mercredi 27 février 2019

Julie, artiste peintre fesseuse (29)


Le lendemain soir, il était encore là, au bas de l’escalier.
– Alors ?
– C’est non.
– Non ?
D’un air désolé.
– Par contre, ce qu’elle propose, c’est que ce soit moi qui m’occupe de vous.
– Comment ça, vous ?
– Moi, oui. Sachant que vous pourrez toujours prétendre que c’est elle qui vous a pris en mains. Et que si, d’aventure, votre femme vient aux renseignements, elle ne vous démentira pas.

Julie a hoché la tête.
– Et il a accepté ?
– De mauvaise grâce. De très mauvaise grâce. En fait, l’impression qu’il m’a donnée, c’est de n’y consentir que dans l’espoir d’arriver, d’une façon ou d’une autre, à ses fins. À savoir être fouetté par toi.
– Oui, ben ça, c’est pas demain la veille.
– Cela étant, je crois que t’as raison. Il a tout inventé. Il est même pas marié, si ça se trouve.
– Je te le disais. Il est pas franc du collier, ce type. Non, tu sais quoi ? C’est quelqu’un qu’a entendu parler de moi, je sais pas trop comment, et de ce qui se passe ici. Et qui crève d’envie que je le dérouille. Sauf que moi, cingler les fesses d’un mec juste parce qu’il aime ça et que ça l’excite, c’est vraiment pas mon truc. Tu me connais suffisamment pour savoir que j’aspire à autre chose. Et, de toute façon, j’ai horreur qu’on essaie de me forcer la main. Cela étant, que ça ne t’empêche pas de le faire venir. On trouvera bien le moyen, à un moment ou à un autre, de lui donner une petite leçon.

Domitien est arrivé sur le coup de midi.
– Ben alors ! On s’offre des grasses matinées somptueuses ?
– Non… Non… Mais c’est-à-dire que…
– Que t’étais pas tranquille. Et si, malgré tout, elles étaient allées les montrer, ces photos ? Parce qu’on savait jamais. Elles étaient capables de tout. Et t’as voulu aller faire un petit tour au café où t’as tes habitudes. Et la plupart de tes copains. Ce qui t’a rassuré. Ils n’étaient, à l’évidence, au courant de rien. Mais t’as quand même poussé, dans la foulée, à tout hasard, jusqu’à la boîte de nuit où tu t’es conduit de façon aussi odieuse avec Carla. Tu as discuté. Sondé. Aussi discrètement que possible. Et non. Décidément, non. Personne n’avait entendu parler de quoi que ce soit. Vu quoi que ce soit. Tu n’avais aucune espèce de raison de t’inquiéter. Et tu es rentré te coucher. Il était tard. Très tard. En attendant la confiance règne, on peut pas dire. Quand elles vont savoir ça…
Il a baissé la tête, voulu dire quelque chose, s’est ravisé.
– Et elles le sauront.
Il n’a pas relevé. Il s’est déshabillé. Complètement. S’est dirigé vers son chevalet.
– Attends ! Attends ! Fais voir !
Elle l’a fait pivoter sur lui-même. Lui a examiné les fesses.
– C’est en bonne voie. Demain, après-demain au plus tard, tout aura disparu. À leur tour de jouer. Et, à mon avis, elles vont s’en donner à cœur-joie.
Il est allé s’asseoir. S’est emparé d’un pinceau. S’est mis au travail.
– Est-ce que ?
– Est-ce que quoi, Domitien ?
– Non. Rien.
Ils ont peint, tous les deux, elle et lui, côte à côte, un long moment, en silence.
– Qu’est-ce que tu voulais savoir ? Si Estelle et Carla vont passer aujourd’hui ? La réponse est oui. Jeter un coup d’œil sur l’état des lieux. Et puis elles t’ont concocté une petite surprise.
– Une surprise ?
– Et une belle, tu verras !

mercredi 20 février 2019

Julie, artiste peintre fesseuse (28)


