mercredi 22 avril 2020

Premières armes (19)


« Va au coin !
‒ Hein ? Mais il faut que je…
‒ Il faut que rien du tout. Va au coin, j’ai dit !
Avec une petite claque sur le derrière qui, par-dessus la fessée qu’elle venait de m’infliger, m’a arraché un gémissement.
Et j’ai obtempéré.
‒ Mains sur la tête !
Mains sur la tête.
Il y a eu le bruit d’un tiroir qu’on ouvre. Quelque chose a claqué. Encore un bruit. Métallique, celui-là.
‒ Regarde devant toi !
Au-dehors un avion est passé. Il y a eu des rires d’enfants. Des pépiements d’oiseaux. Et puis un coup de sonnette. Qui m’a fait sursauter.
Elle est allée ouvrir. Il y a eu des chuchotements. Et puis un rire. Franc. Moqueur. Un rire de femme. Et des pas derrière moi.
‒ Ah, oui, dis donc ! Oui. Il s’en est pris une bonne
À la voix, je l’ai reconnue. C’était l’une de celles qui m’avaient joué aux cartes. Mais pas celle qui m’avait gagné et emmené dans la chambre. Une autre. Celle au chemisier au vert. Celle qui avait dit que le jour où ce serait son tour, je verrais ce que je verrais. Son souffle dans mon cou.
‒ Qu’est-ce qu’il était encore allé inventer ?
‒ Il nous a trompées. Voilà ce qu’il est allé inventer.
‒ Non ! Il a pas fait ça ?
‒ Eh, si !
Sa main m’a effleuré la fesse.
‒ T’as pas fait ça ? Me dis pas que t’as fait ça !
J’ai gardé un silence contrit.
‒ Alexandre, Lydie te parle !
Je l’avais fait. Si ! Oui.
‒ Et avec qui ? On peut savoir ?
C’est Margaux qui a répondu.
‒ Une gamine de son âge.
‒ Ah, ben bravo ! Bravo ! Tu nous as là, toutes, à ta disposition. Des femmes d’expérience. Qui ne demandons que ça. Et il faut que t’ailles te gaspiller ailleurs. C’est une honte ! Une honte ! Oh, mais ça va pas se passer comme ça ! On va y mettre bon ordre. Et d’abord comment elle s’appelle, cette créature ?
‒ Julie
‒ Julie, mouais Et alors ? Elle te fait ça bien ?
Elle a glissé une main entre mes fesses, est remontée de l’autre côté, m’a enserré les couilles. Les a palpées. Fait rouler.
‒ Hein ? Elle te fait ça bien ?
Je n’ai pas répondu.
Plus haut. La queue. Qu’elle a enserrée. Décalottée.
‒ Ah, non, mon garçon ! Non ! Tu vas pas t’en tirer comme ça, fais-nous confiance ! Parce qu’on va se relayer. Toutes les quatre. Toutes les cinq. T’épuiser de plaisir. Et te faire passer l’envie d’aller voir ailleurs, crois-moi !
Elle a entrepris un lent mouvement de va-et-vient.
‒ Ça va ? Ça te plaît ? Oui. On dirait.
Elle a accéléré.
‒ Comment t’es dur !
Accéléré encore. Et je suis venu.
‒ Là ! Eh bien voilà !
Elle m’a lâché.
‒ Tâche de reprendre des forces. Parce qu’on n’en a pas fini, toi et moi.
Elle est allée rejoindre Margaux. Et elles se sont mises à établir un planning toutes les deux. À me partager.
‒ Alors toi, le mardi et le vendredi. C’est noté. Pour Amélie, on pourrait dire le lundi. Elle bosse pas le lundi. Quant aux deux autres, je verrai avec elles. Mais elles s’en fichent un peu. Elles ont tout leur temps.
‒ Oui. L’essentiel, c’est de pas lui laisser de répit. Aucun répit. Qu’il soit constamment sur la brèche.
‒ Oh, il va l’être. Je peux te dire qu’il va l’être.
‒ Et d’ailleurs à ce propos…
Lydie est revenue vers moi.
‒ Ça y est ? T’as récupéré. Eh ben, feu alors ! On t’emprunte la chambre, Margaux !
‒ Faites ! Faites ! Moi, pendant ce temps-là, je vais l’appeler, cette Julie. Et me faire passer pour sa maman. Comme convenu. Il est où, ton portable, Alexandre ? Que je trouve son numéro.
‒ Dans ma veste.
‒ Parfait ! Eh bien allez, tous les deux. Allez ! Amusez-vous bien !

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