mercredi 10 juillet 2019

Sévères voisines (14)


Le lundi matin, à huit heures et demi, j’avais un texto. De Manon.
– Arrive !
– Mais j’ai cours !
– On s’en fout. Arrive, j’te dis !

Elle était seule avec Emma.
– Maman a dû s’absenter. On va t’avoir que pour nous deux ce matin. Ça te fait plaisir ?
Oui. Enfin, non. Si ! Seulement…
Elles ont éclaté de rire.
– En tout cas, qu’est-ce qu’on s’est amusées l’autre soir ! T’aurais vu ta tête ! Ah, t’étais dans tes petits souliers, hein !
– Ça, faut reconnaître qu’il payait.
– Avoue que t’as cru qu’on allait le dire à un moment.
– Vous aviez promis.
– Ben oui, on avait promis, oui. Mais si ça nous avait toquées, d’un coup, de pas tenir notre promesse ? On aurait pu si on avait voulu.
– Et t’aurais été dans de sacrés beaux draps. J’imagine ta mère.
– Et ta copine.
– Ah, sûr qu’elles auraient été ravies d’apprendre que t’es une saloperie de petit pervers qui mate dans les salles de bains.
– Oh, mais t’inquiète pas, on le dira pas…
– À condition, bien sûr, que tu continues à te laisser bien gentiment punir. Aussi souvent et aussi longtemps qu’on le voudra.
– Comme maintenant, par exemple.
Et Emma s’est mise à jouer avec la boucle de ma ceinture.
– Te crispe pas comme ça ! À quoi ça t’avance, hein, tu peux me dire ?
Qu’elle a fait glisser le long des passants.
– Avec elle, je vais te le faire. Tu la verras d’un tout autre œil après, je suis sûre. Elle te rappellera des souvenirs.
Elle a déboutonné mon pantalon, fait glisser la fermeture Éclair et elle m’a tout descendu, en même temps, jusque sur les chevilles.
– Là ! Et maintenant tu te retournes. Tu me donnes ton derrière.
Ce que j’ai fait, à petits pas entravés.
– Et tu t’agenouilles, mains derrière la nuque.
J’ai obéi.
– Tu sais que ça te va très bien, cette position ? Très très bien…
Manon a abondé dans son sens.
– Oh, oui, alors !
– Prêt ?
J’ai gardé le silence.
– Je t’ai posé une question. Prêt ?
– Oui.
D’une toute petite voix.
– Plus fort !
– Prêt, oui.
Elle a cinglé d’un coup. À toute volée.
J’ai crié.
Un autre. Presque aussitôt. Un autre encore. Une multitude d’autres. À intervalles de plus en plus rapprochés.
Ça brûlait. Ça mordait. Ça déchirait. Ça faisait mal. Tellement.
J’ai hurlé. Tout du long. Sans la moindre retenue. Sans la moindre pudeur.
Elle s’est arrêtée.
– Tu commences une carrière de chanteur ?
Elles ont ri. De bon cœur.
– Tu bouges pas de là. Tu restes comme ça. Que je puisse contempler mon œuvre !
Et elles se sont installées derrière moi, sur le canapé. À chuchoter. À commenter. À être prises de grandes crises de fou rire.
Quand elles m’ont enfin libéré, il était midi.

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