mercredi 17 octobre 2018

Julie, artiste peintre fesseuse (10)


– Tu dis rien ?
Il venait de partir, le type. Et elle, d’enfiler un peignoir. Vert à petites fleurs roses.
– Hein ? Tu dis rien ? T’es choqué, c’est ça ?
– Choqué ? Bien sûr que non. Pourquoi je serais choqué ?
– Parce que je lui reproche de bander. Que je le lui interdis. Que t’es un mec. Et que bander, c’est le genre de truc à quoi un mec il tient plus qu’à n’importe quoi au monde.
– Faut reconnaître qu’il pouvait difficilement prétendre qu’il bandait pas.
– En fait, c’est quelqu’un qui voudrait absolument réussir à se maîtriser de ce côté-là.
– Ça risque de pas être simple…
– Si j’ai bien compris, mais j’ai pas cherché à approfondir non plus, si j’ai bien compris, il est soumis à des tentations auxquelles il est impératif pour lui de parvenir à résister. Il a donc sollicité mon aide.
– Que tu as généreusement consenti à lui apporter. Quelle bonne Samaritaine tu fais !
– Fiche-toi bien de moi ! Non, il est bien évident que si je n’y avais pas trouvé mon compte…
– Et largement… Ah, tu y es pas allée de main morte. Il va pas pouvoir s’asseoir d’un moment, le pauvre homme !
– C’était pas la mer à boire non plus.
– Enfin…
– Il s’en remettra.
– On se remet toujours de tout. En tout cas, ce qu’il y a de sûr, à te voir faire, c’est que tu prends un pied pas possible à mettre des derrières en feu.
– Je n’ai jamais prétendu le contraire, mais, au risque de te surprendre, ce n’est pas ce qui est vraiment essentiel à mes yeux.
– Ah, oui ? Et c’est quoi alors ?
– Moi, tu sais, dès qu’il y a un challenge à relever…
– Et celui-là, il est de taille.
– Mais surtout, il me parle. Parce que, quand t’es une femme, c’est sans arrêt… sans arrêt… sans arrêt qu’ils t’emmerdent avec leur queue, les mecs. D’une façon ou d’une autre. Ils sont totalement incapables de se réfréner là-dessus. Et, au quotidien, ça te pourrit littéralement la vie. Alors, quand il t’en tombe un entre les pattes, bien décidé à faire de louables efforts pour modifier son inacceptable comportement dans ce domaine, faudrait être complètement stupide pour ne pas sauter sur l’occasion.
– Je vois. En somme, tu ne choisis jamais tes victimes au hasard.
– Jamais. Quand on a l’embarras du choix, on peut se permettre d’être très sélective.
– Et Julien, lui alors, quels ont été les critères ?
– Oh, Julien ! C’est tout un poème, Julien. Au départ, je l’avais éliminé. Il a insisté, m’a adressé d’interminables missives. J’ai fini par le trouver attachant et par lui soupçonner, à tort ou à raison d’avoir des tendances homosexuelles dont il n’a absolument pas conscience. Et je me suis lancé pour défi de les faire progressivement remonter à la surface. Et de l’amener à les accepter.
– Vaste programme ! Et… d’autres challenges en vue ?
– Bien sûr.
– Qui sont ?
– Ah, ça, cher ami, c’est encore mon secret. Chaque chose en son temps. Et, pour l’heure, ce qui est d’actualité, c’est Charles. Qui fera sa réapparition tout à l’heure quand les douze heures fatidiques se seront écoulées. Tu seras là ?
– Si ma présence t’est encore indispensable.
– Elle l’est.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire