mercredi 17 avril 2019

Sévères voisines (2)


Ce fut Manon la première. Le soir même de leur retour.
La nuit venait de tomber. J’attendais, fébrile, le cœur dans les tempes, au fond du jardin. La fenêtre de la salle de bains s’est enfin éclairée. D’un bond, j’ai sauté la clôture et j’ai gagné, le plus silencieusement possible, mon poste d’observation.
Manon… Elle était nue, debout dans la baignoire. Elle me tournait le dos. Et j’ai pu me repaître tout à loisir de deux amours de petites fesses bien fermes, bien musclées, sur lesquelles et entre lesquelles le gant de toilette a longuement couru. Elle ne s’est pas retournée. Elle a enjambé le rebord de la baignoire et elle a disparu de mon champ de vision. Éteint. C’était fini.
Je suis rentré la tête – et le reste – en feu. Ravi de ce que j’avais vu, mais, en même temps, profondément frustré de ne pas avoir pu en voir davantage.

Son tendre minou, jalousement refermé sur ses secrets, recouvert d’une fine résille bouclée, ses jolis seins menus, aux larges aréoles foncées, je n’ai pu, les jours suivants, les apercevoir que furtivement, rapidement, trop rapidement, à deux ou trois reprises. Elle se douchait en effet systématiquement dos à la fenêtre. Ces rares moments tant espérés, où elle me livrait enfin brièvement davantage, n’en étaient que plus précieux.

Emma, elle, se tournait et retournait, dans un sens, dans l’autre, sous le jet. Tant et si bien qu’elle m’offrait généreusement, les uns après les autres, tous ses trésors. Ses seins lourds, amples, veinés de bleu, aux pointes arrogantes, dodelinant et oscillant doucement. Son encoche toute lisse qui laissait d’adorables et tendres morceaux de chair pointer délibérément le nez au-dehors. Ses fesses replètes, joliment rebondies qui s’offraient délicieusement et longuement à mes regards.

Il y avait aussi Madame Beauchêne. J’avais eu scrupule, au début, à lui faire subir le même traitement qu’à ses filles, mais j’avais fini par m’enhardir et par prendre infiniment de plaisir à la contempler, elle aussi. De façon beaucoup plus cérébrale. Elle avait certes la cinquantaine extrêmement alléchante, mais ce qui me séduisait surtout, c’était l’idée que je me repaissais des charmes d’une femme qui avait le double de mon âge. Et même un peu plus.

On s’enfonçait dans l’automne. Ce qui signifiait que la nuit tombait de plus en plus tôt et que le jour se levait de plus en plus tard. L’obscurité me dérobait à d’éventuels regards extérieurs. J’avais donc du temps. De plus en plus de temps. Du temps pour les voir nues, oui, bien sûr, mais aussi pour les voir se livrer, avec ravissement, à toutes les activités auxquelles une femme s’adonne dans le secret d’une salle de bains.

Et puis, il y a eu ce soir-là. Le dix-huit octobre. La soirée était d’une douceur exceptionnelle. Je venais d’assister à la toilette d’Emma. Manon lui avait aussitôt succédé. Je la regardais. De tous mes yeux. Et j’espérais. Comme chaque fois que c’était elle. J’espérais qu’elle allait enfin s’offrir à moi longuement de face. Oh, s’il te plaît ! S’il te plaît !
Une main s’est brusquement abattue sur mon épaule. J’ai sursauté. Je me suis retourné, terrifié. C’était Madame Beauchêne.
– Non, mais faut pas te gêner !
– Oui… Non… Mais c’est parce que… C’est-à-dire que…
– Que quoi ?
Que rien. Rien. Qu’est-ce que je pouvais dire ? Quelle excuse invoquer ? Je suis resté piteusement silencieux, tête basse.
– Ah, elle va être contente, ta mère, quand elle va apprendre ça…
Ma mère ?
Je le suis fait suppliant.
– Oh, non, non ! S’il vous plaît ! Pas ma mère !
Elle a coupé court.
– Passe chez moi demain matin. On réglera ça. Et tâche de pas oublier.
Je suis retourné à la maison, anéanti.

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