Elle
m’attendait.
‒ Alors ?
‒ Oh,bien !
Bien ! Tout un tas de fois elle a joui.
‒ C’est
pas ce qu’elle m’a dit au téléphone.
‒ Hein ?
Mais…
‒ À
ce qu’il paraît, au contraire, que tu ne t’es, comme cela
t’arrive malheureusement encore beaucoup trop souvent, préoccupé
que de ton petit plaisir à toi.
‒ Mais
c’est pas vrai, enfin !
‒ C’est
ta parole contre la sienne et, la connaissant, elle, et te
connaissant, toi, j’aurais plutôt tendance à penser que c’est
sa version à elle qui est la bonne et que, surtout s’agissant
d’une première fois, tu t’es laissé emporter par ta nature
volcanique. Dont j’ai personnellement fait l’expérience. Et
qu’il a fallu que je canalise à grands coups de fessées
déculottées. Non ?
J’ai
encore voulu protester.
Elle
m’a sèchement fait taire.
‒ Oui,
oh, ben de toute façon, elle va passer. On verra ça à ce
moment-là.
Elle
est passée, oui. Et elle a fait preuve d’un aplomb effarant.
Elle
m’a soutenu, les yeux dans les yeux, que je m’étais comporté
comme un véritable goujat. Que je l’avais utilisée pour parvenir
à mes fins sans lui prêter véritablement attention. Jamais, de sa
vie, elle n’avait encore rencontré un rustre pareil.
Une
telle mauvaise foi m’a mis hors de moi. Je suis sorti de mes gonds.
J’ai tempêté, vociféré, hurlé alors qu’elle restait, elle,
d’un calme olympien. Et ferme sur ses positions.
Margaux
a fait remarquer.
‒ Tu
es incapable de te maîtriser. Que ce soit pour ça ou pour le reste.
La preuve ! Et, en plus, tu mens de façon éhontée. Alors on
va pas discutailler comme ça pendant des heures. Ton compte est bon,
mon garçon. Tu te déculottes.
Je
n’ai pas rendu aussi facilement les armes.
‒ Non,
mais…
Elle
ne m’a pas laissé poursuivre.
‒ Tu
te déculottes, j’ai dit ! Et si ça te convient pas, je ne te
retiens pas. Seulement ce sera définitif.
Sa
menace, je la savais parfaitement capable de la mettre à exécution.
Avoir été privé d’elle quinze jours, ça avait déjà été un
véritable enfer. Alors, pour toujours ? C’était absolument
inenvisageable. Et j’en suis passé par où elle voulait. Par où
elles voulaient.
Aurélie
m’a regardé me déshabiller avec une lueur d’intense
satisfaction dans le regard. Et j’ai détourné les yeux. Et je
l’ai profondément haïe.
‒ Là…
Ça y est ?
Margaux
m’a fait agenouiller, mettre les mains sur la tête.
‒ Et
tu les y laisses, hein ! Sinon, ce sera dix coups
supplémentaires.
Elles
se sont concertées derrière moi à mi-voix.
‒ Oh,
oui, au martinet, oui.
‒ Et
combien de coups ? Décide…
‒ Oh,
pour une première fois, vingt ça me paraît pas mal, non ? Par
contre, s’il récidive…
‒ On
augmentera la dose.
Elles
ont encore chuchoté. Il y a eu un rire. Un autre. Et puis le
silence.
Le
premier coup m’a cueilli par surprise. Et arraché un cri.
‒ Si
tu brailles déjà, qu’est-ce ce sera tout à l’heure !
Trois
autres cinglées. Coup sur coup.
Aurélie
est venue se positionner devant moi. Tout sourire.
‒ Que
je voie un peu sa tronche quand ça dégringole quand même !
Elle
ne m’a pas quitté des yeux tandis que ça continuait à tomber dru
et que je grimaçais de douleur.
Elle
a tranquillement constaté.
‒ Il
bande. Pas complètement. Pas à fond, mais il bande.
Et
elle est repassée derrière.
‒ Oh,
mais c’est que ça commence à prendre tournure. Fini, ce sera
superbe. Une véritable œuvre d’art.
Encore
quatre ou cinq coups. Lancés à pleine puissance. Qui m’ont fait
hurler.
‒ Il
a une très jolie voix, n’empêche !
Et
tomber sur les avant-bras.
‒ Un
peu de tenue quand même !
Ça
s’est arrêté.
Elles
m’ont longuement contemplé le derrière. Des doigts m’ont couru
sur les fesses. Un ongle me les a agacées.
‒ Tu
peux te rhabiller. Mais…
Demain tu te rendras chez Aurélie et tu as intérêt, cette fois, à
ce qu’elle soit satisfaite de toi. Parce que sinon…