mercredi 2 mai 2018

Prisonnier des Cythriennes (2)

– Bienvenue à bord. Fais comme chez toi !
Un colosse, allongé nu sur son lit. Un colosse qui me considère d’un œil amusé.
– Salut ! Moi, c’est Alrich. T’as l’air complètement paumé, dis donc ! Normal au début. Mais on s’y fait, tu verras. On s’y fait vite. De toute façon, on n’a pas le choix. Bon, mais installe-toi ! Reste pas planté là. C’est l’autre, ton lit. Forcément. Il y en a que deux. Et ton placard, c’est celui à gauche de la fenêtre. T’as tout un tas de trucs dedans : des vêtements, ce qu’il faut pour se laver ; et même des médicaments… T’as plus qu’à prendre tes marques. Ça surprend, hein ?
– Quoi donc ?
– Ben, de se faire dérouiller comme ça, à peine arrivé.
– J’ai pas compris. Qu’est-ce qu’elles me reprochaient ?
– Oh, mais rien du tout ! Non. C’est juste que les petits nouveaux, elles leur donnent, d’entrée de jeu, un échantillon gratuit de ce qui les attend si, d’aventure, il leur prenait l’envie de jouer les fortes têtes. Avertissement sans frais. T’en recevras d’autres des raclées. À tort ou à raison. Personne n’y échappe. Ce qu’il faut impérativement éviter, par contre, c’est de les prendre de front, de t’opposer carrément. Elles auraient tôt fait de te coller un rapport et, « là-haut », on ne chercherait pas à comprendre. On te déclasserait direct et on t’enverrait au « tout-venant ». Et là, je peux te dire que tu morfles. Tu manies la pelle et la pioche douze heures par jour. Quand c’est pas plus. Sans compter tout le reste : une bouffe dégueulasse. Des dortoirs à peine chauffés dans lesquels t’es entassé à quarante. Des gardiennes peaux de vache qui t’en font voir de toutes les couleurs. En comparaison, ici, c’est le paradis. Ou quasiment. On bénéficie d’un sacré régime de faveur, nous, les SIB…
– Mais c’est quoi au juste, ça, SIB ?
– Qu’est-ce tu fais ? Tu t’habilles ? C’est pas forcément une bonne idée.
– Ben, pourquoi ?
– Bon… Que je t’explique… Il y a ici, en gros, vingt fois plus de Cythriennes que de Cythriens. Pourquoi ? Je n’en sais fichtre rien. Elles sont pas du genre à nous faire leurs confidences. Et il y a plein d’explications possibles. Ce qu’il y a de sûr, en tout cas, c’est que c’est comme ça et que celles qu’ont un mec – c’est comme partout : les mieux foutues, les plus riches ou les plus influentes – elles le mettent sous cloche. Pas question de le laisser traîner dehors au risque de se le faire souffler. T’as tout un tas de nanas, du coup, qu’en sont réduites à se débrouiller entre elles ou à se faire du bien en solitaire. Les seuls mâles qu’elles aient l’occasion d’apercevoir ou d’approcher, c’est nous, les assujettis. Avec qui il est absolument exclu qu’il se passe quoi que ce soit : elles finiraient leurs jours en prison dans des conditions particulièrement éprouvantes. Quant au complice, ses jours seraient comptés. Il n’empêche : on a malgré tout entre les jambes quelque chose qui pique leur curiosité et alimente leurs fantasmes. Surtout nous, les SIB. On est jeunes, virils, musclés, parfois beaux. Alors tu comprends bien qu’être gardienne, c’est très prisé ici. Celles qui parviennent à le devenir nous ont en permanence sous la main et peuvent se régaler les yeux tout leur saoul. Elles ne s’en privent d’ailleurs pas. Tu pourras le constater par toi-même. Alors si tu veux qu’elles t’aient à la bonne, – et tu apprendras qu’il vaut nettement mieux les avoir dans la poche –, prête-toi au jeu. Ici, dans la piaule. C’est truffé de caméras. Ou sous la douche : C’est là qu’elles en profitent au maximum. Surtout si on a la bonne idée de se faire des trucs entre nous. Ce qui arrive souvent. Presque chaque fois. Tu vas avoir l’occasion de te rendre compte par toi-même d’ailleurs. Parce que ça va être l’heure d’y aller.

Un brouhaha dans le couloir. La porte s’ouvre. Une quinzaine d’hommes, nus eux aussi, auxquels nous nous joignons, Alrich et moi. Les deux gardiennes me détaillent de la tête aux pieds. Et des pieds à la tête.
– C’est toi, le nouveau ?
Elles font claquer leurs fouets.
– Eh, ben tâche de te tenir à carreau. Et tout ira bien.
Un léger petit coup, au passage, sur les fesses.
Alrich se penche discrètement vers moi.
– C’est Dorotine et Klardène, ces deux-là. C’est pas les pires si on sait les prendre.
Les douches sont alignées, en enfilade, tout au long d’une immense paroi. On s’installe au hasard. Comme ça se trouve. Il y en a un qui se met, presque aussitôt, à en laver un autre. Elles ne disent rien. Elles le regardent faire. Il prend tout son temps. Le dos. Les fesses. Entre les fesses. Ils bandent. Tous les deux. Il introduit un doigt. Un deuxième. L’autre rejette la tête en arrière, écarte les jambes, se penche à l’équerre, offert. Le type s’enfonce lentement, très lentement, centimètre par centimètre, tout en lui malaxant généreusement les couilles. Et puis il se met en mouvement. À grands coups de reins. Profonds. Déterminés. Tout autour des bites se dressent. Qui s’élancent éperdument à la recherche de leur délivrance. Un grand blond s’agenouille devant son voisin, prend sa queue entre ses lèvres, l’engloutit goulûment. Une bite éclate. Une autre. Les gardiennes, immobiles, silencieuses, nous dévorent des yeux.
Le type, à côté de moi, prend ma main, se la pose en bas.
– Branle-moi !
Je le fais. En un rapide va-et-vient. Elle est dure, épaisse, pas très longue. Il s’empare de moi, lui aussi, me lisse, tout au bout, avec le pouce, me décalotte bien à fond. Ça va très vite. On se répand. Tous les deux. En même temps.

