille… Cette fois faut vraiment que j’y aille…

Le soir, il a remis ça… Juste avant qu’elle rentre…
– Tu vas vraiment lui dire ?
– Non… Enfin si ! Ça dépend… Il y a deux solutions… Ou bien tu files, dès à présent, retrouver tes fameux copains de café… Passer un bon moment avec eux…
– Oui, mais…
– Ça va te valoir une bonne fessée, oui, ça, c’est sûr… C’est le but… Ou bien alors je la mets au courant, dès qu’elle sera rentrée, de ce que tu faisais ce matin sur le canapé du salon… Ce qui te vaudra, là aussi, une bonne fessée… À toi de voir ce que tu préfères…
Il a haussé furieusement les épaules… M’a lancé un regard noir…
– Ce que je préfère ? Je vais me casser… Voilà ce qui va se passer…
– Allons ! Allons ! Tu sais bien que ça, c’est pas possible… Émilie t’a prévenu : le soir même tout le monde serait au courant du traitement auquel elle soumet ton petit derrière… Je confirmerais, bien sûr… Et Mademoiselle Lancel aussi… Te fais pas d’illusions là-dessus…
Il s’est levé d’un bond… A violemment claqué la porte derrière lui…

– Mais qu’est-ce qu’il fabrique ? Neuf heures il va être… Et il t’a rien dit ?
– Non… Il est rentré… Il a posé ses affaires et il est reparti comme il était venu…
– Il va y avoir droit… Où qu’il soit allé… Il doit être là quand je rentre… Il le sait…
– Oui, oh, à mon avis ça l’a repris… Il est au bistro… Avec ses copains…
– Ça, ça m’étonnerait après tout ce que…
– Oui, ben pas moi…
– Je vais voir… Mais si c’est ça… Alors là si c’est ça, il a pas fait le plus dur…

mercredi 7 octobre 2015

Studieuse rentrée: récit de Damien (2)

C’était cousu de fil blanc. Et manigancé par Lisa. À tous les coups. Lisa qui devait remettre ça sans arrêt sur le tapis quand elles étaient toutes les deux toutes seules…
– Tu parles ! Il attend que ça, oui ! À peine t’auras tourné le dos qu’il va s’y précipiter au café… – Oh, non ! Non ! Plus maintenant… Ça lui est passé ce truc-là…
– T’as qu’à y croire… Alors là, j’te parie ce que tu veux…

Et elles m’ont tendu un piège… Un véritable traquenard…
– On te laisse… On va passer la nuit chez une copine toutes les deux… Entre filles… À demain…
J’étais pas complètement idiot… Si elles croyaient que j’allais donner dans le panneau ! Et je me suis confortablement installé devant la télé… Où je me suis – très vite – copieusement ennuyé…

Et si ? Parce qu’elles allaient rentrer et me tomber dessus… Oui… Ça faisait pas l’ombre d’un doute… Mais en faisant vite ? Très très vite… Juste le temps d’avaler une bière et d’échanger trois mots avec les copains… Sauf que… je me connaissais… Et je les connaissais… “T’as bien cinq minutes…” “C’est quand même pas elles qui vont imposer leur loi…” “Allez ! Juste une… C’est ma tournée…” Et une heure après j’y serais encore… Voire deux… Et au retour…

J’avais eu le nez fin… Parce qu’il s’était pas écoulé une demi-heure que… la porte d’entrée…
– Ah, tu vois… Qu’est-ce que je te disais ! Il est là…
Discrètement… À mi-voix… Et puis… Tout fort… En jetant son sac sur le canapé…
– Bon, ben c’est annulé finalement… Elle s’est trouvé un mec dans l’intervalle… Mais quand même elle aurait pu prévenir… C’est la moindre des choses, non ?

Le lendemain, Lisa n’est pas allée bosser…
– Non… J’ai pas envie… Une petite semaine je vais me prendre… Ça me fera pas de mal…
Et on a déjeuné ensemble… Tous les deux… Elle et moi…
– N’empêche que t’es un petit malin, toi…
– Comment ça ?
– T’as flairé le coup hier soir, hein ?
– Quel coup ?
– Te fais pas plus bête que tu n’es… Je t’ai parfaitement percé à jour… On me la fait pas à moi…
– Je comprends pas…
– Mais bien sûr ! En attendant, je suis restée sur ma faim, moi ! Parce que je m’en faisais par avance une véritable fête de la fessée que t’allais te ramasser… J’adore ça voir ton peti cul prendre de belles couleurs et gigoter sous les claques… Oh, mais ce n’est que partie remise… Il y aura d’autres occasions… Je te fais confiance…

Elle a remis ça le mardi… Le soir… Juste avant qu’Émilie rentre du boulot…
– Ben alors ! C’est comme ça que tu tiens tes promesses ?
– Hein ? Mais j’ai rien promis…
– C’est tout comme… Non… Tu fais preuve de mauvaise volonté, là… Va falloir que je prenne sérieusement les choses en mains si ça continue…

Et le surlendemain… Le jeudi…
– C’est en train de devenir une tradition nos petits déjeuners en tête à tête, hein…
– On dirait, oui…
– Et pour toi une habitude d’en profiter pour plonger goulûment ton regard dans l’échancrure de ma chemise de nuit…
– Mais jamais de la vie !
– Ah, elle va être contente d’apprendre ça Émilie…
– Mais c’est pas vrai !
– On s’en fiche, ça… L’essentiel, c’est qu’elle le croie… Et qu’elle te punisse pour ça…
– Hein ? Mais c’est dégueulasse…
– Sinon… Ce que je peux aussi, c’est lui raconter que tu me fais des avances… Que tu m’as carrément proposé de coucher… Ou même que t’as essayé de me coincer dans la salle de bains… Je sais pas… Je me tâte… Qu’est-ce t’en penses, toi ?
– Tu vas pas faire ça ?
– Ben, pourquoi ?
– Mais parce que…
– Parce qu’elle va t’en flanquer une ? Ah, ben ça, c’est sûr… Et carabinée… D’autant que je peux t’assurer que je pousserai à la roue… Alors moi, j’ai pas de conseils à te donner, mais, à ta place, je m’arrangerais pour la mériter tout seul cette fessée… Pour autre chose… Comme un grand… Hein ? Qu’est-ce t’en penses ? Oh, mais je suis sûre que tu vas te montrer raisonnable… Que tu vas pas m’obliger à inventer tout ça… Et rapidement… Sous deux jours… Parce que sinon…