vendredi 20 février 2015

Studieuses vacances: récit de Mademoiselle Lancel (3)

Je l’ai bien en main ce garçon… À ma main… Pas question d’en abuser… De le punir comme ça, pour le plaisir, à la moindre occasion… Et Dieu sait qu’elles ne manquent pourtant pas… Ses progrès sont certes incontestables, mais il demeure, dans les travaux qu’il me remet, énormément d’approximations, voire d’erreurs, dues au manque d’attention et à l’ignorance… Je pourrais bien évidemment feindre de les imputer à la mauvaise volonté ou à la paresse… Et le sanctionner…Il est beaucoup plus efficace, pour l’instant, de lui laisser craindre un éventuel châtiment que de le lui infliger… Qu’il redoute… Qu’il tremble… Et qu’il me sache gré, au bout du compte, de l’avoir épargné me donne, chaque jour, un peu plus barre sur lui… Toute son attitude, à mon égard, est empreinte d’appréhension, de reconnaissance et de docilité entremêlées… C’est un bon début… Mais ce n’est qu’un début… Et pour peu qu’une opportunité se présente…

Elle n’a pas tardé… Il m’a offert une occasion en or… Mais vraiment en or… Il a eu le front de m’appeler pour m’annoncer – tranquillement – qu’il me ferait faux bond aujourd’hui… Il ne demandait pas… Il ne sollicitait pas… Il décidait… C’était comme ça… Au motif que sa copine était revenue de vacances… Qu’ils avaient fait des galipettes toute la nuit et qu’en conséquence de quoi il n’avait pas eu le temps de travailler… J’ai sèchement ordonné…
– Tu viens… Et tout de suite…

Il a obtempéré… Sans traîner… Cinq minutes après il était là…
– C’est quoi ces façons ?
Il a bafouillé… Bredouillé… Il avait pensé… Comme il l’avait pas fait le résumé il s’était dit…
– Tu n’as pas à penser… Ni à te dire… Tu as à travailler d’arrache-pied pour t’efforcer de remettre le pied à l’étrier… Un point, c’est tout…
Il savait bien, oui, mais…
– Mais quoi ?
– Émilie…
– Non, mais tu y vas fort, mon garçon… Tu y vas vraiment très fort… Parce que… Qu’à ton âge, on s’intéresse aux filles ça peut, à la rigueur, se concevoir… À la condition expresse que ça ne vienne pas perturber le bon déroulement des études… Ce qui, en ce qui le concernait, était loin d’être ton cas…
Je l’ai accablé de reproches… Il en prenait vraiment à son aise… À tous points de vue… Et, entre autres, avec cette jeune fille… Qu’il menait allègrement en bateau… De la candeur de laquelle il profitait de façon éhontée… Il a voulu protester… Je l’ai fait taire d’un geste… Qu’il n’en rajoute pas… Ce n’était vraiment pas le moment… C’était là une corde manifestement sensible… Sur laquelle je n’ai eu de cesse d’appuyer… Pour le déstabiliser… Pour lui donner le tournis… De manière à ce qu’il finisse par ne plus savoir pourquoi il allait être puni au juste… Pour avoir décidé, de son propre chef, de « faire sauter » son cours ? Pour n’avoir rien fait de ce que je lui avais demandé ? Pour s’être comporté – et continuer à se comporter – d’une façon que je prétendais inqualifiable avec cette Émilie ? Pour tout cela à la fois ?

Quoi qu’il en soit, c’est avec une évidente mauvaise volonté qu’il s’est, au bout du compte, résigné à se déshabiller… Je l’ai sèchement rappelé à l’ordre… Il a fait aussitôt profil bas… Mais, pour asseoir un peu plus encore mon autorité, je l’ai contraint à rester nu, tourné vers moi, un long moment… Un très long moment… Profondément mal à l’aise, les yeux baissés, il dansait d’une jambe sur l’autre, réprimant à l’évidence une furieuse envie de ramener ses mains devant lui… Envie à laquelle il a fini par céder… Je me suis montrée sans pitié…
– Regarde-moi ! Allez, regarde-moi ! Là… Et maintenant les mains sur la tête…Eh bien ? Qu’est-ce que tu attends ?
Il a obtempéré… À contre-cœur…
– Tu vois quand tu veux… Et c’est pas mieux comme ça ? Parce que ton intérêt c’est de te montrer docile… Non ? Tu ne crois pas ? De plus en plus docile d’ailleurs si tu veux que tout ça reste entre nous… T’imagines si ça se savait ? Si le bruit se mettait à courir que je suis obligée de te fesser comme un gamin de huit ans ? Ah, tu aurais bonne mine ! Bon, mais en attendant, allez ! En position…

Il s’est docilement incliné… Je n’ai plus eu qu’à accompagner le mouvement… Qu’à finir de le mettre bien en place… Et de lui infliger une correction dont il allait se souvenir… N’était-il pas nécessaire de lui faire payer, au prix fort, ses pitoyables petites velléités de rébellion ? Je m’en suis donné à cœur joie… Il s’est trémoussé sous les coups… A battu des jambes… Ondulé du derrière… Exposé sans vergogne ses ornements de petit couillu… Il a gémi… Crié… Supplié… Je ne me suis pas laissé apitoyer… Je ne me suis interrompue que lorsque j’ai estimé la leçon suffisante…

Je me suis encore offert le luxe, après l’avoir fait relever, de contempler longuement mon œuvre… Je pouvais en être pleinement satisfaite… D’autant plus satisfaite qu’il allait désormais se consacrer pleinement à son travail… Il n’allait tout de même pas courir le risque qu’Émilie découvre le pot-aux-roses… Le pot-au-rouge…

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