mercredi 15 janvier 2020

Premières armes (5)


‒ Comme quoi, une bonne fessée, il y a rien de tel, hein !
Elle venait de prendre, dans mes bras, un plaisir tonitruant.
‒ Non ? T’es pas de mon avis ?
J’ai acquiescé. Du bout des lèvres.
‒ Ah, si ! Si ! Tu peux pas dire le contraire. Ça t’a rendu mille fois plus attentif à moi. Et à mon plaisir. Non. Désormais, chaque fois que tu te montreras incapable de me satisfaire, tu y auras droit. Une fessée carabinée. Et c’est te rendre service, tu sais ! Parce que tu auras d’autres femmes que moi. Et ce jour-là…
J’ai voulu protester. La faire taire d’un baiser.
‒ Bien sûr que si ! Et tu le sais très bien. D’autres femmes qui seront d’autant mieux disposées à ton égard que tu sauras pleinement les contenter. Alors mieux tu sauras t’y prendre

Et c’est sur ce registre-là que nous nous sommes systématiquement mis à fonctionner. Par crainte de me prendre une fessée dont je savais, d’expérience, qu’elle serait particulièrement cuisante, je m’employais de mon mieux à la faire vibrer. Je la caressais. De mes doigts. De ma langue. De ma bouche. Je la préparais. Je prenais tout mon temps. Je l’apprenais. Je finissais par savoir où, quand et comment il fallait très exactement que j’effleure, que je titille, que je lèche pour qu’elle perde pied et j’éprouvais, à la voir et à la sentir s’abandonner totalement à sa jouissance dans mes bras, un vrai bonheur. Et, avouons-le, une certaine fierté.

Tout ne se passait pourtant pas toujours de façon aussi idyllique. Il arrivait parfois que je n’atteigne pas mon but, soit que je m’avère incapable de me retenir soit que, pour une raison ou pour une autre, elle se montre moins réceptive que d’habitude. La sanction tombait alors, immédiate.
‒ Allez !
Elle n’avait pas besoin d’en dire davantage. Je lui offrais docilement mes fesses. Qu’elle tambourinait allègrement. Avec une énergie ! Qui me faisait crier de douleur et m’arrachait le plus souvent des larmes. J’avais beau supplier, m’efforcer de l’apitoyer, rien n’y faisait. Elle ne s’interrompait que lorsqu’elle jugeait, elle, la correction suffisante. Et elle me laissait alors pantelant, le derrière en feu et bien décidé à ne plus m’exposer à l’avenir à des punitions aussi mortifiantes. Seulement, les mêmes causes produisant les mêmes effets

J’avais bien tenté, à plusieurs reprises, alors que je la sentais dans de bonnes dispositions à mon égard, de la faire renoncer à des pratiques si humiliantes pour un garçon de mon âge. Elle m’opposait systématiquement une fin de non-recevoir et, si j’insistais, me menaçait de mettre un terme définitif à notre relation. Argument décisif : je me savais incapable de me passer d’elle.
‒ Eh bien alors n’en parlons plus !
Et je me laissais punir chaque fois qu’elle estimait que je l’avais mérité.

Elle a même décidé, un beau jour, de passer à la vitesse supérieure.
‒ Parce qu’il t’arrive encore beaucoup trop souvent de ne pas te montrer à la hauteur.
J’ai voulu protester.
‒ Oh, pas tant que ça !
Elle a souri d’un air entendu.
‒ Ah, oui ? Tu trouves ?
Et haussé les épaules.
‒ Ne serait-ce qu’une fois tous les six mois, ce serait encore une fois de trop. Depuis le temps, tu devrais être parfaitement opérationnel.
Et la vitesse supérieure, ça a été le martinet.
‒ En attendant mieux si ce n’est pas suffisamment efficace
Elle m’en cinglait généreusement les fesses, les cuisses, le dos, couvrant, chaque fois, le plus de surface possible et m’arrachant des cris déchirants. La douleur, lancinante, perdurait des jours et des jours durant ainsi que les longues stries rougeâtres qu’inscrivaient en profondeur les lanières sur ma peau et qui se boursouflaient au fil du temps.
Mais c’était efficace : je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour la satisfaire et ne pas m’exposer à ce châtiment particulièrement douloureux.

Je tenais portant à elle. Et de plus en plus. Malgré les fessées. Malgré le martinet. Malgré tout. Il m’était absolument impossible d’envisager la vie sans elle, sans nos après-midis, sans mes mains sur sa peau, sur ses seins, sur ses fesses, sans ma queue en elle, sans ses yeux qui chaviraient quand elle avait son plaisir.
Tout cela pouvait néanmoins finir. Et cette idée me rendait fou. Elle pouvait se lasser de moi, rencontrer quelqu’un qui aurait pour elle l’attrait de la nouveauté, qui la satisferait mieux que moi. Ou bien son mari pouvait s’apercevoir de quelque chose et exiger d’elle qu’elle rompe définitivement avec moi. Tant d’autres choses encore pouvaient se produire
Aussi ce mardi-là, quand elle m’a annoncé, l’air grave, sérieux, qu’il fallait qu’on parle, mon sang n’a-t-il fait qu’un tour : la catastrophe que j’appréhendais tant était-elle en train de se produire ?

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