Célestine était dans ma chambre. Sur mon lit.
J’ai écarquillé les yeux.
– Toi ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? T’es
arrivée quand ?
Elle s’est levée d’un bond.
– Je sais tout !
J’ai commencé par nier. Par réflexe. À tout hasard.
– Tu sais quoi ? Qu’est-ce que c’est que cette
histoire ?
– Fais voir tes fesses ! Allez, fais voir !
Elle s’est saisie de la boucle de ma ceinture.
J’ai protesté. Mollement. Très mollement. Vu la façon dont les
choses semblaient vouloir tourner, mieux valait sans doute, dans mon
propre intérêt, faire profil bas.
Elle m’a déculotté. Avec détermination. A tout descendu,
pantalon et boxer, sur les chevilles.
– Tourne-toi !
Elle m’a saisi par le bras. Fait pivoter sur moi-même.
– Effectivement !
Elle m’a longuement passé la main sur le derrière, a redessiné
les contours de la fessée que je venais de recevoir.
– J’attends des explications.
– T’as dit que tu savais.
– Je veux l’entendre de ta bouche. Allez, j’écoute !
– C’est que j’ai…
– Oui ?
– Épié les voisines sous la douche.
– Et qu’elles t’ont surpris. Ensuite ?
– Elles m’ont menacé de tout raconter.
– À qui ?
– À tout le monde.
– Et à moi en particulier.
– À moins que j’accepte d’être puni.
– Ce que tu as fait. Mais, en attendant, du coup, tu m’as
menti. Par omission, mais tu m’as menti. Et tu as poussé de fait,
en passant cet accord avec elles, les autres à me mentir aussi.
J’étais pourtant la première concernée, non ? Et en droit
de savoir qui tu es en réalité puisque je sors avec toi, puisque je
couche avec toi et puisqu’on envisage de faire notre vie ensemble.
Non ?
– Ben oui, mais…
– Mais tu savais pertinemment comment j’allais réagir. Bon,
mais il y a pas que ça…
J’ai feint l’étonnement.
– Pas que ça ?
– Il faut vraiment que je te rafraîchisse la mémoire ?
Tu ferais beaucoup mieux de la retrouver tout seul, tu sais ! Ça
vaudrait beaucoup mieux.
– Ah, oui ! C’est vrai ! Il y a eu le stade. Les
vestiaires…
– Les voisines te suffisaient plus, faut croire ! Il te
fallait carrément toute une équipe de hand… Tu veux que je prenne
ça comment, moi, hein ? Tu crois vraiment que je vais pouvoir
passer ma vie avec un type dont je serai amenée à me demander sans
arrêt s’il court pas reluquer tout un tas de petites nanas dès
que j’ai le dos tourné ?
– Je le ferai plus, je t’assure ! Non, si, c’est
vrai, hein !
– Que tu prétends ! Pour rattraper le coup. En te
disant, en arrière-fond, qu’une fois que l’orage sera passé, tu
pourras à nouveau, à condition d’être discret, te livrer à tes
dépravations.
– Je te jure que…
– Mais bien sûr ! Évidemment ! Tu vas pas dire le
contraire. Non, je vais être franche avec toi, Raphaël ! Après
un truc pareil, je sais plus du tout où on est tous les deux. Je me
sens trahie. Alors faut que je réfléchisse. Que je pèse le pour et
le contre.