mercredi 6 février 2019

Julie, artiste peintre fesseuse (26)


Quand il est revenu, le lendemain matin, il avait la mine défaite, le teint blafard.
– Oh, toi, t’as pas beaucoup dormi…
Julie a rectifié.
– Tu veux dire qu’il a pas fermé l’œil de la nuit, oui !
Il nous a regardés, l’un après l’autre, d’un air suppliant.
– Elles en ont fait quoi de la photo, vous croyez ?
Julie a soupiré.
– Encore ! Mais c’est une obsession. Qu’est-ce tu veux qu’on en sache ? Remets-toi au boulot, tiens, plutôt ! Tu verras bien…
Il s’est installé.
– Elles ont dit qu’elles allaient revenir.
– Oui. Et alors ?
– Ce sera quand ?
– Quand elles en auront envie. Bon, mais maintenant tu la fermes. Parce que si c’est pour ressasser sans arrêt. Alors tu bosses et tu la boucles.

Ça a été sur le coup de neuf heures du soir. Il y a d’abord eu leurs pas dans l’escalier.
– Les v’là !
Et elles ont fait irruption en grands fous rires.
– Qu’est-ce qu’on s’est amusées !
– Oh, oui, alors !
– Tu sais le café où tu m’as larguée devant tout le monde ? Eh bien c’est là qu’on est allées. En direct. Ils y étaient presque tous. Sauf Valentin. Et Hugo. Ils voulaient pas y croire au début quand on a sorti la photo. « Mais si, c’est lui ! Oh, putain, c’est Domitien, les mecs ! » Je peux te dire que ça y est allé les commentaires. Et qu’est-ce qu’ils se sont fichus de toi ! Ah, tu vas en entendre quand tu vas y retourner ! Moi, j’ai pas de conseils à te donner, mais, à ta place, j’éviterais de me pointer là-bas. Au moins dans un premier temps.
Carla a surenchéri.
– T’en prendrais plein la gueule. Pour pas un rond.
– D’autant qu’on va y retourner.
– Oui. Et puis après, vendredi soir, direction la boîte de nuit où tu m’as flanqué la méga honte. Ah, elle va circuler, la photo. On va même la dupliquer. Que tout le monde puisse en profiter.
– Vous allez pas faire ça !
– On va se gêner ! Et même… Sur Internet, on va la mettre.
Il n’a pas répondu. Il est devenu tout pâle. Les larmes lui sont montées aux yeux.
Elles ont eu pitié.
– Mais non, oh, on n’est pas comme ça… C’est pas parce que toi, t’es pourri jusqu’à la moëlle que nous, on doit forcément l’être aussi…
Une lueur d’espoir s’est allumée dans son regard.
– Vous l’avez pas montrée alors !
– On l’a pas montrée, non ! Mais on peut encore. Si tu y tiens absolument…
– Oh, non, non ! Non, non, non…
D’un air si convaincu qu’elles ont éclaté de rire.
– Par contre, tu vas nous devoir une compensation.
– Oui, tu vas gentiment nous offrir ton petit derrière à fesser. C’est la moindre des choses, non, tu crois pas ?
Il a baissé la tête.
– Si !
– Ah, tu vois… Qu’est-ce tu préfères ? Fouet ? Martinet ? Ceinture ? Cravache ? Paddle ? Autre chose ?
– Je sais pas. Je…
– Eh bien tu réfléchiras. Tu nous diras. Sinon… C’est nous qu’on décidera. Et, dans ton intérêt, vaudrait mieux pas. Bon, ben allez, bonsoir tout le monde. À bientôt.

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