Le
lendemain soir, il était encore là, au bas de l’escalier.
– Alors ?
– C’est
non.
– Non ?
D’un
air désolé.
– Par
contre, ce qu’elle propose, c’est que ce soit moi qui m’occupe
de vous.
– Comment
ça, vous ?
– Moi,
oui. Sachant que vous pourrez toujours prétendre que c’est elle
qui vous a pris en mains. Et que si, d’aventure, votre femme vient
aux renseignements, elle ne vous démentira pas.
Julie
a hoché la tête.
– Et
il a accepté ?
– De
mauvaise grâce. De très mauvaise grâce. En fait, l’impression
qu’il m’a donnée, c’est de n’y consentir que dans l’espoir
d’arriver, d’une façon ou d’une autre, à ses fins. À savoir
être fouetté par toi.
– Oui,
ben ça, c’est pas demain la veille.
– Cela
étant, je crois que t’as raison. Il a tout inventé. Il est même
pas marié, si ça se trouve.
– Je
te le disais. Il est pas franc du collier, ce type. Non, tu sais
quoi ? C’est quelqu’un qu’a entendu parler de moi, je sais
pas trop comment, et de ce qui se passe ici. Et qui crève d’envie
que je le dérouille. Sauf que moi, cingler les fesses d’un mec
juste parce qu’il aime ça et que ça l’excite, c’est vraiment
pas mon truc. Tu me connais suffisamment pour savoir que j’aspire à
autre chose. Et, de toute façon, j’ai horreur qu’on essaie de me
forcer la main. Cela étant, que ça ne t’empêche pas de le faire
venir. On trouvera bien le moyen, à un moment ou à un autre, de lui
donner une petite leçon.
Domitien
est arrivé sur le coup de midi.
– Ben
alors ! On s’offre des grasses matinées somptueuses ?
– Non…
Non… Mais c’est-à-dire que…
– Que
t’étais pas tranquille. Et si, malgré tout, elles étaient allées
les montrer, ces photos ? Parce qu’on savait jamais. Elles
étaient capables de tout. Et t’as voulu aller faire un petit tour
au café où t’as tes habitudes. Et la plupart de tes copains. Ce
qui t’a rassuré. Ils n’étaient, à l’évidence, au courant de
rien. Mais t’as quand même poussé, dans la foulée, à tout
hasard, jusqu’à la boîte de nuit où tu t’es conduit de façon
aussi odieuse avec Carla. Tu as discuté. Sondé. Aussi discrètement
que possible. Et non. Décidément, non. Personne n’avait entendu
parler de quoi que ce soit. Vu quoi que ce soit. Tu n’avais aucune
espèce de raison de t’inquiéter. Et tu es rentré te coucher. Il
était tard. Très tard. En attendant la confiance règne, on peut
pas dire. Quand elles vont savoir ça…
Il a
baissé la tête, voulu dire quelque chose, s’est ravisé.
– Et
elles le sauront.
Il
n’a pas relevé. Il s’est déshabillé. Complètement. S’est
dirigé vers son chevalet.
– Attends !
Attends ! Fais voir !
Elle
l’a fait pivoter sur lui-même. Lui a examiné les fesses.
– C’est
en bonne voie. Demain, après-demain au plus tard, tout aura disparu.
À leur tour de jouer. Et, à mon avis, elles vont s’en donner à
cœur-joie.
Il
est allé s’asseoir. S’est emparé d’un pinceau. S’est mis au
travail.
– Est-ce
que ?
– Est-ce
que quoi, Domitien ?
– Non.
Rien.
Ils
ont peint, tous les deux, elle et lui, côte à côte, un long
moment, en silence.
– Qu’est-ce
que tu voulais savoir ? Si Estelle et Carla vont passer
aujourd’hui ? La réponse est oui. Jeter un coup d’œil sur
l’état des lieux. Et puis elles t’ont concocté une petite
surprise.
– Une
surprise ?
– Et
une belle, tu verras !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire