mercredi 1 mai 2019

Sévères voisines (4)


J’ai passé une journée épouvantable. D’abord parce que mon derrière était un véritable brasier. Il me lançait en permanence. Et il était sensible d’une force ! Le moindre frottement de vêtements constituait une véritable torture. Et m’asseoir était un calvaire.
Mais il y avait pire. Il y avait ce sentiment de honte profond, ravageur, qui ne me lâchait pas. Qui m’habitait, lancinant. Qui m’a accompagné toute la matinée. Et toute l’après-midi. J’avais été fessé, cul nu, par cette madame Beauchêne. Je revoyais la scène. Je la revivais. En boucle. J’avais été puni comme un gamin infernal. Et j’avais gémi. Et j’avais crié. Et j’avais pleuré. Quelle humiliation ! Je lui en voulais de me l’avoir imposée. Je m’en voulais de l’avoir méritée. J’en voulais à ses filles de m’avoir donné la folle envie de les voir nues. Et d’en avoir subi les conséquences. J’en voulais à la terre entière.

Elle m’avait fixé rendez-vous. Pour le soir même. « Et tâche de pas oublier parce que sinon… » Sinon quoi ? Plus les heures passaient et plus mon inquiétude grandissait. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien me vouloir ? Qu’est-ce qu’elle me voulait ? Elle n’allait tout de même pas me remettre une autre fessée par-dessus la première ? Ah non, non ! Il n’en était pas question. Je ne le supporterais pas. Et je m’offrais à moi-même le spectacle de ma rébellion. Je lui tenais tête à cette madame Beauchêne. Je lui disais ma façon de penser. Je la mettais plus bas que terre. Je triomphais d’elle. Avant de hausser intérieurement les épaules. Quel idiot tu es ! Tu feras ce qu’elle voudra. Tout ce qu’elle voudra. Et tu le sais très bien. Tu n’as pas d’autre solution. Tu es pieds et poings liés entre ses mains.

* *
*

– Entre ! C’est ouvert.
Elle a posé son livre sur ses genoux.
– Alors ? Pas trop mal ?
J’ai esquissé une grimace.
– Oui, hein ! Mais c’était le but. Histoire que ça te serve de leçon. Une bonne fois pour toutes.
Elle s’est levée.
– Fais voir !
Je n’ai pas discuté. Je n’ai pas résisté. À quoi bon ? Elle aurait de toute façon fini par m’y contraindre. Elle disposait des arguments qu’il fallait.
Et j’ai baissé mon pantalon. Puis mon boxer.
– Hou là, oui ! Comment tu dois déguster !
Elle a passé un doigt. Sur tout le pourtour. Au milieu. Encore le pourtour. Encore le milieu. Elle l’y a enfoncé.
J’ai étouffé un gémissement.
– Viens ! Viens prendre une douche. Ça te soulagera.

Et on s’est retrouvés tous les deux dans la salle de bains.
Je me suis déshabillé. J’ai enjambé le rebord de la baignoire. En lui tournant le dos. Et je me suis aspergé. Là où ça me brûlait. Toujours en lui tournant le dos. C’est vrai que ça faisait du bien. Un bien fou.
Quelque chose a tapé sur le carreau. Ça a recommencé. Une deuxième fois. Plus fort.
– Qu’est-ce que c’est que ça ?
– Quoi donc ?
Un troisième fois.
– Ah, ça ? C’est mes filles. Manon. Et Emma. Chacun son tour de se rincer l’œil. C’est normal, non, tu crois pas ?
Je me suis précipitamment retourné.
Elle a éclaté de rire.
– Oui, oh, c’est pas la première fois qu’elles voient une queue, tu sais. Et la tienne, il y a vraiment pas de quoi crier au miracle. Mais t’as raison. Montre-leur ton joufflu. Qu’elles voient comment je te l’ai joliment arrangé.

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