Deux gardiennes inconnues font brusquement irruption dans
notre cellule.
– Lequel des deux est Hervain Louquart ? Toi ?
Alors tu viens avec nous.
Elles m’emmènent. Un dédale de couloirs. Des cours. Des
escaliers. Encore des couloirs. Une petite salle.
– Entre là-dedans !
Un tableau. Un bureau Quelques chaises. Je me laisse tomber
sur l’une d’entre elles.
Un grand coup de fouet me zèbre les cuisses.
– Quelqu’un t’a dit de t’asseoir ?
Je me lève d’un bond.
– Non. Non. Personne.
– Et il répond en plus !
Une autre cinglée. Sur les fesses cette fois.
Des voix dans le couloir. Des pas. Qui se rapprochent. De
plus en plus près. On entre. Deux femmes. Poussées par d’autres gardiennes. Deux
femmes jeunes. Dans les vingt-cinq ans. Quelque chose comme ça. Et nues, elles
aussi. Complètement nues. En m’apercevant, elles poussent un petit cri de
surprise et essaient d’instinct, tant bien que mal, de se dissimuler. De leurs
bras, maladroitement plaqués contre leurs seins. De leurs mains ramenées en
coquilles devant leurs chattes.
Le fouet s’abat. Elles hurlent. Et renoncent à camoufler quoi
que ce soit.
Les gardiennes rient, échangent quelques mots dans leur
langue, s’esclaffent de plus belle. Disparaissent dans le couloir.
Elles n’y comprennent rien.
– Qu’est-ce qu’on fait là ?
Je n’en sais pas plus qu’elles.
– Et pourquoi nous ? Qu’est-ce qu’on nous
veut ?
Je hausse les épaules.
– On verra bien. Ici, n’importe comment, on peut
s’attendre à tout.
Ah, ça, là-dessus, elles sont bien d’accord avec moi.
– Bon, mais si on faisait un peu connaissance ?
Tant qu’à être là. Alors moi, c’est Hervain. Et vous ? La brune, c’est
Varine. Et la blonde, c’est Marla. Elles sont SIB, elles aussi. Quatre cents
mètres pour l’une, cent dix mètres haies pour l’autre.
– Après vous, on s’entraîne. Une fois que vous êtes
partis. C’est pour ça, c’est complètement incompréhensible : elles font
tout ce qu’elles peuvent, à longueur de temps, pour qu’on soit pas ensemble et
aujourd’hui…
– Il doit bien y avoir une explication.
Oui, mais on sait pas laquelle. On voit pas.
Elles sont nues. Et j’ai beau faire tous mes efforts pour
m’obliger à regarder ailleurs, je n’y parviens pas. Mes yeux reviennent
obstinément se poser sur elles. Sur leurs seins : ceux de Marla sont tout
menus avec une vaste aréole qui s’y étend tout à son aise. Quant à Varine, elle
les a amples et généreux, fermes et rebondis. Mais c’est surtout leurs chattes
qui me fascinent. Elles sont à nu. Rasées de frais. Tout juste subsiste-t-il,
au-dessus, un minuscule échantillon de toison. Presque transparent et tout
frisottant pour l’une. D’un noir profond pour l’autre.
Ça grimpe. Je n’y peux rien. Ça grimpe de plus en plus. Je
bande. Je bande tant que je peux. Je bande comme un fou.
– Je suis désolé. C’est parce que…
Varine ne me laisse pas finir.
– On sait bien pourquoi. On n’est pas idiotes. T’as pas
à être désolé. T’as pas besoin d’expliquer non plus. T’as pas eu de nana depuis
des semaines, hein ? T’en as même pas vu non plus, si ça se trouve.
– À part les gardiennes…
– Vous, vous avez au moins ça. Nous, même pas. Parce que
c’est aussi des femmes nos gardiennes. On est qu’entre nanas. Partout.
Toujours. C’est d’un déprimant ! Depuis six mois qu’on est là, t’es le premier
mec qu’on rencontre. Alors je vais être franche avec toi : que tu bandes,
et pour nous en plus, c’est sûrement pas le truc dont on va se plaindre.
Elle me jette un coup d’œil en bas. S’enhardit. Un autre,
plus appuyé. Elle finit par délibérément s’installer. Moi aussi. On se
contemple. On se laisse se contempler. Tous les trois. Je me gorge d’elles. Comme
un meurt-de-faim. De leurs seins. Je cours des uns aux autres. Les petits de la
blonde, si mignons. Les orgueilleux de la brune, si émouvants. Sans pouvoir
m’arrêter. Je me délecte de leurs petits fendus impudiquement offerts.
Complètement à découvert.
Varine précise.
– C’est les gardiennes. qui nous obligent à les avoir
comme ça. Même que c’est elles qui nous le font. Et elles aiment ça. Et elles
en profitent. Tu penses bien que c’est pas pour rien qu’elles ont choisi ce
boulot !
Du bruit dans le couloir. Une voix. Autoritaire. Déterminée.
On entre. Une Cythrienne. Tout de gris vêtue.
– Alors, c’est eux !
La gardienne confirme, d’une petite voix obséquieuse.
– C’est bien eux, oui ! Toutes les vérifications
ont été faites.
– Alors écoutez-moi, vous trois !
Elle nous regarde à peine.
– En tant que SIB, vous êtes en situation d’extrême
précarité. On peut estimer demain que vos performances ne sont pas à la hauteur
des espoirs qu’on avait placés en vous. Ou bien de nouvelles recrues peuvent s’avérer
meilleures et vous supplanter. De toute façon, vous vieillissez et que vous
fassiez encore l’affaire au-delà de trente ans relèverait du miracle. Être
alors reversé au « tout-venant » constitue une épreuve redoutable à
laquelle certains ne survivent pas. Toutefois, en ce qui vous concerne, on a
bien voulu, en haut lieu, se pencher avec bienveillance sur votre situation et
on a décidé de vous conférer, quand les échéances seront là, un statut spécial.
C’est une immense faveur dont j’espère que vous saurez vous montrer dignes.
On certifie que oui. Oui. Tous les trois. À grand renfort de
hochements de tête convaincus. On ne sait pas de quoi il retourne au juste, mais
oui. Oui.
– Parfait ! Alors pour commencer… Pour vous
préparer à votre nouvelle situation…
Elle appelle. D’une voix forte.
– Galberte !
Apparaît aussitôt une femme d’une cinquantaine d’années. Entièrement
nue. Rasée elle aussi. Qui nous gratifie d’un large sourire.
– Vous allez apprendre le cythrien. Voici votre
professeur. Au travail ! Je vous laisse…
Et elle referme la porte sur elle.
La professeure sourit. Elle ne cesse pas de sourire.
– Je suis une assujettie. Tout comme vous.
Oui, ben ça on se doute. On voit. Et on veut savoir
– C’est quoi ce statut spécial ? Ça consiste en
quoi ?
Elle n’en sait rien. Strictement rien. Et ne cherche pas à
savoir. On lui a fait comprendre qu’elle avait tout intérêt à ne pas se montrer
trop curieuse si elle ne voulait pas qu’on la reverse, elle aussi, dans le
« tout-venant ».
– Et je me le tiens pour dit. D’autant que j’ai, moi une
autre épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête : si mes élèves ne
font pas de rapides progrès en cythrien…
On n’insiste pas.
– Bon. Alors d’abord… l’alphabet.
– Bon. Alors d’abord… l’alphabet.
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