Dans le couloir, Alrich me pose une main sur l’épaule.
– Il s’y prend pas trop mal Germie, hein ? Mais il y a mieux pour ce genre de choses. Beaucoup mieux. Gamelot par exemple. D’autres aussi. Et, pour les pipes, t’as un véritable spécialiste, c’est Tiercelin. Tu montes direct au plafond avec lui. Mais tu verras tout ça à l’usage. T’apprendras. Parce que, de toute façon, ici on n’a pas le choix : faut se débrouiller entre mecs. Les nanas, on n’y a pas droit. Les Cythriennes, c’est même pas la peine d’y penser. Il y danger de mort. Quant aux assujetties, il ne semble pas y avoir d’interdiction formelle, mais comme on n’est quasiment jamais en contact avec…
– Elles nous emmènent où, là, les gardiennes ?
– Au réfectoire. C’est l’heure d’aller casser la croûte.
– Comme ça ? À poil ?
– Faudra t’y faire. On l’est quasiment tout le temps ici à poil. Soi-disant pour éviter qu’on se tire. C’est sûr qu’on n’irait pas bien loin. On aurait vite fait d’être repérés. Et rattrapés. Ce genre de consignes, tu penses bien qu’elles les font respecter à la lettre, les gardiennes. Ça les arrange. T’as vu ça tout à l’heure ? T’as fait attention ? Elles n’en perdaient pas une miette. Et elles mouillaient à fond, va, t’as pas besoin de t’en faire.
– Je me demandais à un moment… Je me disais que peut-être elles allaient se le faire toutes les deux…
– Devant nous ? Oui, ben alors là il y avait pas de risque. Ça leur coûterait très cher. Non. Pas question. Après, elles se rattrapent. Une fois toutes seules.
– Ça doit être sacrément frustrant quand même ! Devoir attendre, comme ça, quand t’es bien excitée.
– Ça, c’est leur problème.

C’est une salle immense. Il y a nous, notre groupe, à une grande table. Et puis d’autres groupes, à d’autres tables, tout autour.
Tout en mangeant, ils veulent savoir. Je me suis fait prendre comment ? Où ? Et je raconte : la matinée passée dans la forêt à relever mes collets. À chercher des champignons ou n’importe quoi d’autre à manger. Mon retour, bredouille. Les deux femmes sur le bord de la route. Leurs bras qui se lèvent dans ma direction.
Pour eux ça a été la même chose. Tous. Exactement le même scénario. Sans la moindre exception.
– C’est bien rôdé leur truc.
– Et apparemment il n’y a que les Français qui les intéressent. Allez savoir pourquoi.
Germie me pose la main sur la cuisse, l’y laisse.
– Ici au moins tu mangeras à ta faim. Et puis non seulement c’est copieux, mais c’est de qualité.
– Je vois bien, oui. Il y a longtemps que je n’ai été à pareille fête.
– Ils sont aux petits soins. Parce que nous, les SIB, faut impérativement qu’on soit en pleine forme.
– Mais pourquoi ? Qu’est-ce qu’on a de si différent des autres ?
Ils veulent tous m’expliquer en même temps. Ça fait tout un brouhaha. Les gardiennes froncent les sourcils, s’approchent en faisant claquer leurs fouets. Tout se calme. Un type tout au bout de la table en profite pour prendre la parole.
– Pour faire court : La Cythrie est divisée en quatre secteurs. Qu’ils appellent, eux, des amillons. Nous, ici, on fait partie du troisième. Chaque année, en juin, se déroulent les Jeux pancythriens qui revêtent, à leurs yeux, une importance capitale. L’enjeu est en effet considérable : les habitants de l’amillon vainqueur sont totalement exonérés d’impôts et se voient gratifiés d’une foule d’avantages de toute sorte. Les autres, par contre, sont lourdement taxés. Au prorata des résultats obtenus. Lesquels résultats dépendent de nous, les SIB. Parce que les Cythriens, eux, ne concourent pas. C’est à nous qu’il incombe de le faire. Alors tu penses bien que c’est avec le plus grand soin que chaque amillon choisit ses compétiteurs parmi les assujettis ramenés par ses recruteuses et qu’il fait en sorte qu’ils soient au top de leur condition physique le jour J. C’est leur intérêt, mais c’est aussi le nôtre : toute contre-performance se paie cash. Et cher. Très cher.


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