Célestine était désolée. Vraiment.
– Mais
je vais pas pouvoir venir. Parce que je sais pas vous, mais nous, on
a de la neige comme de la neige.
– Ici
aussi, oui.
– C’est
impraticable. Je tiens pas à casser la voiture. Et moi avec.
– Fais
pas d’imprudence ! Surtout fais pas d’imprudence !
– En
plus, j’ai tout un tas de partiels la semaine prochaine. Faut que
je bosse. Faut vraiment que je bosse.
Et
on a remis à la semaine suivante.
Le
samedi matin, Camille a surgi dans ma chambre avec, au coin des
lèvres, un petit sourire ironique.
– Elles
veulent encore te voir à côté.
– Tout
de suite ?
– Ben
oui, tout de suite. Pas dans six mois. Elles vont te flanquer une
fessée, c’est ça, hein ?
Je
n’ai pas répondu.
Elle
a haussé les épaules.
– Mais
si que c’est ça ! Bien sûr que c’est ça.
Madame
Beauchêne était furieuse.
– Et
menteur en plus !
– Mais
non, mais…
– Mais
si ! Tu le savais pertinemment qu’elle viendrait pas, ta
copine. Seulement t’as voulu retarder les échéances.
J’ai
eu beau protester de ma bonne foi. Elle devait venir. C’était
prévu. Seulement la neige… Ses partiels…
Elle
n’a rien voulu savoir.
– Tu
as menti. Bon, mais tu te déculottes, mon garçon ! Et
celle-là, je peux te dire que tu vas t’en souvenir.
C’est
Manon qui a officié.
– Oh,
ben oui, attendez ! C’est mon tour. Il y a que moi qui lui ai
pas fait.
– Oui,
mais alors tu tapes, hein ! Tu fais pas semblant.
– Ayez
pas peur ! Il va pas être déçu du voyage.
Elle
s’est assise.
– Viens
là, toi !
En
travers de ses genoux. Elle m’y a calé. Elle m’a posé une main
sur les fesses.
– T’en
as bien profité, hein, petit saligaud ! Tu m’as matée en
douce sous toutes les coutures. Tu vas me le payer. Je peux te dire
que tu vas me le payer !
Et
elle a tapé. À plein régime. D’emblée. De grandes claques qui
tombaient de haut. Puissantes. Sonores. Régulières.
Debout
juste en face de moi, tout près, Emma suivait avec beaucoup
d’attention le déroulé des opérations. Elle a cherché mes yeux.
Je les ai détournés. Baissés. Elle m’a empoigné par les
cheveux, obligé à relever la tête, à les lui donner.
Manon
a encore accentué l’intensité des coups. Et le rythme.
Je
m’étais juré de supporter stoïquement la correction. Elle ne
m’arracherait pas un cri. Pas une larme. Je n’y ai pas tenu. Ça
faisait mal. Trop mal. Tellement ! J’ai gémi. Je me suis
lamenté. J’ai fini par crier. À pleins poumons. Et j’ai battu
désespérément des jambes.
Une
dernière cascade de coups. À toute volée. À pleine puissance.
– Là !
T’as cherché. T’as trouvé.
Et
elle m’a laissé me relever.
Emma
arborait un sourire moqueur.
– Oh,
il a mal, le grand garçon ?
Madame
Beauchêne a absolument tenu à ce que je reste boire un café avec
elles.
– Mais
si, t’as bien le temps !
Et
elle a conseillé.
– Vaut
mieux pas que tu t’asseois. Parce que dans l’état où il est, tu
vas le sentir passer.
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