mercredi 3 avril 2019

Julie, artiste peintre fesseuse (34)


– Alors ? Prêt ? C’est le grand jour.
– Elles sont pas là ?
– Non. Pas encore. Mais elles vont pas tarder. Pas trop peur ?
– Si ! Je suis mort de trouille en fait.
– Mais tu t’es pas défilé. C’est tout à ton honneur.
– T’es sûr ?
– De quoi donc ?
– Que je fais pas une connerie.
– Mais non ! C’est ce qui peut t’arriver de mieux. Et tu le sais très bien.
– Non, je le sais pas justement.
Elle n’a pas répondu. Elle s’est absorbée dans sa peinture. J’ai jeté un coup d’œil par-dessus son épaule et puis je me suis mis à marcher de long en large. De la porte à la baie vitrée. De la bais vitrée à la porte.
– Tu peux pas t’asseoir, s’il te plaît ? Tu me donnes le tournis.
M’asseoir ? Ah, oui, oui, bien sûr !
Je l’ai fait pour me relever, presque aussitôt.
– Elles viendront peut-être pas ?
Elle a ri.
– T’en as envie et pas envie en même temps, hein ! Mais si, elles vont venir, si ! Ça ne fait pas l’ombre d’un doute.

Elles sont venues. Toutes les quatre. Avec tout un remue-ménage. Du parler fort. De grands rires. Elles ont entouré Julie.
– Vous savez ce qu’on a décidé ? On va se le jouer aux cartes.
Elle a souri.
– C’est une excellente idée, les filles !
– Allez, perdons pas de temps…
Et elles se sont assises par terre. En rond. Ont sorti des cartes. Les ont battues.
Estelle s’est tournée vers moi.
– Mets-toi à poil, toi ! Que ça nous motive !
Elles m’ont regardé faire, un petit sourire au coin des lèvres.
– Et approche maintenant ! Plus près ! Là…
Elles se sont absobées dans leur partie. En jetant, de temps à autre, un coup d’œil sur moi.
Les cartes s’abattaient. Carla notait les scores. Assise à son chevalet, Julie suivait avec curiosité le déroulé des opérations.
Moi aussi. Je ne connaissais strictement rien à ce jeu qu’elles semblaient parfaitement maîtriser, mais, par contre, j’ai vu, avec inquiétude, Estelle faire largement course la tête avant d’être progressivement rattrapée par Jessica qui l’a coiffée sur le fil.
Et qui a poussé un cri de triomphe.
– Il est à moi, les filles ! T’es à moi, petit bonhomme !
– Et il a pas fait le plus dur…
– Oui. Parce qu’avec elle, il va morfler.
– Et quelque chose de rare.
Elle est venue vers moi, m’a pesé sur les épaules, fait agenouiller devant elle.
– T’es content ?
Je l’étais.
– Ça a pas l’air.
– Oh, si, si !
– Eh ben, dis-le alors !
– Je suis heureux d’être à vous.
Elle a jeté un regard circulaire tout autour d’elle.
– Il y a pas un martinet quelque part ? Que je marque mon territoire…
Julie lui a indiqué, d’un hochement de tête, le tiroir où il se trouvait.
– Eh bien, va me le chercher, toi, qu’est-ce t’attends ?
Je me suis exécuté. Je le lui ai rapporté. Tendu.
– C’est la première fois. Fais un vœu. Et tourne-toi !
Le martinet s’est abattu. À pleines fesses.

FIN

1 commentaire:

  1. C'est terminé pour cette première partie. On retrouvera ces personnages ultérieurement. Pour le moment laissons-les souffler et intéressons-nous, dès mercredi prochain, à de sévères voisines.

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