mercredi 7 mars 2018

Pauline, Jessica, Chloé et les hommes mariés (8)

Dessin de Mike:

http://placardemike.blogspot.com

– Bon, alors qu’est-ce qu’on fait pour Luc ? On est lundi. Il nous attend sûrement. Fidèle au poste. Comme tous les lundis. Puisqu’on lui en a donné l’ordre.
– Ah, ça, il y a pas de risque qu’il nous fasse faux bond. Il a bien trop peur qu’on mette notre menace à exécution. Et sa femme au courant.
– À quelle sauce on va le manger aujourd’hui ?
– Ce qu’on pourrait peut-être, c’est faire venir Lancelot et lui en coller une devant lui ?
– Ah, ça, le connaissant, il va pas du tout aimer.
– Justement ! Raison de plus.
J’ai fait la moue.
– Déjà ! Vous croyez ? On pourrait peut-être le laisser d’abord mariner un peu, non ? Se contenter de le lui annoncer. Qu’il ait le temps de bien appréhender.
– Le pauvre !
– S’il trompait pas sa femme de façon aussi éhontée, on serait pas obligées d’en arriver à ces extrémités.
Pauline avait une autre idée.
– Non, je vais le mettre sur le gril. J’adore quand il se sent en faute et qu’il prend son petit air penaud. Ça me motive d’une force, après, pour le punir.
– T’aimes toujours autant ça, hein ?
– Plus que jamais.

Il était effectivement là.
– Alors, mon petit Luc, déjà à pied d’œuvre ? T’aurais pu en profiter pour te désaper. Ça nous aurait fait gagner du temps. Oui, oh, ben laisse maintenant ! Je vais m’en occuper. Ça me distraira. Et les copines aussi. Allez, lève les bras. Qu’est-ce t’as fait cette semaine ? T’as encore essayé de prendre tout un tas d’innocentes victimes dans tes filets, je suis sûre.
– Oh, non ! Non !
– Menteur ! C’est plus fort que toi. Tu peux pas t’en passer ! Lève la jambe ! L’autre maintenant. Tu ferais beaucoup mieux d’avouer. Parce qu’on sait beaucoup de choses sur toi. Presque tout. Eh oui, on a nos informatrices. T’as beau changer sans arrêt de pseudo, explorer de nouveaux sites, t’es quand même suivi à la trace. Eh oui, mon cher ! Voilà ce que c’est de toujours faire les mêmes fautes d’orthographe. Et des fautes très caractéristiques. Alors, je te repose la question. C’est quoi ton tableau de chasse de la semaine ?
– Mais non, mais…
– Maintenant, si tu préfères, on peut prendre contact avec ta petite femme. Qui sera certainement ravie d’apprendre à quoi tu passes ton temps. Et avec qui.
– Il y a juste eu…
– Ah, tu vois quand tu veux. Quoi ?
– Dorothée.
– Le slip, maintenant. Là ! Et tourne-toi un peu. Qu’elles puissent profiter de toi sous toutes les coutures, mes copines. Oui, alors tu disais ? C’est qui, cette Dorothée ? Elle a quel âge ?
– Trente-sept.
– Elle travaille ?
– Non, mais son mari, oui. Il est représentant de commerce.
– Voyez-vous ça ! T’as flairé le bon coup, hein, espèce de petit vicieux. Le mari absent. La femme en manque.
– On s’est juste vus, comme ça, vite fait, au café. Il y a encore rien eu.
– Mais tu fais tout ce que tu peux pour qu’il y ait. C’est pas vrai peut-être ?
Il n’a pas répondu. Il a gardé les yeux obstinément baissés.
– Quinze coups de fouet. Qu’est-ce que vous en pensez, les filles ? Ça vous paraît raisonnable comme tarif ?
Moi, oui. Ça m’allait tout-à-fait. Mais Jessica, elle, aurait bien vu qu’on en rajoute une dizaine.
– Il y aura d’autres occasions. Peut-être même pas plus tard que tout-à-l’heure. Allez, on l’opère. À genoux, toi. Les mains sur la tête.
Elle a distillé ses coups très lentement, à pleines fesses, ménageant, entre chacun d’eux, un intervalle d’une bonne vingtaine de secondes. Il les ponctuait, chaque fois, d’un gémissement haut perché.
– Quelle doudouille tu fais ! Bon, et après…
– Après ?
– Ben oui, après… Tu t’es pas contenté de Dorothée. Ce serait trop beau. Il y en a eu d’autres.
– Je vous assure…
– Mon petit doigt me dit que t’es allé traîner tes guêtres du côté de la fac. Non ? Il se trompe ?
– J’y suis passé. Vite fait.
– Et tu voulais nous cacher ça ? Tu sais que c’est pas bien du tout ?
– J’y pensais plus.
– Mais bien sûr ! Et alors ? Tu t’en es pris aux petites étudiantes. C’est ça, hein ?
– J’ai discuté avec. Seulement discuté.
– Et tu leur as raconté quoi ? Que t’étais un grand spécialiste de l’archéologie sous-marine ? De la tectonique des plaques ? De la littérature du XVIIIème siècle ? Tu leur as proposé de les aider dans leurs études ? Eh bien, réponds !
– Ma mère était espagnole.
– C’est un sacré atout, ça. Et il y en a qu’ont mordu à l’hameçon ?
– Il y en a une qu’est en troisième année de licence et qu’arrive toujours pas à attraper vraiment l’accent.
– Et t’as sauté sur l’occasion. T’es vraiment incorrigible, toi, hein ! T’as quel âge ?
– Cinquante.
– Et, à cinquante ans, ça te dérange pas de courir derrière des gamines de vingt ans ? Tu devrais avoir honte. Honte.
On a fait chorus, Jessica et moi.
– C’est vraiment dégueulasse…
– Et il s’en vante en plus.
– Là, ça mérite bien vingt coups. Facile…
– Et même peut-être pas tout seuls. J’irais jusqu’à vingt-cinq, moi. Voire même trente.
– Trente. Et c’est vous qu’allez les lui donner, les filles ! La moitié, pour commencer. L’autre moitié, ce sera pour lundi prochain. Parce qu’on t’a pas encore dit à toi, mais lundi prochain, il y aura un invité. Un charmant petit jeune homme que ça va beaucoup amuser de te voir tanner le derrière. Ça te plaît ? T’es content ?
– Pas trop, non.
– Tu sais quoi ? Ben, on s’en fiche. Royalement. Parce que tant que t’auras pas changé ton comportement, t’auras pas ton mot à dire. C’est nous qu’on décidera. À ce propos d’ailleurs, attends-toi à ce que, prochainement, on te convoque aussi le jeudi. En plus du lundi. Et tu sais pourquoi ? Parce que, comme ça, t’auras le croupion rougi en permanence. Et que c’est pas franchement le meilleur cas de figure pour conclure. Tu vois qu’on pense à toi. Plus question de te laisser faire n’importe quoi. Et ce, dans ton intérêt. Bon, mais allez ! Assez discuté. Vous lui donnez ses quinze coups, les filles ? On n’a pas que ça à faire.
Un martinet chacune. Et on a tapé. Un coup chacune. En alternance. À toi. À moi. De plus en plus fort. L’émulation. Il a serré les dents. N’a crié qu’à la fin. Tout à la fin.

Comment elle avait fait Pauline pour savoir pour cette Dorothée ? Elle avait vraiment mené une enquête ?
– Penses-tu ! J’y suis allée au flan.
– Et pour la fille de la fac ?
– Pareil.
– T’as sacrément pris le pas sur lui, n’empêche !
– Et, apparemment il y prend goût. De plus en plus.

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