mercredi 2 janvier 2019

Julie, artiste peintre fesseuse (21)


Sur le coup de onze heures elle l’a carrément fichu dehors.
– Bon, allez, ouste ! Du balai ! Tu dégages. Je t’ai assez vu.
Il a pris un petit air désolé.
– Mais…
– Mais rien du tout. Il y a pas de mais qui tienne. Ton tableau ? Oui, ben il y a pas le feu, ton tableau. On est appelés à se revoir. Pas plus tard que demain matin. Alors tu circules. Allez, hop ! Et plus vite que ça…
Elle lui à peine laissé le temps de se rhabiller. Elle l’a poussé vers la porte. Qu’elle a refermée sur lui.
– Là ! Bon, ben moi, maintenant, je vais prendre une douche…

Dans la salle de bains quelque chose a claqué. Il y a eu des ruissellements. Et puis des soupirs, des gémissements ne laissant planer aucun doute sur la nature de l’activité à laquelle elle était en train de se livrer. À laquelle il lui avait donné envie de se livrer. Ça s’est emballé. En longues plaintes éplorées. Éperdues. À nouveau des ruissellements. Et elle a fait sa réapparition. Dans un long pyjama de satin bleuté.
– Tu sais quoi ? Eh bien, quand je regarde ce Domitien, j’ai vraiment l’impression d’être en présence de Christopher. Sauf que, cette fois, c’est moi qui tiens la barre. Qui dirige la manœuvre. Et je peux te dire que ce qu’il m’a fait subir, là-bas, à Vienne, il va me le payer. Au centuple.
Elle est allée s’installer devant son ordinateur.
– Ah ! Eh ben voilà ! Voilà !
– Voilà quoi ?
– J’ai trouvé son Facebook. Hou là là ! Près de trois cents amis il a. En majorité des filles. Évidemment ! Sûrement son réservoir. Dans lequel il vient puiser en cas de besoin.
Je me suis penché par-dessus son épaule.
– Eh, mais c’est qu’il y en a des pas mal foutues du tout !
– Tu vas pas t’y mettre, toi aussi !
– Si le Bon Dieu m’a donné des yeux…
– Et moi, s’il m’a donné des mains, c’est pour manier le martinet. Tenté ?
– Pas vraiment, non.
– C’est de toute façon exclu. Le rôle qui t’est dévolu…
– Est celui de garde du corps.
– Pas seulement. Tu es aussi mon confident. Ce qui n’est possible que parce qu’on est de la même race tous les deux. Ce que j’ai tout de suite senti. Dès que je t’ai vu, j’ai su que tu apprécierais infiniment de me voir châtier des postérieurs masculins qui l’avaient amplement mérité. Ou, plus exactement, que tu éprouverais un très vif plaisir à me voir éprouver du plaisir à le faire. Je me trompe ?
– Tu sais bien que non.
– Mon plaisir se nourrissant à son tour de celui que je te vois éprouver à me voir en avoir quand je traite l’un de ces messieurs. Je suis pas trop confuse ?
– Tu es très claire au contraire.
– Bon, mais si on revenait à notre Domitien ? Tu sais ce que je me demande ? C’est si, parmi toute cette tripotée de nanas, il a gardé certaines de ses ex comme amies.
– Ce serait bien dans le style du personnage.
– Encore faudrait-il savoir lesquelles.
– Pour…
– On lui réserverait une jolie petite surprise.
– Je vois…
– Il doit y avoir moyen. En épluchant leurs profils, on trouverait sûrement des indices. Des photos. Des commentaires. Je sais pas, moi ! On tire un fil et tout le reste vient.
– Un véritable travail de titan.
– Dont tu te tirerais, j’en suis certaine, avec les honneurs. Non ?

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