mercredi 19 juin 2019

Sévères voisines (11)


Et, évidemment, au retour, Camille m’attendait, ça ! Dans le couloir.
– Tu t’en es pris une, hein ? Oh, si ! Si, t’en es pris une ! Rien qu’à voir ta tête !
– Chut ! Moins fort ! Maman…
– Elle peut pas entendre. La télé gueule.
J’ai filé dans ma chambre. Elle m’y a suivi.
– C’est quoi qui se passe au juste ?
– Mais rien ! Qu’est-ce tu veux qu’il se passe ?
– Je sais pas. Il y a bien un truc. C’est sans arrêt qu’elles veulent te voir à côté. Et à chaque fois tu te ramasses une fessée.
– Pas à chaque fois.
– T’en as pas eu une, là, peut-être ?
– Mais non !
– Menteur ! Fais voir !
– Non, mais ça va pas ? Et puis quoi encore ?
– Alors c’est que c’est vrai. Si tu veux pas montrer, c’est que c’est vrai.
– Tu penses ce que tu veux.
– Si tu fais pas voir, je descends lui dire à maman que t’en as eu une l’autre jour. Et sûrement aujourd’hui aussi. Tu t’expliqueras avec elle.
– T’es vraiment une sale petite peste.
– Fais voir ! Non ? Bon !
Et elle s’est dirigée vers la porte.
Mais c’est qu’elle en était capable, cette garce !
– Attends ! Attends !
Je lui ai tourné le dos. Et j’ai un peu baissé mon pantalon.
– Plus bas ! Je vois rien.
Plus bas.
– Encore ! Encore ou bien…
J’ai complètement dégagé les fesses.
– Là ! Voilà ! T’es contente ?
– Wouah ! C’est dingue comment elles sont rouges ! Tu dois déguster un max, non ?
Elle s’est penchée. Tout près.
– Comment j’aurais pas aimé, moi, en recevoir une comme ça !
– Bon. Ça y est ?
Et j’ai voulu me reculotter.
– Non ! Attends ! Attends ! J’ai pas fini de regarder. Qui c’est qui te l’a donné ? Madame Beauchêne ? Oui. Sûrement ! Eh ben dis donc ! Elle y est pas allée de main morte.
Elle s'est absorbée dans sa contemplation.
– Elle y étaient, les deux autres ? Elles ont assisté ?
– Non.
– Oui, oh, alors là, je suis bien tranquille. Bien sûr qu’elle y étaient. Et qu’elles ont tout vu.
Elle m’a laissé me reculotter.
– Elle est au courant, Célestine ?
J’ai hurlé.
– Tu vas pas lui dire ?
– En principe, non. En principe. Parce qu’on sait jamais à l’avance de quoi demain sera fait.
Elle a posé la main sur la poignée de la porte.
– Et tout ça, c’est parce que tu leur as piqué des trucs cet été ?
– Voilà, oui.
– Je n’en crois pas un mot. Il y a autre chose. Que tu veux pas dire. Oh, mais je saurai. Alors là, t’inquiète pas que je saurai.

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