Elle
lui a lancé une petite claque sur les fesses.
– Bon,
ben voilà. Vous pouvez vous rhabiller. On a fait le tour de la
question.
– Mais…
– Mais
quoi ? Il n’y a plus la moindre marque.
– Oui,
mais le problème n’est pas réglé pour autant.
Ah,
ça, pour pas l’être, il l’était pas. Il bandait tout ce qu’il
savait, le bougre.
– Il
ne le sera jamais, réglé, le problème. Et vous le savez très
bien. Vous êtes irrécupérable.
– Mais
non, je vous assure…
– Assez
discuté. Rhabillez-vous !
– Vous
pouvez pas me laisser une petite chance ?
– Rhabillez-vous !
Il a
commencé à le faire. Avec un profond soupir.
– Je
pourrai voir les tableaux, au moins, quand ils seront finis ?
– Je
ne sais pas. J’aviserai. Je vous dirai.
Et
elle lui a tourné le dos. Elle a regagné sa chambre.
Il
m’a jeté un regard suppliant.
– Vous
pourriez pas intercéder, vous ?
– Je
verrai ce que je peux faire. Mais vous savez, elle, pour la faire
changer d’avis… Mais j’essaierai. Je vous promets d’essayer.
– Merci.
– Il
est parti ?
– Il
est parti, oui. Mais comment il avait l’air déçu !
Elle
a levé les yeux au ciel.
– Ils
sont tous déçus quand c’est fini. Tous ! Ou quasiment. T’as
vu le nombre qu’il y en a déjà ? Sans compter ceux
qu’attendent. Alors je peux matériellement pas me mettre sur le
pied de jouer les prolongations avec tout ce monde. J’en sortirais
plus. Cela étant, je les garde quand même sous le coude. On sait
jamais. Je réserve l’avenir.
– On
n’aurait vraiment pas dit tout à l’heure.
– J’avais
pas le choix. Charles, c’est le genre de type que je cours le
risque de trouver tous les matins sur mon paillasson si je le recadre
pas d’entrée de jeu. Il sera toujours temps, après, de desserrer
un peu l’étau. Parce qu’il va m’écrire. Je te parie tout ce
que tu veux que, dès ce soir, demain au plus tard, j’aurai un
mail, voire deux ou trois. Je me montrerai alors beaucoup plus
conciliante. Je lui distillerai un peu d’espoir. À la condition
expresse qu’il attende mon bon vouloir. Qu’il s’abstienne de
m’assaillir de récriminations intempestives. Bon, mais allez !
Assez parlé de lui… Surtout qu’il y en a un autre, là, qui
devrait pas tarder à arriver.
– Déjà !
Tu perds pas de temps, dis donc !
– Jamais.
C’est un dénommé Domitien. Vingt-deux ans. Que mon projet de
tableau toutes les douze heures enthousiasme, paraît-il.
– Un
artiste…
– Oui,
oh… Ses véritables motivations sont très vraisemblablement
ailleurs. Le challenge, pour moi, va consister à les débusquer.
Mais il y a pas que ça ! Il y a qu’il ressemble comme deux
gouttes d’eau à un type que j’ai connu jadis.
– Un
ex ?
– Oui,
oh, ben alors ça, il y a pas de risque. Non. C’était quand
j’étudiais la peinture, à Vienne, avec un maître de renom. Lui
aussi, il suivait ses cours. Une belle enflure, oui ! Je te
raconterai.
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