Camille me cherchait.
– Ah,
t’es là !
Sous
la douche.
– Je
suis là, oui. Qu’est-ce
tu veux encore ?
– Rien.
Enfin, si ! C’est maman. Elle se demande.
Elle s’inquiète pour toi. Et pour Célestine. « Parce
qu’il y est sans arrêt fourré à
côté, chez ces filles, là. Tu saurais rien, toi, Camille par
hasard ? » Ben non, non. Qu’est-ce qu’elle voulait que
je sache ? « Il me fait pas ses confidences. » Bref,
tout ça pour dire qu’elle est persuadée qu’il y
en a une qu’essaie de te prendre dans ses filets. Que ça la désole
pour Célestine. « Elle est adorable, cette fille. Et puis ils
vont tellement bien ensemble tous les deux… » Et
qu’elle soupçonne que c’est Manon. « Ce
serait bien le genre à ça. » Ce qui la fait beaucoup rire,
Manon. « Moi ? Avec ton frère ? Oui, ben alors ça,
il y a pas de
risque. Pour plein de raisons. » Attends ! Attends !
Fais voir !
– Quoi ?
– Tu
t’en es
pris une sévère,
on dirait. Fais voir !
Tourne-toi !
– Oh,
c’est bon !
– Mais
si, tourne-toi !
– Tu
vas me fiche la paix, oui ? Tu vas me fiche la paix ?
– Je
me demande ce qu’elle dirait, maman, si elle le
savait ça, qu’elles te
flanquent des fessées. Et
pourquoi. Bon, alors, tu
te tournes ?
Si
elle l’apprenait maman… Mais
c’est qu’elle était capable d’aller lui dire, cette garce !
Et
je me suis tourné, la
rage au ventre.
– Cette
branlée ! T’as dû
la sentir passer, celle-là, dis donc ! En
tout cas c’est tout
récent. C’était quand ? Hier, sûrement. Vu les couleurs et
comment ça boursoufle par endroits. Oui,
c’était hier. Non ?
– Ben
oui, c’était hier, oui.
– Et
c’était qui ? Pas Manon. On s’est vues tout à l’heure.
Elle me l’aurait dit. Madame Beauchêne non plus. C’est à la
main, elle, plutôt, qu’elle
le fait. Reste Emma.
D’autant qu’Emma, le
martinet, c’est son
truc, à ce qu’elle
m’a dit, Manon.
Oui, c’est Emma. C’est forcément Emma. Qu’est-ce t’avais
fait ?
– Mais
rien du tout, enfin !
– Ben,
voyons ! T’as jamais rien fait, toi, si on t’écoute. Tu
parles qu’elle t’a flanqué une correction, comme ça, pour rien.
Mais bien sûr ! Je vais te croire. Non,
t’avais encore dû laisser
traîner les yeux où il
fallait pas. Si c’est pas les mains. Elle t’a pris sur le fait.
Et puis voilà. Pourquoi tu veux pas le dire ?
– Mais
parce que c’est pas vrai !
– Et
il insiste en plus ! T’as beaucoup crié ?
– Crié ?
Mais j’ai pas crié !
– Alors
là, je suis bien tranquille. Chaque fois tu cries. Comme un cochon
qu’on égorge. Et tu gigotes tant et plus du derrière. Tu vas pas
dire le contraire. Parce
qu’on en a parlé, hier,
avec Manon. Et
ses copines.
– Comment
ça, vous en avez parlé ?
Avec quelles
copines ?
– Ben,
celles
de la fac, tiens, tu sais
bien ! Tu
les connais. Jasmine.
Johanna. Et puis une
autre. Clémence qu’elle s’appelle. Elle
était pas au courant, elle. Et elle en revenait pas. « Des
fessées ? Des vraies fessées ? Cul nu ? »
« Eh, oui ! » Et elle lui a raconté, Manon, du
coup, avec plein de
détails,
comment
tu fais
bien la
danse de la croupe. Et le
Pavarotti. Ce qu’elle
lui a
dit aussi, c’est
pourquoi elles t’en flanquent toutes les trois. Ce que t’as fait,
là, à la fenêtre de la
salle de bains. Sans
compter sûrement tout le reste qu’on sait pas. Elle
a trouvé, elle aussi,
Clémence, comme
les autres, que c’était largement mérité. Et même, vraiment
pas cher payé. Parce
que c’est
insupportable les mecs dans ton genre, toujours derrière le cul des
filles, à les emmerder, d’une
façon ou d’une autre.
Plus d’une heure on en a
parlé de tout ça. Et je peux te dire que t’en as pris plein la
tête, mais alors là, vraiment plein la tête. Ce que je peux te
dire aussi, c’est que ce qu’elle leur a promis, là, de t’en
flanquer une devant elles, elles attendent ça avec une impatience !
Et que c’est pour bientôt.
– Quand ?
Tu sais quand ?
– Tu
verras bien.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire