Aussitôt
la porte refermée, elle m’a applaudi. Du bout des doigts.
– Vous
avez été parfait. Absolument parfait.
– Moi ?
– Vous,
oui. Comment vous l’avez mis mal à l’aise !
– Je
n’ai pourtant rien fait pour ça.
– Que
vous dites.
– Je
vous assure…
– Vous
aviez une de ces façons de le regarder. Vous le dévoriez des yeux,
oui !
– Je
me suis pas rendu compte.
– Lui
qui voulait pas de témoins, surtout masculins, ben, pour le coup, il
était servi. Ah, il a pas fini d’y repenser. Et d’appréhender
de vous trouver encore là ce soir. Vous y serez ?
– Je
sais pas, je…
– Bien
sûr que si ! Vous en crevez d’envie, avouez ! On va pas
le ménager, vous allez voir ! J’adore. J’adore vraiment.
Bon, mais en attendant, c’est pas tout ça. J’ai du travail.
Elle
s’est installée devant son chevalet. A fait défiler les photos
qu’elle venait de prendre. Hésité.
– Spontanément,
j’irais plutôt vers celle-là. Les zébrures y sont bien mises en
valeur. Mais, d’un autre côté, sur l’autre, là, j’adore
l’expression de son visage. Il y a un petit je ne sais quoi…
C’est pas le plaisir. C’est pas la honte. C’est un peu des
deux. Avec quelque chose en plus. Que j’arrive pas vraiment à
définir. Non. J’hésite. J’hésite vraiment. Laquelle vous
choisiriez, vous ?
– Oh,
la première. Sans la moindre hésitation.
– J’en
étais sûre.
Elle
a éclaté de rire.
– Pourquoi
vous riez ?
– Non.
Pour rien. Comme ça.
– Mais
si ! Dites…
– Ses
attributs masculins y sont très apparents.
– Je
n’y avais pas prêté la moindre attention.
– Ça
vous attire, les hommes, hein !
– Absolument
pas.
– Oh,
mais je vous crois ! Je vous crois.
Avec
un petit sourire entendu qui signifiait, à l’évidence, qu’elle
n’en pensait pas un mot.
Elle
a déposé une première touche de couleur sur la toile.
– On
pourrait faire une sacrée bonne équipe, tous les deux, n’empêche,
si on voulait !
– Comment
ça ?
– Une
femme seule, qui reçoit des hommes chez elle, dans les conditions
que vous savez est exposée à ce qu’à un moment ou à un autre,
les choses dérapent. Quand bien même elle ferait preuve de la plus
extrême prudence.
– Ça
vous est déjà arrivé ?
– Une
fois. Non deux. J’ai réussi à me tirer d’affaire, mais c’est
passé fin. Très fin. Si bien que si je disposais, en permanence,
d’un comparse, je vivrais les choses de façon beaucoup plus
sereine. Et ça me permettrait de retenir des candidatures que je
rejette, à l’heure actuelle, impitoyablement parce qu’elles me
paraissent présenter des risques sérieux.
– Je
comprends mieux.
– Vous
comprenez mieux quoi ?
– Pourquoi
vous avez tant tenu à reprendre contact avec moi.
– C’est
peut-être l’une des raisons. Ce n’est pas forcément la plus
importante.
– Ah…
Et c’est quoi la plus importante ?
Elle
a posé un doigt sur ses lèvres.
– Chuuuut…