Au
réfectoire, il n’y a plus qu’un seul et unique sujet de
conversation : les jeux. Et chacun de se demander, avec plus ou
moins d’inquiétude, si ses résultats seront à la hauteur, s’il
ne va pas être reversé au tout venant.
Tiercelin
crie haut et fort qu’il ne le supportera pas.
On
hausse les épaules.
– Parce
que t’imagines qu’on va te laisser le choix ?
Gamelot,
lui, s’efforce de plaisanter.
– Dommage
que les filles ne concourent pas en même temps que nous. Ça nous
motiverait.
– Ça
s’est déjà fait dans le temps.
Tous
les regards convergent vers Taltu. C’est le plus ancien d’entre
nous, Taltu. Il y a douze ans qu’il est SIB. Lanceur de poids.
– C’est
vrai ? Eh bien raconte, quoi !
– Ça
remonte à mes tout débuts ici. Huit ans. Peut-être neuf. Ou bien
dix, je sais plus au juste. Toujours est-il que oui, je sais pas ce
qui leur était passé par la tête, mais les compétitions avaient
eu lieu au même moment, au même endroit. Hommes et femmes ensemble.
Ils n’ont jamais renouvelé l’expérience. Et pour cause !
Non, mais imaginez ! Des types sevrés depuis des mois et des
mois, qu’on balance, comme ça, à poil, au milieu de tout un tas
de nanas, elles aussi à poil. Résultat ? Ben, ça bandait à
qui mieux mieux. Pour la plus grande joie des spectatrices dans les
gradins. Et au grand désespoir des officielles : plus personne
n’était concentré sur les épreuves. Une vraie catastrophe au
niveau des résultats. Et une hécatombe après : plus des trois
quarts d’entre nous ont été exclus des SIB.
Le
silence s’installe. Chacun s’absorbe dans ses pensées.
Les
entraînements se font de plus en plus longs. De plus en plus
intensifs.
– Trois
jours… C’est dans trois jours… Alors on se sort les tripes.
Et les spectatrices
de plus en plus nombreuses. De plus en plus passionnées.
Xarma aussi est là.
Qui ne me quitte pas des yeux. Qui m’arrête sur le chemin des
douches.
– Tu es d’une
incorrection !
Je la regarde sans
comprendre.
– Ben,
oui ! Oui. Vassilène, dans sa grande bonté, t’offre
généreusement des cours de Cythrien. Tu aurais au moins pu avoir la
politesse de la remercier.
Je
bafouille lamentablement.
– Je
savais pas… Que c’était elle… Je savais pas.
Elle
me pose la main sur le bras.
– Je
vais te donner un petit conseil. Entre nous. Parce que je t’aime
bien. Tes deux charmantes compagnes d’étude, là, eh bien tu
devrais t’occuper un peu d’elles. Parce que c’est peut-être
l’une des dernières occasions que tu auras avant que…
Elle
jette un regard appuyé en bas.
– Avant
que ça saute, tout ça.
Et
elle me tourne le dos.
Deux
gardiennes m’attendent à la sortie des douches, m’entraînent.
– Par
ici !
Je
ne pose pas de questions. Je les suis.
La
salle de classe. Varine et Marla. Tout excitées. Volubiles.
– On
a eu des infos.
– Oui.
On peut si on veut.
Elles
lèvent la tête vers les caméras.
– Il
y en a même une, quelque part, qu’attend que ça, à ce qu’il
paraît. Nous voir faire.
– Mais
on s’en fout. Elle peut bien reluquer tant qu’elle veut. On s’en
fout.
Marla
se presse contre moi, jette ses bras autour de mon cou.
– Comment
c’est bon un mec qui bande ! Non, mais comment c’est bon !
Varine
écrase ses seins contre mon dos, me picore le cou de tout un tas de
petits baisers, me malaxe ardemment les fesses.
Le
regard de Marla est ivre de désir.
– Viens !
Viens ! J’ai trop envie.
Elle
m’enfouit en elle. Nous nous lançons furieusement à l’assaut
l’un de l’autre. À grands coups de reins éperdus. Très vite,
elle sanglote son plaisir dans mon cou. Et je répands le mien.
– À
moi, maintenant ! À moi !
Varine
se fait pressante, me sollicite d’une main impatiente. Et habile.
– Ah,
ça y est, ça y est ! Elle reprend vie.
Elle
l’engloutit entre ses lèvres. Finit de lui redonner consistance.
Derrière
son bureau, la prof de Cythrien ne nous quitte pas des yeux. Sa main
s’active entre ses cuisses.
Varine
me veut en elle. M’exige. Son plaisir est tumultueux. En grandes
vagues rugissantes. Celui de la prof nous accompagne en sourdine.
Marla
veut encore.
– Une
fois ! Juste une fois. Oh, si, va !
Les
gardiennes me ramènent dans ma cellule. J’ai à peine le temps de
reprendre mes esprits que deux autres surgissent.
– Allez,
en route !
En
route. Direction… Korka.
Guizwa
m’attend sur le pas de la porte.
– J’espère
que tu es en forme…
– Ben,
justement… Pas trop, non !
– Va
falloir ! Parce que c’est toi qui dois assurer le spectacle ce
soir. Allez, vite, dépêche-toi, tout le monde nous attend.
Tout
le monde. Une trentaine de personnes. Que des femmes. Et Korka que je
reconnais aussitôt sans l’avoir jamais vue. Tous les regards
convergent vers moi. On m’examine. On me jauge. On me soupèse.
Sur
la gauche une superbe assujettie, à la longue chevelure d’ébène,
aux yeux d’un bleu improbable, me tend les bras. Je m’y réfugie.
Elle
chuchote.
– T’occupe
pas d’elles. Elles n’existent pas. On n’est que tous les deux.
Et fais-moi du bien. Beaucoup de bien.
Lui
faire du bien ? Je demande pas mieux, moi ! Seulement il
vient d’y avoir Marla. Et Varine. Et encore Marla. Alors avec la
meilleure volonté du monde… J’ai beau me pencher sur ses seins.
Qui sont magnifiques. En suçoter la pointe dressée. Les solliciter
tant et plus. Rien. J’ai beau enfouir ma tête entre ses cuisses. Y
fourrager avec mes doigts, avec ma bouche, avec mes lèvres. Rien.
Strictement rien.
De
son côté, elle ne ménage pas ses efforts. Elle palpe. Elle
décalotte. Elle enserre. Elle branle. Elle descend lécher. En vain.
Derrière
nous commencent à s’élever des rires. De plus en plus forts. De
plus en plus moqueurs. Et des commentaires. Dont il est évident,
bien que je n’en comprenne pas le sens, qu’ils sont fort
désobligeants à mon égard.
Un
ordre claque. On se saisit de moi. On me jette dehors.
Guizwa
me raccompagne jusque sur le perron.
– Là,
j’ai bien peur que t’aies gagné le gros lot.
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