mercredi 11 février 2015

Studieuses vacances: récit de Damien (2)

Je me suis effectivement mis au travail… Avec la meilleure volonté du monde et la ferme intention de réussir à échapper à la pension… Seulement j’avais accumulé un tel retard que le résultat était loin de répondre à mes attentes… Et aux siennes… Elle fronçait les sourcils, pinçait les lèvres, poussait des soupirs accablés…
– T’es vraiment un flemmard-né, hein !
– Ah, mais non… Non… J’ai travaillé, je vous assure…
– Et menteur en plus… Un gamin… Un véritable gamin… Qui mériterait des paires de claque… Et, de temps à autre, une bonne fessée… Histoire de lui remettre les idées bien en place… Bon, mais tu sais pas ? On va en rester là… Ça sert à rien… Je perds mon temps… Alors rentre chez toi… J’irai trouver tes parents… Je leur expliquerai que c’est pas la peine… Que tu es une véritable loutre… Que ton cas est désespéré…
– Oh, non, s’il vous plaît, non… Je travaillerai… De toutes mes forces… Je vous en prie… Je vous en supplie… Ils vont me mettre en pension sinon…
– Tu serais pas le premier… Et ce serait quand même pas un drame…
– Oh, si, ce serait un drame, si ! Vous la connaissez pas leur pension… En Suisse elle est… Une vraie prison… Non… Et puis surtout…
– Et puis surtout ?
– Je pourrais plus la voir ma copine… Émilie… Qu’aux vacances… Et ça…
– Oui… Bon… Alors écoute-moi bien… Je veux bien te laisser une dernière chance…
– Oh, merci… Merci…
– On va, pour le moment, laisser tes parents en-dehors de tout ça… Par contre tu vas travailler… Et travailler vraiment… Pas faire semblant… Sinon je sévirai… C’est bien compris ? On est bien d’accord ?
On l’était… Oui… Oui…

Je suis rentré à la maison fou de joie : la terrifiante perspective de la pension s’était momentanément éloignée… Fou de joie et perplexe… Elle avait dit que, le cas échéant, elle sévirait… Elle entendait quoi par là ? Quand même pas que… Pas à mon âge… À presque vingt ans… Non… Évidemment non… C’était pas possible… Oui, mais alors si c’était pas ça c’était quoi ?.Ça pouvait être quoi ? Je voyais pas… Je voyais vraiment pas… N’importe comment il se poserait pas le problème… J’allais travailler… D’arrache-pied…

– Parce que t’appelles ça une dissertation ? Même un très médiocre élève de troisième aurait fait beaucoup mieux… Une fois de plus tu n’as rien fichu… C’est vraiment une habitude chez toi, hein… Bon… Mais tu sais ce qui t’attend… Une bonne fessée… T’étais prévenu…
– Je…
– Il n’y a pas de « je » ni de « mais » qui tienne… Viens ici ! Approche !
Elle a éloigné sa chaise de la table…
– Plus près ! Encore ! Allez ! Là… Et déculotte-toi !
Je lui ai lancé un regard implorant…
– Ah, on a passé un contrat tous les deux, hein ! Alors ou tu le respectes ou ça va être vite vu… Tu rentres chez toi et…
– Non ! Non !
– Eh bien allez alors ! Et tout t’enlèves… Tout…
Je l’ai fait… Je me suis exécuté… Tête basse… J’ai tout quitté… Tout abandonné… À même le tapis… Et j’ai attendu… Longtemps… Sans oser relever la tête… Une éternité… Sans oser la regarder…

Elle m’a brusquement saisi par le bras, sèchement fait basculer en travers de ses genoux où elle m’a solidement calé… J’ai crispé les fesses dans l’attente du premier coup… Qui n’est pas venu… Pas tout de suite…
– On va promettre de travailler correctement ?
– Oui…
– D’y consacrer tout sa volonté et toute son énergie ?
– Oui…
– De ne pas perdre son temps à des amusements sans consistance ?
– Oui…
– Parfait…
Et c’est tombé. Sonore. Dru. A grandes claques vigoureusement lancées. De plus en plus vigoureusement. De plus en plus vite. Ça a piqué. Ça a mordu. Ça a brûlé. Ça a fait crier. Battre des jambes dans tous les sens. Ça a continué. Ça a ralenti. Ça s’est arrêté…
– Là… Tu peux te rhabiller… Et maintenant au travail !

– Ah, ben voilà ! Voilà ! Voilà enfin un travail digne de ce nom… C’est pas trop tôt… Mais c’est quand même malheureux, avoue, que, pour en arriver là, Il ait fallu te punir comme un gamin de huit ans… À ton âge tu devrais quand même avoir assez de plomb dans la cervelle pour avoir conscience que c’est ton avenir que tu prépares et agir en conséquence… Mais non ! Tu préfères gaspiller ton temps à je ne sais quelles billevesées… Eh bien on saura à quoi s’en tenir dorénavant… On saura qu’avec toi la seule méthode qui soit efficace, c’est celle qui te fait rougir le derrière… Bon, mais allez ! Tu as ton livre ?

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