mercredi 18 septembre 2019

Sévères voisines (24)


Emma voulait me voir.
– Je t’attends ! Grouille !
J’ai soupiré. J’allais encore y avoir droit. Et Dieu sait qu’elle ne faisait pas semblant, Emma. Ses cinglées au martinet, j’en gardais les traces plusieurs jours durant. J’appréhendais. Non, mais comment j’appréhendais ! J’ai pourtant fait aussi vite que j’ai pu. Inutile de l’indisposer contre moi. Elle ne manquerait pas de me le faire payer.
– Entre !
Elle sirotait tranquillement un café, adossée à la gazinière.
– Eh ben, mets-toi à l’aise ! Qu’est-ce t’attends ?
Oui, voilà. Tout de suite.
Elle m’a regardé me déshabiller, un petit sourire narquois fiché au coin des lèvres.
– À ce qu’il paraît qu’elles s’amusent bien avec toi, ma sœur et ses copines. J’ai des tas d’échos là-dessus.
J’ai rougi. Essayé de bredouiller vaguement quelque chose.
– Et moi, tu me délaisses. Il n’y en a plus que pour elles.
– Mais non. Seulement…
– Seulement quoi ? Si je ne t’avais pas appelé tout à l’heure, est-ce que tu serais venu ? Non ! Tu sais pourtant quel plaisir très sensuel j’éprouve à voir ton derrière rougir, à te regarder gigoter sous les fouettées, à t’entendre brailler de douleur. Seulement ça, tu t’en fiches complètement. C’est de toi-même, sinon, que tu viendrais, de temps à autre, me rendre une petite visite et m’offrir gentiment ta croupe. Non ? Tu ne crois pas ?
Elle a éclaté de rire.
– Tu verrais ta tête ! Bon, mais va me chercher le martinet, tiens, plutôt. Tu sais où il est.
Je le lui ai tendu et elle m’en a fait courir longuement les lanières, en caresses légères, sur les épaules, le long du torse. Elle est descendue, descendue encore. Ma queue. Sur laquelle elle s’est attardée. Ma queue qui s’est dressée. Autour de laquelle elle les a enroulées.

On a frappé.
– Bouge pas ! Je reviens.
En compagnie d’un type de son âge. Qui m’a détaillé. Des pieds à la tête.
– Je te présente William. Il crevait d’envie d’assister à notre petite séance. Et je n’ai pas eu le cœur de le priver de ce petit plaisir.
Elle m’a fait m’agenouiller.
– Comme d’habitude. Tu connais le protocole.
Et elle a aussitôt cinglé. À grands coups réguliers. Méthodiquement. Depuis le haut du dos jusqu’au bas des fesses. J’ai crié. J’ai couru, sur les genoux, pour échapper. Je me suis affaissé. À plat ventre. Mal. Trop mal.
– Redresse-toi ! J’ai dit : redresse-toi !
J’ai obéi. Et elle a recommencé. Dans l’autre sens. De bas en haut, cette fois. Plus fort. J’ai encore détalé, en piaulant, sur les genoux. C’est le mur qui m’a arrêté. Encore quelques cinglées à toute volée. Et elle a cessé aussi brusquement qu’elle avait commencé.
William a constaté.
– Il est pas bien courageux.
– Ah, ça, c’est le moins qu’on puisse dire.
Et elle m’a expédié au coin.
– Allez, ouste !
Avec interdiction absolue de me retourner.
Derrière moi, il y a eu des chuchotements. Un baiser claqué. Un autre.
La voix de William.
– Comment ça t’a excitée ! T’es toute trempée.
Elle n’a pas répondu. Le silence. Et puis des halètements. Son souffle qui se précipite.
Et encore William.
– Comment tu le lui as mis ! Bien rouge. Bien zébré.
Elle a clamé son plaisir. À grandes trilles éperdues.

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