Quand je suis redescendu de chez Julie, ce soir-là, il y avait quelqu’un dissimulé dans l’ombre au bas de l’escalier. Quelqu’un, un homme, qui s’est brusquement avancé vers moi.
– Je peux vous parler ?
J’ai sursauté.
– Vous m’avez fait peur.
– Hein ? Je peux vous parler ? C’est important.
S’il voulait, oui.
Et on s’est engouffrés dans le premier café venu. Attablés devant une bière.
– Je veux pas la perdre. Ma femme. Je veux pas la perdre.
C’était tout à son honneur, mais je voyais pas trop ce que je pouvais y faire.
– Que je vous explique… Je joue. C’est plus fort que moi. Des sommes importantes. Colossales. Je joue tant et plus. Au casino. En ligne. Je peux pas m’en empêcher.
– Et toute votre paye y passe. Le cinq du mois, vous n’avez plus rien.
– Pire que ça. J’ai emprunté. Et falsifié les papiers. Tant et si bien qu’elle s’est retrouvée caution solidaire sans le savoir.
– Aïe !
– Elle l’a découvert. Et très mal pris.
– Ce qu’on peut comprendre.
– Et elle veut divorcer. À moins que je n’aille faire un stage chez cette femme, là-haut. De chez qui vous sortez. Dont elle a entendu dire le plus grand bien.
– À juste titre.
– Elle est persuadée qu’elle parviendrait à me guérir de cette passion invétérée du jeu.
– C’est fort probable en effet. Contactez-la !
– Je l’ai fait. Elle n’a rien voulu savoir. Soi-disant que je manque de motivation.
– C’est peut-être vrai ?
– Oh, non, non ! Je vous assure !
– Bon, mais vous attendez quoi de moi, alors, au juste ?
– Apparemment vous êtes très proche d’elle. Tous les jours vous êtes là-haut, à ce qu’elle me dit ma femme. Alors si vous pouviez…
– Intercéder en votre faveur ?
– Voilà, oui. Je veux pas divorcer. Je veux pas.
– Votre femme ne mettra peut-être pas ses menaces à exécution ?
– Alors là, on voit que vous la connaissez pas.
– Faites-vous donner des fessées par quelqu’un d’autre.
– J’y ai bien pensé. Mais elle est pas née de la dernière pluie. Elle l’appellera. Elle vérifiera.
– Bon, écoutez, on va pas y passer la soirée. Je vais voir ce que je peux faire.
– Oh, merci ! Merci ! Je vous revaudrai ça. Au centuple.


Julie a fait la moue.
– Je vois très bien qui c’est, oui. Martin, il s’appelle.
– Et t’as pas voulu le prendre ?
– Non. Je le sens pas, ce type. Aucun feeling avec. D’autant que son histoire de divorce et d’addiction au jeu, j’y crois qu’à moitié. Alors comme ce sont pas les candidats qui me manquent…
– Bon, mais je lui dis quoi, moi, alors ?
– Que c’est non. J’ai horreur qu’on cherche à me forcer la main. Mais rien ne t’empêche de te substituer à moi, si tu veux.
– Hein ? Mais…
– Ça te tente pas ?
– Je sais pas.
– Tu te découvrirais peut-être sous un autre angle. Sûrement même…
– Et si elle t’appelle, sa femme ?
– Je vous couvrirai. C’est pas un problème.

mercredi 13 février 2019

Julie, artiste peintre fesseuse (27)


Le lendemain matin, à peine Domitien venait-il de s’installer, de s’emparer de ses pinceaux et de se mettre au travail qu’on a sonné.
– C’est elles ?
Julie a haussé les épaules.
– Évidemment que c’est elles. Qui veux-tu que ce soit ?
Il s’est ratatiné sur son tabouret.
– Eh bien va leur ouvrir, qu’est-ce t’attends ?
Il a esquissé un geste vers ses vêtements.
– Qu’est-ce tu fais ? Mais laisse ça ! Dépêche-toi ! Elles attendent.
Il a dodeliné des fesses jusqu’à la porte.

Le temps de boire un café.
Que Julie a demandé à Domitien de leur servir.
Et elles ont voulu savoir.
– Alors ? Tu t’es décidé ?
– Oui.
– Et tu as opté pour quoi ?
– Le martinet.
– On l’aurait parié. Sauf que le martinet, nous, on n’est pas trop chaudes.
– Oui, parce que c’est d’un commun, le martinet !
– Ça te ressemble en fait.
Estelle a vidé sa tasse d’un trait.
– Non. Voilà ce qu’on va faire plutôt… On va d’abord laisser passer un peu de temps. Le temps qu’elles disparaissent complètement les marques dont Julie a décoré ton derrière. Le temps que tu sois redevenu tout neuf. Et puis je m’occuperai de toi. Une bonne fessée, je te donnerai. À la main. C’est ce qui sera le plus vexant. Et je peux te dire que tu vas déguster. Qu’il va te cuire le popotin. Parce que je me suis procuré un de ces amours de petit gant en cuir redoutablement efficace. Et comme j’ai bien l’intention de faire durer… Ah, pour brailler, tu vas brailler. Et te tortiller tant et plus. Rien que d’y penser… Mais c’est mérité, avoue ! Hein que c’est mérité ?
Il a baissé la tête.
– Oui.
– Ah, tu vois ! Cramoisi, je vais te le mettre, le cul. Que ça nous fasse de magnifiques photos-souvenirs. Tout un album on en fera. Oh, mais n’aie pas peur ! Il y en aura un aussi pour toi. Que tu puisses te rappeler tout à loisir ces délicieux moments. Et te dire que si jamais tu me mécontentes, d’une façon ou d’une autre, je pourrai en faire bon usage. Un excellent usage. Alors à bon entendeur, salut ! Bon, mais je parle, je parle… Carla aussi elle a des choses à dire.
Ah, oui, alors ! Un peu qu’elle avait des choses à dire… Et à faire…
– Non, parce qu’après, dès que ton joufflu aura retrouvé figure humaine, ce sera à moi de prendre le relais. Aux orties. C’est très différent, tu verras. La brûlure n’est pas du tout la même. Moins profonde, mais tout aussi efficace. Sinon plus. Surtout quand, comme ce sera le cas, on prend tout son temps, et qu’on dispose de tout un stock d’orties fraîches. Ça donne de très jolies boursouflures et quantité de petites cloques du plus bel effet sur les photos. J’adore… Bon, mais tu dis rien… T’es toujours d’accord pour nous laisser œuvrer tout à loisir sur ton postérieur au moins ? Non, parce que sinon, c’est pas un problème, hein ! On va trouver tes copains avec les photos qu’on a déjà en notre possession et, cette fois, on les leur montre pour de bon.
Il a hurlé.
– Non ! Non ! Je ferai ce que vous voudrez.
– Tout ce qu’on voudra ?
– Tout.
– On aime à te l’entendre dire. D’autant qu’on a encore plein d’idées.
– Tout plein.
– Qu’on mettra petit à petit à exécution.
– Oui, on a tout notre temps.
– Je sens qu’on va bien s’amuser, toutes les deux. Pas vrai, Carla ?
– Et comment !

