– En
espérant qu’il va pas nous poser aussi un lapin, celui-là…
– Alors
là, lui, je suis bien tranquille. J’ai assez discuté avec. Il y a
pas le moindre risque. Par contre, ce que je me demande, c’est si
je vais suivre le cérémonial habituel.
– Comment
ça ?
– Ben,
ça devient lassant à force. En tout cas pour moi. Je les dérouille.
Photos. Douze heures. Rephotos. Redouze heures. Rerephotos. Jusqu’à
extinction des feux fessiers. Quelques petits coups de pinceau par
là-dessus, à mes moments perdus. Et je remets ça avec un autre.
Non, faudrait peut-être bien que je change un peu de registre. De
façon de procéder. Même si, sur le fond, je touche absolument à
rien.
– Oh,
toi, t’as une idée derrière la tête…
– Non ?
Tu crois ?
Elle
a regardé l’heure, s’est levée.
– Il
va arriver. Tu lui ouvres ? Je reviens.
Un
bref…
– Ça
va depuis ce matin ?
Et
il s’est déshabillé sans un mot.
Elle
a presque aussitôt fait son apparition. En peignoir. Le même
peignoir.
– Tournez-vous !
Il
lui a docilement obéi.
Elle
lui a contemplé un long moment les fesses.
– Mouais…
Ça a pas trop bougé depuis ce matin. Ça veut pas vraiment
s’épanouir en jolis rouges profonds. Le mieux, du coup, ce serait
peut-être qu’on reprenne tout à zéro. Non ? Vous croyez
pas ? Ben, regardez-moi !
Il
s’est retourné, a été sur le point de dire quelque chose, s’est
ravisé, finalement tu.
– À
moins que ce ne soit finalement pas nécessaire. Que la leçon de ce
matin n’ait porté ses fruits. C’est le cas ?
– C’est
le cas.
Elle
a eu une moue dubitative.
– Espérons-le !
Non, parce que ce qu’il faut bien que vous finissiez par vous
mettre dans la tête, vous, les mâles, c’est que vous n’avez
absolument pas à éprouver de désir à notre égard tant que nous
ne le souhaitons pas. C’est parfaitement inacceptable. Nous ne
sommes pas des instruments voués à la satisfaction de vos appétits
sexuels. Quant aux lieux communs éculés habituels, « Ça ne
se commande pas ! » « C’est une réaction
physiologique incontrôlable », et autres sornettes du même
tabac, vous n’en êtes plus là, j’espère…
– Non.
– Sûr ?
– Sûr.
– Me
voilà rassurée. Je peux donc laisser tomber mon peignoir sans
susciter, de votre part, de réaction inappropriée ?
– Vous
le pouvez.
– Sachant
quand même que, là dessous, je suis complètement nue.
À
peine a-t-elle eu le temps de faire mine d’en dénouer la ceinture
que la queue du type a fait un bond, s’est élancée, dressée
toute droite, palpitante.
Elle
s’est interrompue. A éclaté de rire.
– Va
encore falloir que j’aille au charbon. Vous êtes décidément
incorrigibles, vous, les mecs, hein ! Bon, mais allez !
Avec
un grand soupir.
Elle
s’est emparée du martinet qui était posé au pied du chevalet.
Est passée derrière lui. A lentement promené les lanières sur ses
épaules, sur son dos, sur ses fesses.
– Je
vais l’enlever mon peignoir. Je serai beaucoup plus à l’aise
pour vous corriger. Mais vous ne verrez pas. Vous ne verrez rien.
Vous avez interdiction formelle de vous retourner.
Et
elle l’a fouetté. Entièrement nue.
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