Je suis rentré. J’ai regagné ma chambre. Vaille que vaille. Je me
suis jeté à plat ventre sur mon lit, les fesses en feu. J’ai
fermé les yeux.
Emma avait joui. De m’avoir fouetté. Ça l’avait mise dans tous
ses états. Elle avait joui comme une perdue, dans les bras de son
William, en regardant mes fesses tuméfiées, zébrées par les coups
de martinet qu’elle venait de m’infliger. Et moi, j’avais bandé
comme un cerf de l’entendre, derrière moi, suffoquer de bonheur.
Et seule, la crainte de me prendre, dans la foulée, une deuxième
cinglée par dessus la première m’avait retenu de l’accompagner
d’une main résolue.
Elle s’était rendu compte de mon état. Elle s’en était
d’autant mieux rendu compte que, lorsqu’elle m’avait donné
l’ordre d’aller me rhabiller, je n’avais toujours pas débandé.
Elle s’était esclaffée.
– Non, mais regarde-le, ce petit vicieux ! Regarde-le !
Tu vas pas me dire qu’il les mérite pas, les corrections que je
lui flanque !
William en avait convenu. Je les méritais, oui ! Je les
méritais amplement.
Et elle m’avait fichu dehors. D’une grande claque sur les fesses.
– Dégage, grand dégoûtant !
Sur mon lit, la tête dans l'oreiller, je me suis repassé la scène. Je me la suis fait revivre encore et
encore. Avec complaisance. Avec volupté. J’étais là-bas, dans sa
chambre, le nez contre la cloison, honteux. J’écoutais son souffle
s’emballer. Il y avait un bruit de clapotis. Ses gémissements. Ses
supplications. « Viens, William ! Maintenant ! Oh, viens !
Viens ! » Le déferlement de son plaisir. Longuement
arpégé. Et le déferlement du mien.
Le temps de reprendre mes esprits et j’ai recommencé. En la
regardant cette fois. En imaginant que je me retournais délibérément,
que je me gorgeais d’elle. De ses seins dont il suçotait les
pointes. De sa chatte qui se refermait sur sa queue. Des grands coups
de bassin qu’elle lançait contre lui, la bouche ouverte, les yeux
hagards, à la recherche éperdue de son bonheur.
Et encore. Encore. Plus tard. J’ai pris la place de William. Et
c’est moi qui ai fait vivre ses seins. C’est moi qui ai agacé
son bouton. Qui ai malaxé ses fesses. Qui l’ai pénétrée. Qui me
suis voluptueusement déversé en elle.
Je me suis endormi, épuisé, d’un sommeil encombré de rêves. Des
rêves dans lesquels il y avait Manon. Une Manon qui m’accablait de
reproches.
– Ah, ben bravo ! Bravo ! Alors nous, on se crève à
te punir. Pour te remettre dans le droit chemin. Pour que t’arrêtes
de nous mater derrière notre dos quand on est à poil. Et qu’est-ce
que j’apprends ? Que t’adores ça qu’on te martyrise le
popotin. C’est bien la peine qu’on se donne tout ce mal. Si c’est
pour que t’en redemandes !
Hein ? Ah, mais non. Non. J’aimais pas ça, non. Pas du tout.
Au contraire. Ça faisait un mal de chien.
– Ah, oui ? Et t’as pas bandé peut-être tout à
l’heure quand elle t’a donné le martinet, Emma ?
– Non ! Enfin si ! Oui. Mais ça s’est pas passé
comme ça. C’était pas pour ça…
– Et c’était pourquoi alors ?
– À cause… Parce qu’elle était avec son copain et que
tous les deux…
– Ils s’envoyaient en l’air… Encore mieux ! Encore
mieux ! Parce que ce que ça veut dire alors du coup, c’est
que ça t’est pas passé du tout ce comportement de gros cochon
pervers.
J’ai désespérément essayé de me justifier, d’expliquer que…
Elle n’a rien voulu entendre…
– Oh, mais tu vas voir ! Tu vas voir ! Alors là,
cette fois, tu vas voir…
Et j’ai vu. Senti plutôt. Une fessée. Une monumentale fessée. À
quatre mains. À six mains. À tout un tas de mains.
– Allez-y, les filles, hein ! Allez-y !
Ça tombait. Ça tombait de partout. Manon, mais aussi Emma. Jasmine.
Johanna. D’autres. Des tas d’autres. Que je ne connaissais pas.
Toutes en même temps. Je me suis débattu. J’ai hurlé.
C’est Camille qui m’a réveillé. En entrant en trombe dans ma
chambre.
– Non, mais ça va pas de brailler comme ça !
Elle a jeté un coup d’œil à mon derrière en feu, esquissé un
sourire.
– Oh, là ! Mais tu t’en es encore pris une, toi !
Je vais finir par croire que t’aimes ça !
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