Elle
lui a minutieusement examiné le fessier.
– C’est
en voie de résorption. Ce soir – demain au plus tard –
ça aura complètement disparu. Bon, mais tu peux te remettre au
travail…
Ce
qu’il a aussitôt fait.
Je
suis venu me pencher par-dessus son épaule.
Il a
levé sur moi un regard inquiet.
– C’est
nul, hein ?
– Nul,
non, mais, pour être franc, ton coup de pinceau est loin de valoir
celui de Julie.
– Oui,
mais ça !
Elle
est intervenue.
– On
s’en fiche un peu de la façon dont il peint. C’est son problème.
Non, on va reprendre notre petite conversation d’hier soir, plutôt.
Il
s’est raidi.
– Allez,
on t’écoute…
– Vous
m’écoutez ?
– Oui.
Parle-nous d’Estelle, tiens, par exemple…
– Estelle ?
– Estelle,
oui. Prends pas cet air idiot. T’es bien sorti avec ?
– Oui.
Si ! Mais comment vous savez ?
– On
sait énormément de choses. Beaucoup plus que tu ne le crois. Alors,
Estelle ?
– On
est sortis, oui. Pas longtemps.
– Et
tu l’as larguée. Pourquoi ?
– J’en
avais fait le tour.
– Avec
quelle délicatesse ces choses-là sont dites. Et elle a pris ça
comment ?
– Pas
très bien.
– Et
pour cause. Elle s’est accrochée ?
– Oh,
pour ça, oui !
– Ce
qui t’a gonflé. Quelle emmerdeuse, hein ! Et maintenant ?
– J’ai
plus de nouvelles.
– Eh
bien, je vais t’en donner, moi, des nouvelles ! Elle est
détruite, Estelle. Elle ne peut plus avoir confiance. En personne.
Dès qu’un garçon commence à s’intéresser d’un peu près à
elle, elle freine des quatre fers. Il a pourtant l’air sincère, ce
type. Oui, mais toi aussi tu paraissais l’être. Et tu t’es
fichue d’elle. Dans les grandes largeurs. Alors qu’est-ce qui lui
dit que ça va pas recommencer ? Qu’une fois qu’il aura eu
ce qu’il voulait, le type, il va pas la bazarder sans autre forme
de procès. Du coup elle ne s’aventure qu’avec précaution. Du
bout des sentiments. Résultat des courses : elle lui paraît
tiède à ce brave garçon. Pas vraiment investie. Tout simplement
pas amoureuse. Et il n’insiste pas. Est-ce que tu te rends compte
que tu as bouzillé quelque chose d’essentiel en elle ? Que tu
lui as gâché la vie ?
– Je…
– Tu ?
– Je
me rendais pas compte.
– La
belle excuse ! Et le pire, c’est que tu continues ! C’est
que tu lamines toutes celles qui passent à ta portée. C’est que
tu piétines leurs sentiments. Tu es un être immonde, tiens !
Ignoble.
– Je
suis désolé. Je voyais pas les choses comme ça. Je réfléchissais
pas.
– T’es
désolé… Ça leur fait une belle jambe. Ce qu’il faut surtout,
maintenant, c’est que tu changes de comportement. Seulement ça !
– Si !
Si ! Je vais essayer.
– C’est
pas essayer qu’il faut, c’est réussir. Bon, mais tu sais pas ?
Puisque tu es dans d’aussi bonnes dispositions, on va commencer par
la faire venir Estelle… Que tu puisses t’excuser, c’est la
moindre des choses.
– Je
sais pas. Je…
– Si
tu te défiles déjà…
– Je
me défile pas.
– Je
la fais venir alors ?
– Si
vous voulez.
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