On est allés chez elle.
« Que tu saches où j’habite au moins…
Où on a aussitôt roulé sur le lit. Elle y a eu son plaisir. J’y ai eu le mien.
Et, de fil en aiguille, on a passé la journée ensemble.
À
midi, on a déjeuné d’une omelette aux fines herbes et d’une
tranche de jambon. Les fesses posées au bord de la chaise, j’ai
grimacé tant et plus. Sous ses regards compatissants.
‒ Oh,
là là, mon pauvre ! T’as très mal ?
Je
me suis efforcé de faire bonne figure.
‒ Pas
trop ! Ça va.
Mais,
en réalité, ça me battait d’une force là-dedans !
‒ Bon,
ben viens alors !
Sous
la couette. Nous ébattre allègrement.
‒ Sept
heures ! Déjà !
C’était
pas tout ça, mais fallait
que je rentre, moi !
‒ Tu
peux bien rester…
‒ Non.
Non. Je vais y aller.
‒ Ben,
pourquoi ? T’es pas bien, là, avec moi ?
‒ Mais
si, mais…
‒ Mais
quoi ? Maman va encore punir son grand garçon s’il rentre pas
à l’heure à la maison, c’est ça ?
‒ Quand
même pas, non !
‒ Eh
ben alors !
Et
je suis resté.
Elle
a chuchoté.
‒ Tu
dors ?
Je
n’ai pas répondu.
‒ Hein ?
Tu dors ? Oui, tu dors ! Je t’ai mis sur les rotules,
faut dire ! Mais c’est ta faute aussi ! Parce que comment
c’est excitant un cul de mec
qui vient d’être puni
comme ça ! C’est
la première fois que j’en vois un en plus ! Mes frères ?
Oui, je sais, je t’ai menti. Pour les besoins de la cause. Ils en
ont jamais eu, mes frères. T’es le premier qui
me tombe sous la main.
Depuis
le temps que je rêvais de m’en trouver un ! C’est
pour ça : je peux te dire que je vais pas te lâcher. Ah, non,
alors ! Je vais en
profiter un maximum. Et j’espère bien que c’est souvent qu’elle
t’en donne ta mère, des fessées. Ce que je crois, d’ailleurs !
Et j’imagine…
Elle
s’est tue. Elle a écouté.
‒ Non,
tu dors. Tu
dors comme
un bébé. Et t’es pas près de te réveiller. Oui, j’imagine…
J’imagine ta mère. « Viens
ici, Alexandre ! » Toi,
tu sais ce qui t’attend. Tu sais que tu y échapperas pas. Mais
t’essaies quand même de gagner du temps. Ne serait-ce qu’une
minute. Ou que quelques secondes. Tu
tentes de discuter. De l’apitoyer. Tu supplies. « Pas
à mon âge, maman ! C’est trop humiliant. » « Tu
n’avais qu’à y penser avant ! »
Et
il n’y a rien à faire. Elle
ne veut rien entendre. « Déculotte-toi,
Alexandre ! » Tu
obéis. Tu finis par obéir. Tu
te déshabilles. Docilement.
Inutile
d’aggraver ton cas. Tu
obéis, grand garçon tout nu qui s’approche, tout penaud, tête
basse, de sa maman pour recevoir la fessée qu’il a méritée.
« Plus
près ! Encore ! Allez ! » Elle
te fait basculer en travers de ses
genoux. Et
elle tape. Non, mais comment elle tape ! Ça te rebondit sur le
derrière. Ça s’y inscrit tout rouge. Tout
reluisant. Et toi, à force, tu te mets à gigoter. À battre des
jambes dans tous les sens. T’es
trop rigolo, comme ça, avoue ! J’en mouille, moi, tiens !
Et pas qu’un peu ! Et puis alors à t’entendre piauler, en
plus !
Ah,
t’y vas de bon cœur !
Et tu
sais ce que je me demande ? C’est si t’as une sœur, toi. On
n’en a pas parlé. Ou même plusieurs. Et
si elle te le fait devant elles. Oui, sûrement ! Elles doivent
se régaler, dis donc !
Elle
s’est encore interrompue, encore
penchée sur moi.
‒ Dors !
Dors ! Surtout te réveille pas ! Et tu sais ce que je me
demande aussi ? C’est pourquoi elle te la donne, la fessée,
ta mère ! Parce qu’il peut y en avoir plein des raisons. Par
exemple, que tu te montres insolent. Que tu lui réponds. Et
ça, c’est le genre de choses qu’il est pas question qu’elle
laisse passer. Elle a pas tort, d’ailleurs. À
moins que tu trempes dans des trucs un peu louches, style trafic de
drogue. Ou des trucs comme ça. Ce qui m’étonnerait d’ailleurs :
t’as pas l’étoffe. Mais enfin, on sait jamais. Il y en a qui
cachent bien leur jeu. Non,
moi ce que je verrais plutôt, c’est que tu te comportes encore
comme un gamin capricieux. Tu piques des grosses colères pour rien.
Tu trépignes. Tu hurles. Et le seul moyen de te calmer, c’est ça.
La fessée. Comme quand t’avais huit ans. Et puis, c’est
peut-être complètement autre chose. À
quoi je pense pas du tout. N’empêche, comment c’est agaçant de
pas savoir ! Oh, mais je saurai. Je finirai bien par te le faire
dire. Et
si j’y arrive pas, je verrai avec ta mère. N’importe comment,
faut que je fasse sa connaissance, à cette femme.
Ça
s’impose.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire