mercredi 26 septembre 2018

Julie, artiste peintre fesseuse (7)


Aussitôt la porte refermée, elle m’a applaudi. Du bout des doigts.
– Vous avez été parfait. Absolument parfait.
– Moi ?
– Vous, oui. Comment vous l’avez mis mal à l’aise !
– Je n’ai pourtant rien fait pour ça.
– Que vous dites.
– Je vous assure…
– Vous aviez une de ces façons de le regarder. Vous le dévoriez des yeux, oui !
– Je me suis pas rendu compte.
– Lui qui voulait pas de témoins, surtout masculins, ben, pour le coup, il était servi. Ah, il a pas fini d’y repenser. Et d’appréhender de vous trouver encore là ce soir. Vous y serez ?
– Je sais pas, je…
– Bien sûr que si ! Vous en crevez d’envie, avouez ! On va pas le ménager, vous allez voir ! J’adore. J’adore vraiment. Bon, mais en attendant, c’est pas tout ça. J’ai du travail.
Elle s’est installée devant son chevalet. A fait défiler les photos qu’elle venait de prendre. Hésité.
– Spontanément, j’irais plutôt vers celle-là. Les zébrures y sont bien mises en valeur. Mais, d’un autre côté, sur l’autre, là, j’adore l’expression de son visage. Il y a un petit je ne sais quoi… C’est pas le plaisir. C’est pas la honte. C’est un peu des deux. Avec quelque chose en plus. Que j’arrive pas vraiment à définir. Non. J’hésite. J’hésite vraiment. Laquelle vous choisiriez, vous ?
– Oh, la première. Sans la moindre hésitation.
– J’en étais sûre.
Elle a éclaté de rire.
– Pourquoi vous riez ?
– Non. Pour rien. Comme ça.
– Mais si ! Dites…
– Ses attributs masculins y sont très apparents.
– Je n’y avais pas prêté la moindre attention.
– Ça vous attire, les hommes, hein !
– Absolument pas.
– Oh, mais je vous crois ! Je vous crois.
Avec un petit sourire entendu qui signifiait, à l’évidence, qu’elle n’en pensait pas un mot.
Elle a déposé une première touche de couleur sur la toile.
– On pourrait faire une sacrée bonne équipe, tous les deux, n’empêche, si on voulait !
– Comment ça ?
– Une femme seule, qui reçoit des hommes chez elle, dans les conditions que vous savez est exposée à ce qu’à un moment ou à un autre, les choses dérapent. Quand bien même elle ferait preuve de la plus extrême prudence.
– Ça vous est déjà arrivé ?
– Une fois. Non deux. J’ai réussi à me tirer d’affaire, mais c’est passé fin. Très fin. Si bien que si je disposais, en permanence, d’un comparse, je vivrais les choses de façon beaucoup plus sereine. Et ça me permettrait de retenir des candidatures que je rejette, à l’heure actuelle, impitoyablement parce qu’elles me paraissent présenter des risques sérieux.
– Je comprends mieux.
– Vous comprenez mieux quoi ?
– Pourquoi vous avez tant tenu à reprendre contact avec moi.
– C’est peut-être l’une des raisons. Ce n’est pas forcément la plus importante.
– Ah… Et c’est quoi la plus importante ?
Elle a posé un doigt sur ses lèvres.
– Chuuuut…

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