Je passais désormais la plupart de mes nuits en compagnie d’Emma
que je convoquais en secret dans la chaleur de mes draps. Emma que
j’avais entendue rugir de plaisir, derrière moi, sans pouvoir la
regarder jouir. Emma que j’avais vue nue, à l’automne, dans sa
salle de bains. Emma dont, quand je fermais les yeux, je revoyais les
seins si lourds, si imposants. Aux pointes qui se dressaient avec
arrogance quand elle dirigeait sur elles le jet de la douche. Quand
elle l’y laissait complaisamment séjourner. Emma dont les replis
rosés s’aventuraient hardiment à l’extérieur de son encoche.
Que je crevais d’envie de revoir entièrement nue, pour de bon,
pour de vrai, malgré tout ce qu’il m’en avait coûté. Ce qui,
je le savais, était, pour le moment du moins, parfaitement
inenvisageable. À moins de courir des risques insensés.
Je faisais aussi venir Manon dont j’avais, à maintes reprises, pu
contempler tout à loisir les adorables petites fesses. Mais moins
souvent. Subrepticement. Un peu comme si j’avais redouté qu’elle
ne me perce à jour et qu’elle ne vienne me reprocher avec
virulence et force claquées le traitement que je lui imposais en
cachette.
Et puis il y avait les autres. Jasmine. Johanna. Dont j’ignorais
comment elles étaient faites. Dont je m’efforçais de deviner
furtivement les seins et les fesses sous les vêtements. Dont je me
demandais douloureusement si elles se mettaient la fente à
découvert. Que j’étais pris de l’irrépressible envie de
contempler à leur tour dans leur nudité intégrale.
J’ai résisté. C’était trop dangereux. Trop risqué. Que, pour
une raison ou pour une autre, je sois démasqué et mon compte serait
bon. Je vivrais l’enfer. Déjà que…
J’ai résisté. Autant que j’ai pu. Pas beaucoup. Pas longtemps.
J’avais vraiment trop envie.
Et j’ai appelé Clémence.
– Ça tient toujours ta proposition ?
– Ma proposition de… ? Mater ensemble ? Évidemment
que ça tient. Évidemment ! Plus que jamais… Viens demain !
C’est mardi en plus !
– Mardi ?
– Tu te rappelles pas ? C’est le mardi qu’elle le
fait cocu, son Léo, Johanna. Dans l’appart juste à côté du
mien.
Et le lendemain, en tout début d’après-midi, j’ai débarqué
chez elle.
– Que je suis contente, tu peux pas savoir ! Depuis le
temps que je rêvais de vivre ça avec un mec… Tiens, viens !
À la fenêtre. Côte à côte.
– Elle va arriver.
– Et pour Jasmine ? T’avais dit…
– Qu’on pourrait la voir à poil. J’avais dit, oui. Mais
alors là, il faut que tu me jures le secret le plus absolu.
J’ai juré.
– Elle fait du hand, Jasmine. Et après, avant de repartir,
elle prend une douche.
– Je vois…
Elle a ri.
– Pas encore, non, mais tu verras. On verra. Depuis une petite
pièce de rangement à côté. D’où on aura une vue imprenable sur
elle et sur ses petites camarades. Sans que personne puisse s’en
rendre compte.
– Et ce sera quand ?
– Je te dirai… Tiens, en attendant, regarde ! Là v’là,
Johanna.
Elle arrivait, effectivement. Sur le trottoir d’en face. Enveloppée
dans un grand manteau rouge. D’un pas pressé.
– Viens !
Dans sa chambre.
– C’est de là qu’on entend le mieux. Et ça perd pas de
temps avec elle. Je te parie ce que tu veux qu’il se passera pas
dix minutes avant qu’elle se soit mise à pousser la chansonnette à
tue-tête.
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