– Alors ? Prêt ? C’est le grand jour.
– Elles
sont pas là ?
– Non.
Pas encore. Mais elles vont pas tarder. Pas trop peur ?
– Si !
Je suis mort de trouille en fait.
– Mais
tu t’es pas défilé. C’est tout à ton honneur.
– T’es
sûr ?
– De
quoi donc ?
– Que
je fais pas une connerie.
– Mais
non ! C’est ce qui peut t’arriver de mieux. Et tu le sais
très bien.
– Non,
je le sais pas justement.
Elle
n’a pas répondu. Elle s’est absorbée dans sa peinture. J’ai
jeté un coup d’œil par-dessus son épaule et puis je me suis mis
à marcher de long en large. De la porte à la baie vitrée. De la
bais vitrée à la porte.
– Tu
peux pas t’asseoir, s’il te plaît ? Tu me donnes le
tournis.
M’asseoir ?
Ah, oui, oui, bien sûr !
Je
l’ai fait pour me relever, presque aussitôt.
– Elles
viendront peut-être pas ?
Elle
a ri.
– T’en
as envie et pas envie en même temps, hein ! Mais si, elles vont
venir, si ! Ça ne fait pas l’ombre d’un doute.
Elles
sont venues. Toutes les quatre. Avec tout un remue-ménage. Du parler
fort. De grands rires. Elles ont entouré Julie.
– Vous
savez ce qu’on a décidé ? On va se le jouer aux cartes.
Elle
a souri.
– C’est
une excellente idée, les filles !
– Allez,
perdons pas de temps…
Et
elles se sont assises par terre. En rond. Ont sorti des cartes. Les
ont battues.
Estelle
s’est tournée vers moi.
– Mets-toi
à poil, toi ! Que ça nous motive !
Elles
m’ont regardé faire, un petit sourire au coin des lèvres.
– Et
approche maintenant ! Plus près ! Là…
Elles
se sont absobées dans leur partie. En jetant, de temps à autre, un
coup d’œil sur moi.
Les
cartes s’abattaient. Carla notait les scores. Assise à son
chevalet, Julie suivait avec curiosité le déroulé des opérations.
Moi
aussi. Je ne connaissais strictement rien à ce jeu qu’elles
semblaient parfaitement maîtriser, mais, par contre, j’ai vu, avec
inquiétude, Estelle faire largement course la tête avant d’être
progressivement rattrapée par Jessica qui l’a coiffée sur le fil.
Et
qui a poussé un cri de triomphe.
– Il
est à moi, les filles ! T’es à moi, petit bonhomme !
– Et
il a pas fait le plus dur…
– Oui.
Parce qu’avec elle, il va morfler.
– Et
quelque chose de rare.
Elle
est venue vers moi, m’a pesé sur les épaules, fait agenouiller
devant elle.
– T’es
content ?
Je
l’étais.
– Ça
a pas l’air.
– Oh,
si, si !
– Eh
ben, dis-le alors !
– Je
suis heureux d’être à vous.
Elle
a jeté un regard circulaire tout autour d’elle.
– Il
y a pas un martinet quelque part ? Que je marque mon territoire…
Julie
lui a indiqué, d’un hochement de tête, le tiroir où il se
trouvait.
– Eh
bien, va me le chercher, toi, qu’est-ce t’attends ?
Je
me suis exécuté. Je le lui ai rapporté. Tendu.
– C’est
la première fois. Fais un vœu. Et tourne-toi !
Le
martinet s’est abattu. À pleines fesses.
FIN
C'est terminé pour cette première partie. On retrouvera ces personnages ultérieurement. Pour le moment laissons-les souffler et intéressons-nous, dès mercredi prochain, à de sévères voisines.
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