mercredi 20 mars 2019

Julie, artiste peintre fesseuse (32)


– Fais voir !
Il s’est tourné.
Jessica a fait la moue.
– Pas mal ! Je suis pas mécontente du tout. Mais quand même ! Faudrait rajouter une petite touche ici.
Elle a cinglé.
– Et une autre là ! Pour l’harmonie de l’ensemble.
Il a gémi.
– Là ! Parfait. T’es beau comme un sou neuf. Tu peux aller retrouver Mimine.
Il s’est empressé de se rhabiller. Et a détalé.
Elles ont éclaté de rire.
– Le pauvre ! Comment tu l’as arrangé…

Pauline a levé les yeux sur moi.
– Bon, mais c’est qui lui au juste, en fait ?
Julie a souri.
– Lui ? C’est David.
– Et qu’est-ce qu’il fait là ?
Elle a haussé les épaules.
– Tout et rien. Disons que c’est un peu comme mon assistant.
– Pour fouetter ?
– Oh, non, non ! Là, Martin, c’était un cas particulier. Une exception.
– Ah, j’aime mieux ça ! Parce que c’est le genre de type qu’on voit pas du tout dans le rôle.
Jessica a surenchéri.
– C’est bien pour ça que je le lui ai retiré des mains, ce Martin.
Et les deux autres ont fait chorus.
– Oui. On l’imagine plutôt en train d’en recevoir qu’en donner.
– C’est vrai qu’il a le profil à ça.
Pauline a insisté.
– Ce qui nous dit toujours pas ce qu’il fait là.
Julie a précisé.
– Il regarde. Il écoute. Et, éventuellement, il donne son avis.
– En gros, il sert à rien, quoi !
– Vous savez ce que je crois, moi, les filles ? C’est que c’est quelque chose qui le fascine, les fouettées. Il passerait pas son temps ici sinon…
Estelle était bien de cet avis.
– Il prend son pied à regarder les autres se ramasser des branlées, à défaut de pouvoir admettre qu’il crève d’envie d’en recevoir.
– Faudrait lui en faire prendre conscience alors.
– Ce serait lui rendre service, oui. Il s’épanouirait enfin…
– Alors l’idéal, ce serait qu’il y en ait une d’entre nous qui le prenne en charge à temps plein. Pour le faire aller au bout de lui-même. À condition, évidemment, que Julie veuille bien nous l’abandonner.
Laquelle Julie s’est défaussée.
– C’est à lui de voir.
– C’est tout vu. Il dit rien. Qui ne dit mot consent.
– Rien qu’à regarder la tête qu’il fait n’importe comment, c’est clair qu’il est partie prenante.
– Mais qu’il est dans l’incapacité de l’avouer.
– Il apprendra à le faire. Petit à petit. À condition de tomber entre de bonnes mains.
– Les miennes.
– Ou les miennes.
– On verra, les filles… On verra… Ça, on va en parler entre nous.

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