J’ai passé une journée épouvantable. D’abord parce que mon
derrière était un véritable brasier. Il me lançait en permanence.
Et il était sensible d’une force ! Le moindre frottement de
vêtements constituait une véritable torture. Et m’asseoir était
un calvaire.
Mais
il y avait pire. Il y avait ce sentiment de honte profond, ravageur,
qui ne me lâchait pas. Qui m’habitait, lancinant. Qui m’a
accompagné toute la matinée. Et toute l’après-midi. J’avais
été fessé, cul nu, par cette madame Beauchêne. Je revoyais la
scène. Je la revivais. En boucle. J’avais été puni comme un
gamin infernal. Et j’avais gémi. Et j’avais crié. Et j’avais
pleuré. Quelle humiliation ! Je lui en voulais de me l’avoir
imposée. Je m’en voulais de l’avoir méritée. J’en voulais à
ses filles de m’avoir donné la folle envie de les voir nues. Et
d’en avoir subi les conséquences. J’en voulais à la terre
entière.
Elle
m’avait fixé rendez-vous. Pour le soir même. « Et tâche de
pas oublier parce que sinon… » Sinon quoi ? Plus les
heures passaient et plus mon inquiétude grandissait. Qu’est-ce
qu’elle pouvait bien me vouloir ? Qu’est-ce qu’elle me
voulait ? Elle n’allait tout de même pas me remettre une
autre fessée par-dessus la première ? Ah non, non ! Il
n’en était pas question. Je ne le supporterais pas. Et je
m’offrais à moi-même le spectacle de ma rébellion. Je lui tenais
tête à cette madame Beauchêne. Je lui disais ma façon de penser.
Je la mettais plus bas que terre. Je triomphais d’elle. Avant de
hausser intérieurement les épaules. Quel idiot tu es ! Tu
feras ce qu’elle voudra. Tout ce qu’elle voudra. Et tu le sais
très bien. Tu n’as pas d’autre solution. Tu es pieds et poings
liés entre ses mains.
* *
*
– Entre !
C’est ouvert.
Elle
a posé son livre sur ses genoux.
– Alors ?
Pas trop mal ?
J’ai
esquissé une grimace.
– Oui,
hein ! Mais c’était le but. Histoire que ça te serve de
leçon. Une bonne fois pour toutes.
Elle
s’est levée.
– Fais
voir !
Je
n’ai pas discuté. Je n’ai pas résisté. À quoi bon ? Elle
aurait de toute façon fini par m’y contraindre. Elle disposait des
arguments qu’il fallait.
Et
j’ai baissé mon pantalon. Puis mon boxer.
– Hou
là, oui ! Comment tu dois déguster !
Elle
a passé un doigt. Sur tout le pourtour. Au milieu. Encore le
pourtour. Encore le milieu. Elle l’y a enfoncé.
J’ai
étouffé un gémissement.
– Viens !
Viens prendre une douche. Ça te soulagera.
Et
on s’est retrouvés tous les deux dans la salle de bains.
Je
me suis déshabillé. J’ai enjambé le rebord de la baignoire. En
lui tournant le dos. Et je me suis aspergé. Là où ça me brûlait.
Toujours en lui tournant le dos. C’est vrai que ça faisait du
bien. Un bien fou.
Quelque
chose a tapé sur le carreau. Ça a recommencé. Une deuxième fois.
Plus fort.
– Qu’est-ce
que c’est que ça ?
– Quoi
donc ?
Un
troisième fois.
– Ah,
ça ? C’est mes filles. Manon. Et Emma. Chacun son tour de se
rincer l’œil. C’est normal, non, tu crois pas ?
Je
me suis précipitamment retourné.
Elle
a éclaté de rire.
– Oui, oh, c’est pas la première fois qu’elles voient une queue, tu sais. Et la tienne, il y a vraiment pas de quoi crier au miracle. Mais t’as raison. Montre-leur ton joufflu. Qu’elles voient comment je te l’ai joliment arrangé.
– Oui, oh, c’est pas la première fois qu’elles voient une queue, tu sais. Et la tienne, il y a vraiment pas de quoi crier au miracle. Mais t’as raison. Montre-leur ton joufflu. Qu’elles voient comment je te l’ai joliment arrangé.
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