mercredi 14 mars 2018

Pauline, Jessica, Chloé et les hommes mariés (9)

Dessin de Mike:

http://placardemike.blogspot.com

Ce qu’elle aurait aimé Jessica…
– Mais vous allez pas vous vexer au moins, les filles ?
– Dis toujours…
– Le Lancelot, là… Qu’on a dit que j’allais prendre à mon service…
– Oui… Eh, bien ?
– Je préfèrerais, si ça vous ennuie pas, être toute seule avec. Au moins la première fois. Je me sentirais beaucoup plus à l’aise.
– Oh, mais il y a pas de problème. C’est comme tu le sens !

Elle nous a fait, le lendemain, un rapport enthousiaste.
– C’est du beurre, ce type ! Du beurre ! On en fait ce qu’on veut.
– Et tu t’en es pas privée…
– Oh, ben non, attends ! J’aurais été bien conne.
– Bon, mais si tu nous racontais, plutôt !
– J’ai attaqué direct. Parce que je me suis dit que si je commençais à tergiverser, j’étais fichue. J’aurais un mal fou à redresser la barre. Alors à peine il a eu passé la porte que je lui ai envoyé deux beignes. Et pas des petites. « Qu’est-ce qu’on dit ? » Il m’a regardé d’un air ahuri. Et vlan ! Une autre. « Alors ? Qu’est-ce qu’on dit ? » Son visage s’est illuminé d’un coup. « Merci » « Ah, ben c’est pas trop tôt. Merci, qui ? » « Merci, Madame. » Je lui en ai encore balancé une. Accompagnée d’un haussement d’épaules. « Madame ! C’est d’un conventionnel ! Pourquoi pas Maîtresse aussi tant que tu y es ? Non. Pour toi, je serai « Votre Seigneurie » ou « Votre Altesse » selon mon humeur du moment. Compris ? » « Oui, votre Altesse. » Encore une gifle. À toute volée. Pas de chance ! Aujourd’hui, c’est Votre Seigneurie ! Bon, mais qu’est-ce que t’attends ? Désape-toi ! Faut vraiment tout te dire à toi, hein ! » Il s’est empressé de le faire. Et il est resté là, tout nu, les yeux baissés, devant moi. Je suis partie d’un grand fou rire. Il était vraiment trop drôle comme ça ! Un fou rire qui s’est indéfiniment prolongé. Pour sa plus grande confusion.
– Ce qui le faisait bander, je suis sûre.
– Oh, non, non ! C’était plutôt le contraire. Il était tout rabougri, son machin. J’ai eu beau le solliciter un peu, du bout du pied, il y a rien eu à faire.
– Et après ?
– Après ? Je l’ai passé à la question. Il faisait quoi chez lui ? La cuisine ? « Non ». Le ménage alors ? Pas davantage. La lessive non plus. Ni les courses. Ni le repassage. « Oui, toute une éducation à refaire, quoi ! » Je l’ai installée à la table de la cuisine, du coup. À éplucher des pommes. Des monceaux de pommes de terre. Il n’a fait que ça. Éplucher. Tout l’après-midi.
– Sans qu’il proteste ?
– J’aurais bien voulu voir ça, qu’il proteste ! Alors là !
– Et pour finir ?
– Je l’ai congédié.
– Sans même une petite fessée ?
– Ah, ben non, non ! Il en avait bien trop envie ! Mais je la lui ai promise. Pour la prochaine fois. Quant à savoir si je tiendrai ma promesse, ça, c’est une autre histoire. Je verrai.
– Et tu le revois quand ?
– J’ai pas encore décidé. Quand ça me toquera.
– Et ça te toquera bientôt, j’imagine…
– Je sais pas. Dans un sens, oui, j’ai bien envie. Mais dans l’autre, plus je le ferai mariner, plus il sera à ma botte…
– En douce que t’en as fait du chemin depuis Sylvain…
– C’est à lui qu’il faudrait que tu t’en prennes maintenant. À lui qu’il faudrait que tu fasses subir le même sort. Tu tiendrais ta vengeance.
– J’y pense des fois.
– C’est pas seulement d’y penser… T’as toutes les cartes en mains. Le jour où tu vas décider de passer à l’action, tu vas jouer sur du velours.
– Je sais, oui. C’est bien pour ça que je m’entraîne. Sur Lancelot. Mais venez demain ! Il sera là. On va bien s’amuser.

Sur le pas de la porte, il a fermé les yeux. Dans l’attente d’une baffe qui n’est pas venue. Dont elle ne l’a gratifié que dans le séjour. Quand il ne l’attendait plus.
– Merci, Votre Altesse !
Une autre. À toute volée.
– Votre Seigneurie. Aujourd’hui, c’est Votre Seigneurie…
– Merci, Votre Seigneurie !
Et il s’est déshabillé. En pliant bien soigneusement ses vêtements, au fur et à mesure. Et en les déposant, tout aussi soigneusement, sur la petite table basse devant la télé.
Elle l’a laissé faire. Jusqu’au bout. Et puis :
– Non, mais ça va pas ? Qu’est-ce qui te prend, Lancelot ?
– C’est vous qui m’avez dit…
– Qui t’ai dit quoi ?
– De me mettre tout nu. Dès que j’arrive ici.
– Mais pas quand il y a mes amies. Tu peux comprendre ça quand même, non ? Ou alors c’est que t’es complètement idiot.
– J’avais pensé…
– Oui, eh bien, arrête de penser. C’est pas dans tes cordes. Non, mais tu n’as pas honte ? Infliger, comme ça, à tout un chacun, le spectacle de ton ventre flasque et de tes ridicules petites coucougnettes.
– Je suis désolé.
– Ah, tu peux…
Il a voulu reprendre ses vêtements sur la table basse.
– Qu’est-ce tu fais ?
– Ben, je me rhabille.
– Quelqu’un te l’a demandé ?
– Ben, non, mais…
– Tu en prends bien à ton aise, moi j’trouve, aujourd’hui… Il est temps d’y mettre bon ordre… Et tiens, ça tombe bien, puisque t’es à poil, je vais t’en coller une. Au battoir, cette fois. On verra si tu fais autant le fier. Va me le chercher. Il est dans la cuisine. Premier tiroir.
Il l’a ramené, le lui a tendu.
– Eh bien, mets-toi en position. Qu’est-ce t’attends ?
Il s’est docilement penché.
Pauline a fait remarquer…
– Il va brailler avec ça, non ?
– Il y a toutes les chances, oui.
– Ce serait pas mieux sur le palier, du coup ? Que tout le voisinage en profite ?
– Excellente idée ! Non, mais alors là, excellente idée ! Allez, amène-toi, toi !
Il l’a docilement suivie. Jusqu’au bas de l’escalier qui menait à l’étage supérieur.
Elle l’a coincé sous son bras et elle a aussitôt tapé. À grands coups de battoir qui lui résonnaient sur le derrière. Qui s’y inscrivaient en larges plaques rouge vif et qui, très vite, lui ont arraché des cris d’orfraie.
À l’étage il y a eu des rires. Moqueurs. Et puis des voix. Féminines.
– Ah, tu vois, c’est un mec. J’t’avais dit !
– Un castrat alors ! Vu comment il chante…
– Je crois pas, non ! Il en a deux qui pendent.
– En tout cas, qu’est-ce qu’il se ramasse !
Jessica a mis fin. À regret.
– Il a son compte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire