‒ C’est
bien. Tu es à l’heure.
Elle
m’a jeté un long regard inquisiteur. Qui m’a couru de la tête
aux pieds.
‒ Et
tu es à peu près présentable. Bon, allez ! En route !
C’était
un coquet petit pavillon de banlieue. Aux parterres fleuris
soigneusement entretenus. Une femme nous a accueillis sur le perron.
‒ Alors,
c’est ce grand garçon !
Elle
m’a tendu la main.
‒ Moi,
c’est Anne. Mais entrez ! Entrez !
Dans
le séjour.
Un
type, un jeune, s’est levé à notre approche.
‒ Lui,
c’est Thomas. Mais ça, tu te doutes.
On
s’est serré la main, un peu gênés.
Il
y avait aussi une fille. D’à peu près mon âge.
‒ Et
là, c’est Camille. Une petite voisine. À qui j’en ai parlé.
Que ça interpelle, tout ça. Mais si ça pose un problème…
Margaux
s’est récriée.
‒ Pas
du tout ! Pas du tout ! Au contraire ! Elle pourra en
prendre de la graine. Parce qu’elle aussi, un jour ou l’autre,
elle se trouvera confrontée à des garçons qui ne se soucieront que
de leur petit plaisir égoïste. Si c’est pas déjà le cas.
Elle
a fait signe que oui, la fille. Oui. Si !
‒ Ce
qui ne me surprend absolument pas. C’est dans leur nature, aux
mâles. À nous de savoir les discipliner. J’allais presque dire,
les domestiquer. Et c’est comme tout, ça, c’est quelque chose
qui s’apprend. Bon, mais allez, trêve de bavardages. Rien de tel
que de prêcher d’exemple. Allez, explique-nous, Alexandre…
Que
j’explique ?
‒ Parle-nous
un peu de ton comportement d’hier soir.
J’ai
baissé la tête.
‒ Je…
‒ Tu ?
‒ J’ai
eu mon plaisir. Sans lui donner le sien.
‒ Et
c’est le genre de comportement qui se paie cash, ça ! Non ?
‒ Si !
‒ Et
alors ? Il va t’arriver quoi ?
‒ Je
vais être fessé.
‒ Comment ?
‒ Cul
nu.
‒ Tout
à fait. Alors, allez ! Tu sais ce qu’il te reste à faire.
Et
je me suis déshabillé. Le plus posément possible. Sans leur
tourner le dos. Je savais que je me serais alors exposé à un
humiliant rappel à l’ordre.
Anne
arborait un indéchiffrable petit sourire. Et a constaté.
‒ En
tout cas, il est docile.
Thomas,
lui, cherchait mes yeux dans l’intention manifeste de s’efforcer
d’y déchiffrer ce que je pouvais bien éprouver dans une situation
aussi inconfortable que celle-là. Puisque c’était ce qui lui
pendait au nez, à lui aussi. À moins qu’il ne préfère renoncer
à toute relation avec elle. Quant à Camille, elle étudiait
tranquillement mon anatomie. Sans la moindre gêne. Ce qui a eu pour
résultat immédiat de provoquer chez moi une incontrôlable
érection.
Qui
lui a arraché un petit rire moqueur.
Margaux
s’est confortablement installée, m’a courbé en travers de ses
genoux, calé.
Et
elle a expliqué.
‒ Une
fessée à la main, ce n’est pas ce qu’il y a de plus douloureux.
Loin s’en faut. De ce côté-là, le martinet est beaucoup plus
efficace. Mais c’est ce qu’il y a de plus mortifiant pour
l’amour-propre. Parce que c’est infantilisant. Surtout quand
c’est, comme ici, devant du monde.
Et
elle a lancé une première claque. Vigoureuse. Une autre. Une
dizaine d’autres. Appliquées avec force.
‒ La
première chose à faire, c’est de préparer le terrain. De le
rendre réceptif. Ce qui implique de s’inscrire dans la durée. Et
d’en garder sous le coude. Pour après.
Elle
a encore accentué la force et la rapidité des coups. Longtemps.
S’est enfin arrêtée.
‒ Ça
m’a l’air bien. On peut passer à la vitesse supérieure.
Et
c’est reparti de plus belle. Cuisant. Brûlant. Insupportable. J’ai
crié. Je me suis époumoné.
‒ Alors
ça, c’est quelque chose dont il ne faut tenir aucun compte. Parce
que, dans la quasi-totalité des cas, ils en rajoutent tant qu’ils
peuvent. Pour apitoyer. Ou pour obtenir un répit qu’il n’y a
aucune espèce de raison de leur accorder. Au
contraire.
Et
elle m’a fait hurler.