mercredi 21 novembre 2018

Julie, artiste peintre fesseuse (15)


Elle lui a lancé une petite claque sur les fesses.
– Bon, ben voilà. Vous pouvez vous rhabiller. On a fait le tour de la question.
– Mais…
– Mais quoi ? Il n’y a plus la moindre marque.
– Oui, mais le problème n’est pas réglé pour autant.
Ah, ça, pour pas l’être, il l’était pas. Il bandait tout ce qu’il savait, le bougre.
– Il ne le sera jamais, réglé, le problème. Et vous le savez très bien. Vous êtes irrécupérable.
– Mais non, je vous assure…
– Assez discuté. Rhabillez-vous !
– Vous pouvez pas me laisser une petite chance ?
– Rhabillez-vous !
Il a commencé à le faire. Avec un profond soupir.
– Je pourrai voir les tableaux, au moins, quand ils seront finis ?
– Je ne sais pas. J’aviserai. Je vous dirai.
Et elle lui a tourné le dos. Elle a regagné sa chambre.
Il m’a jeté un regard suppliant.
– Vous pourriez pas intercéder, vous ?
– Je verrai ce que je peux faire. Mais vous savez, elle, pour la faire changer d’avis… Mais j’essaierai. Je vous promets d’essayer.
– Merci.

– Il est parti ?
– Il est parti, oui. Mais comment il avait l’air déçu !
Elle a levé les yeux au ciel.
– Ils sont tous déçus quand c’est fini. Tous ! Ou quasiment. T’as vu le nombre qu’il y en a déjà ? Sans compter ceux qu’attendent. Alors je peux matériellement pas me mettre sur le pied de jouer les prolongations avec tout ce monde. J’en sortirais plus. Cela étant, je les garde quand même sous le coude. On sait jamais. Je réserve l’avenir.
– On n’aurait vraiment pas dit tout à l’heure.
– J’avais pas le choix. Charles, c’est le genre de type que je cours le risque de trouver tous les matins sur mon paillasson si je le recadre pas d’entrée de jeu. Il sera toujours temps, après, de desserrer un peu l’étau. Parce qu’il va m’écrire. Je te parie tout ce que tu veux que, dès ce soir, demain au plus tard, j’aurai un mail, voire deux ou trois. Je me montrerai alors beaucoup plus conciliante. Je lui distillerai un peu d’espoir. À la condition expresse qu’il attende mon bon vouloir. Qu’il s’abstienne de m’assaillir de récriminations intempestives. Bon, mais allez ! Assez parlé de lui… Surtout qu’il y en a un autre, là, qui devrait pas tarder à arriver.
– Déjà ! Tu perds pas de temps, dis donc !
– Jamais. C’est un dénommé Domitien. Vingt-deux ans. Que mon projet de tableau toutes les douze heures enthousiasme, paraît-il.
– Un artiste…
– Oui, oh… Ses véritables motivations sont très vraisemblablement ailleurs. Le challenge, pour moi, va consister à les débusquer. Mais il y a pas que ça ! Il y a qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à un type que j’ai connu jadis.
– Un ex ?
– Oui, oh, ben alors ça, il y a pas de risque. Non. C’était quand j’étudiais la peinture, à Vienne, avec un maître de renom. Lui aussi, il suivait ses cours. Une belle enflure, oui ! Je te raconterai.

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