mercredi 6 février 2019

Julie, artiste peintre fesseuse (26)


Quand il est revenu, le lendemain matin, il avait la mine défaite, le teint blafard.
– Oh, toi, t’as pas beaucoup dormi…
Julie a rectifié.
– Tu veux dire qu’il a pas fermé l’œil de la nuit, oui !
Il nous a regardés, l’un après l’autre, d’un air suppliant.
– Elles en ont fait quoi de la photo, vous croyez ?
Julie a soupiré.
– Encore ! Mais c’est une obsession. Qu’est-ce tu veux qu’on en sache ? Remets-toi au boulot, tiens, plutôt ! Tu verras bien…
Il s’est installé.
– Elles ont dit qu’elles allaient revenir.
– Oui. Et alors ?
– Ce sera quand ?
– Quand elles en auront envie. Bon, mais maintenant tu la fermes. Parce que si c’est pour ressasser sans arrêt. Alors tu bosses et tu la boucles.

Ça a été sur le coup de neuf heures du soir. Il y a d’abord eu leurs pas dans l’escalier.
– Les v’là !
Et elles ont fait irruption en grands fous rires.
– Qu’est-ce qu’on s’est amusées !
– Oh, oui, alors !
– Tu sais le café où tu m’as larguée devant tout le monde ? Eh bien c’est là qu’on est allées. En direct. Ils y étaient presque tous. Sauf Valentin. Et Hugo. Ils voulaient pas y croire au début quand on a sorti la photo. « Mais si, c’est lui ! Oh, putain, c’est Domitien, les mecs ! » Je peux te dire que ça y est allé les commentaires. Et qu’est-ce qu’ils se sont fichus de toi ! Ah, tu vas en entendre quand tu vas y retourner ! Moi, j’ai pas de conseils à te donner, mais, à ta place, j’éviterais de me pointer là-bas. Au moins dans un premier temps.
Carla a surenchéri.
– T’en prendrais plein la gueule. Pour pas un rond.
– D’autant qu’on va y retourner.
– Oui. Et puis après, vendredi soir, direction la boîte de nuit où tu m’as flanqué la méga honte. Ah, elle va circuler, la photo. On va même la dupliquer. Que tout le monde puisse en profiter.
– Vous allez pas faire ça !
– On va se gêner ! Et même… Sur Internet, on va la mettre.
Il n’a pas répondu. Il est devenu tout pâle. Les larmes lui sont montées aux yeux.
Elles ont eu pitié.
– Mais non, oh, on n’est pas comme ça… C’est pas parce que toi, t’es pourri jusqu’à la moëlle que nous, on doit forcément l’être aussi…
Une lueur d’espoir s’est allumée dans son regard.
– Vous l’avez pas montrée alors !
– On l’a pas montrée, non ! Mais on peut encore. Si tu y tiens absolument…
– Oh, non, non ! Non, non, non…
D’un air si convaincu qu’elles ont éclaté de rire.
– Par contre, tu vas nous devoir une compensation.
– Oui, tu vas gentiment nous offrir ton petit derrière à fesser. C’est la moindre des choses, non, tu crois pas ?
Il a baissé la tête.
– Si !
– Ah, tu vois… Qu’est-ce tu préfères ? Fouet ? Martinet ? Ceinture ? Cravache ? Paddle ? Autre chose ?
– Je sais pas. Je…
– Eh bien tu réfléchiras. Tu nous diras. Sinon… C’est nous qu’on décidera. Et, dans ton intérêt, vaudrait mieux pas. Bon, ben allez, bonsoir tout le monde. À bientôt.