Ce fut Manon la première. Le soir même de leur retour.
La
nuit venait de tomber. J’attendais, fébrile, le cœur dans les
tempes, au fond du jardin. La fenêtre de la salle de bains s’est
enfin éclairée. D’un bond, j’ai sauté la clôture et j’ai
gagné, le plus silencieusement possible, mon poste d’observation.
Manon…
Elle était nue, debout dans la baignoire. Elle me tournait le dos.
Et j’ai pu me repaître tout à loisir de deux amours de petites
fesses bien fermes, bien musclées, sur lesquelles et entre
lesquelles le gant de toilette a longuement couru. Elle ne s’est
pas retournée. Elle a enjambé le rebord de la baignoire et elle a
disparu de mon champ de vision. Éteint. C’était fini.
Je
suis rentré la tête – et le reste – en feu. Ravi de
ce que j’avais vu, mais, en même temps, profondément frustré de
ne pas avoir pu en voir davantage.
Son
tendre minou, jalousement refermé sur ses secrets, recouvert d’une
fine résille bouclée, ses jolis seins menus, aux larges aréoles
foncées, je n’ai pu, les jours suivants, les apercevoir que
furtivement, rapidement, trop rapidement, à deux ou trois reprises.
Elle se douchait en effet systématiquement dos à la fenêtre. Ces
rares moments tant espérés, où elle me livrait enfin brièvement
davantage, n’en étaient que plus précieux.
Emma,
elle, se tournait et retournait, dans un sens, dans l’autre, sous
le jet. Tant et si bien qu’elle m’offrait généreusement, les
uns après les autres, tous ses trésors. Ses seins lourds, amples,
veinés de bleu, aux pointes arrogantes, dodelinant et oscillant
doucement. Son encoche toute lisse qui laissait d’adorables et
tendres morceaux de chair pointer délibérément le nez au-dehors.
Ses fesses replètes, joliment rebondies qui s’offraient
délicieusement et longuement à mes regards.
Il y
avait aussi Madame Beauchêne. J’avais eu scrupule, au début, à
lui faire subir le même traitement qu’à ses filles, mais j’avais
fini par m’enhardir et par prendre infiniment de plaisir à la
contempler, elle aussi. De façon beaucoup plus cérébrale. Elle
avait certes la cinquantaine extrêmement alléchante, mais ce qui me
séduisait surtout, c’était l’idée que je me repaissais des
charmes d’une femme qui avait le double de mon âge. Et même un
peu plus.
On
s’enfonçait dans l’automne. Ce qui signifiait que la nuit
tombait de plus en plus tôt et que le jour se levait de plus en plus
tard. L’obscurité me dérobait à d’éventuels regards
extérieurs. J’avais donc du temps. De plus en plus de temps. Du
temps pour les voir nues, oui, bien sûr, mais aussi pour les voir se
livrer, avec ravissement, à toutes les activités auxquelles une
femme s’adonne dans le secret d’une salle de bains.
Et
puis, il y a eu ce soir-là. Le dix-huit octobre. La soirée était
d’une douceur exceptionnelle. Je venais d’assister à la toilette
d’Emma. Manon lui avait aussitôt succédé. Je la regardais. De
tous mes yeux. Et j’espérais. Comme chaque fois que c’était
elle. J’espérais qu’elle allait enfin s’offrir à moi
longuement de face. Oh, s’il te plaît ! S’il te plaît !
Une
main s’est brusquement abattue sur mon épaule. J’ai sursauté.
Je me suis retourné, terrifié. C’était Madame Beauchêne.
– Non,
mais faut pas te gêner !
– Oui…
Non… Mais c’est parce que… C’est-à-dire que…
– Que
quoi ?
Que
rien. Rien. Qu’est-ce que je pouvais dire ? Quelle excuse
invoquer ? Je suis resté piteusement silencieux, tête basse.
– Ah,
elle va être contente, ta mère, quand elle va apprendre ça…
Ma
mère ?
Je
le suis fait suppliant.
– Oh,
non, non ! S’il vous plaît ! Pas ma mère !
Elle
a coupé court.
– Passe
chez moi demain matin. On réglera ça. Et tâche de pas oublier.
Je
suis retourné à la maison, anéanti.
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