‒ Comme
quoi, une bonne fessée, il y a rien de tel, hein !
Elle
venait de prendre, dans mes bras, un plaisir tonitruant.
‒ Non ?
T’es pas de mon avis ?
J’ai
acquiescé. Du bout des lèvres.
‒ Ah,
si ! Si ! Tu
peux pas dire le contraire. Ça
t’a rendu mille fois plus attentif à moi. Et à mon plaisir. Non.
Désormais, chaque fois que tu te montreras incapable de me
satisfaire, tu y auras droit. Une fessée carabinée.
Et c’est te rendre service, tu sais ! Parce que tu auras
d’autres femmes que moi.
Et ce jour-là…
J’ai
voulu protester. La faire
taire d’un baiser.
‒ Bien
sûr que si ! Et tu
le sais très bien. D’autres femmes qui seront d’autant mieux
disposées à ton égard que tu sauras pleinement
les contenter. Alors mieux tu sauras t’y prendre…
Et
c’est sur ce registre-là que nous nous
sommes systématiquement mis à
fonctionner.
Par crainte de me prendre
une fessée dont je savais, d’expérience, qu’elle serait
particulièrement cuisante, je m’employais de mon mieux à la faire
vibrer. Je la caressais. De mes doigts. De ma langue. De ma bouche.
Je la préparais. Je
prenais tout mon temps. Je
l’apprenais. Je finissais
par savoir où, quand
et comment il fallait très
exactement que
j’effleure, que je titille, que je lèche pour qu’elle perde pied
et j’éprouvais, à la voir et à la sentir s’abandonner
totalement à sa jouissance dans mes bras, un vrai bonheur. Et,
avouons-le, une certaine fierté.
Tout
ne se passait pourtant pas toujours de façon aussi idyllique. Il
arrivait parfois que je n’atteigne pas mon but, soit que je
m’avère incapable de me retenir soit que, pour une raison ou pour
une autre, elle se montre moins réceptive que d’habitude. La
sanction tombait alors, immédiate.
‒ Allez !
Elle
n’avait pas besoin d’en dire davantage. Je lui offrais docilement
mes fesses. Qu’elle tambourinait allègrement. Avec une énergie !
Qui me faisait crier de douleur et m’arrachait le
plus souvent des larmes.
J’avais beau supplier,
m’efforcer de l’apitoyer, rien
n’y faisait. Elle ne s’interrompait que lorsqu’elle jugeait,
elle, la correction suffisante. Et
elle me
laissait alors pantelant,
le derrière en feu et bien
décidé à ne plus m’exposer à l’avenir à des punitions aussi
mortifiantes. Seulement,
les mêmes causes produisant les mêmes effets…
J’avais
bien tenté, à plusieurs reprises, alors que je la sentais dans de
bonnes dispositions à mon égard, de la faire renoncer à
des pratiques si humiliantes pour un garçon de mon âge. Elle
m’opposait systématiquement
une fin de non-recevoir
et, si j’insistais, me menaçait de mettre un terme définitif à
notre relation. Argument décisif : je me savais incapable de me
passer d’elle.
‒ Eh
bien alors n’en parlons
plus !
Et
je me laissais
punir chaque fois qu’elle
estimait que je l’avais mérité.
Elle
a même décidé, un
beau jour, de passer
à la vitesse supérieure.
‒ Parce
qu’il t’arrive encore beaucoup trop souvent de ne pas te montrer
à la hauteur.
J’ai
voulu protester.
‒ Oh,
pas tant que ça !
Elle
a souri d’un air entendu.
‒ Ah,
oui ? Tu trouves ?
Et
haussé les épaules.
‒ Ne
serait-ce qu’une fois tous les six mois, ce serait encore
une fois de trop. Depuis
le temps, tu
devrais être parfaitement opérationnel.
Et
la vitesse supérieure,
ça a été le martinet.
‒ En
attendant mieux si ce n’est pas suffisamment efficace…
Elle
m’en cinglait généreusement les fesses, les cuisses, le dos,
couvrant, chaque fois, le plus de surface possible et m’arrachant
des cris déchirants. La douleur, lancinante, perdurait des jours et
des jours durant ainsi que les longues stries rougeâtres
qu’inscrivaient en profondeur les lanières sur ma peau et qui se
boursouflaient au fil du temps.
Mais
c’était efficace : je faisais tout ce qui était en mon
pouvoir pour la satisfaire et ne pas m’exposer à ce châtiment
particulièrement douloureux.
Je
tenais portant à
elle. Et de
plus en plus. Malgré les
fessées. Malgré le martinet. Malgré tout. Il m’était absolument
impossible d’envisager la vie sans elle, sans nos après-midis,
sans mes mains sur sa peau, sur ses seins, sur ses fesses, sans ma
queue en elle, sans ses yeux qui chaviraient quand elle avait son
plaisir.
Tout
cela pouvait néanmoins finir. Et cette idée me rendait fou. Elle
pouvait se lasser de moi, rencontrer quelqu’un qui aurait pour elle
l’attrait de la nouveauté, qui la satisferait mieux que moi. Ou
bien son mari pouvait s’apercevoir de quelque chose et exiger
d’elle qu’elle rompe définitivement avec moi. Tant d’autres
choses encore pouvaient se produire…
Aussi
ce mardi-là, quand elle m’a annoncé, l’air grave, sérieux,
qu’il fallait qu’on parle, mon sang n’a-t-il fait qu’un
tour : la
catastrophe que j’appréhendais tant était-elle en train de se
produire ?
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