mercredi 18 juillet 2018

Prisonnier des Cythriennes (13)


Au réfectoire, il n’y a plus qu’un seul et unique sujet de conversation : les jeux. Et chacun de se demander, avec plus ou moins d’inquiétude, si ses résultats seront à la hauteur, s’il ne va pas être reversé au tout venant.
Tiercelin crie haut et fort qu’il ne le supportera pas.
On hausse les épaules.
– Parce que t’imagines qu’on va te laisser le choix ?
Gamelot, lui, s’efforce de plaisanter.
– Dommage que les filles ne concourent pas en même temps que nous. Ça nous motiverait.
– Ça s’est déjà fait dans le temps.
Tous les regards convergent vers Taltu. C’est le plus ancien d’entre nous, Taltu. Il y a douze ans qu’il est SIB. Lanceur de poids.
– C’est vrai ? Eh bien raconte, quoi !
– Ça remonte à mes tout débuts ici. Huit ans. Peut-être neuf. Ou bien dix, je sais plus au juste. Toujours est-il que oui, je sais pas ce qui leur était passé par la tête, mais les compétitions avaient eu lieu au même moment, au même endroit. Hommes et femmes ensemble. Ils n’ont jamais renouvelé l’expérience. Et pour cause ! Non, mais imaginez ! Des types sevrés depuis des mois et des mois, qu’on balance, comme ça, à poil, au milieu de tout un tas de nanas, elles aussi à poil. Résultat ? Ben, ça bandait à qui mieux mieux. Pour la plus grande joie des spectatrices dans les gradins. Et au grand désespoir des officielles : plus personne n’était concentré sur les épreuves. Une vraie catastrophe au niveau des résultats. Et une hécatombe après : plus des trois quarts d’entre nous ont été exclus des SIB.
Le silence s’installe. Chacun s’absorbe dans ses pensées.

Les entraînements se font de plus en plus longs. De plus en plus intensifs.
– Trois jours… C’est dans trois jours… Alors on se sort les tripes.
Et les spectatrices de plus en plus nombreuses. De plus en plus passionnées.
Xarma aussi est là. Qui ne me quitte pas des yeux. Qui m’arrête sur le chemin des douches.
– Tu es d’une incorrection !
Je la regarde sans comprendre.
– Ben, oui ! Oui. Vassilène, dans sa grande bonté, t’offre généreusement des cours de Cythrien. Tu aurais au moins pu avoir la politesse de la remercier.
Je bafouille lamentablement.
– Je savais pas… Que c’était elle… Je savais pas.
Elle me pose la main sur le bras.
– Je vais te donner un petit conseil. Entre nous. Parce que je t’aime bien. Tes deux charmantes compagnes d’étude, là, eh bien tu devrais t’occuper un peu d’elles. Parce que c’est peut-être l’une des dernières occasions que tu auras avant que…
Elle jette un regard appuyé en bas.
– Avant que ça saute, tout ça.
Et elle me tourne le dos.

Deux gardiennes m’attendent à la sortie des douches, m’entraînent.
– Par ici !
Je ne pose pas de questions. Je les suis.
La salle de classe. Varine et Marla. Tout excitées. Volubiles.
– On a eu des infos.
– Oui. On peut si on veut.
Elles lèvent la tête vers les caméras.
– Il y en a même une, quelque part, qu’attend que ça, à ce qu’il paraît. Nous voir faire.
– Mais on s’en fout. Elle peut bien reluquer tant qu’elle veut. On s’en fout.
Marla se presse contre moi, jette ses bras autour de mon cou.
– Comment c’est bon un mec qui bande ! Non, mais comment c’est bon !
Varine écrase ses seins contre mon dos, me picore le cou de tout un tas de petits baisers, me malaxe ardemment les fesses.
Le regard de Marla est ivre de désir.
– Viens ! Viens ! J’ai trop envie.
Elle m’enfouit en elle. Nous nous lançons furieusement à l’assaut l’un de l’autre. À grands coups de reins éperdus. Très vite, elle sanglote son plaisir dans mon cou. Et je répands le mien.

– À moi, maintenant ! À moi !
Varine se fait pressante, me sollicite d’une main impatiente. Et habile.
– Ah, ça y est, ça y est ! Elle reprend vie.
Elle l’engloutit entre ses lèvres. Finit de lui redonner consistance.
Derrière son bureau, la prof de Cythrien ne nous quitte pas des yeux. Sa main s’active entre ses cuisses.
Varine me veut en elle. M’exige. Son plaisir est tumultueux. En grandes vagues rugissantes. Celui de la prof nous accompagne en sourdine.
Marla veut encore.
– Une fois ! Juste une fois. Oh, si, va !

Les gardiennes me ramènent dans ma cellule. J’ai à peine le temps de reprendre mes esprits que deux autres surgissent.
– Allez, en route !
En route. Direction… Korka.
Guizwa m’attend sur le pas de la porte.
– J’espère que tu es en forme…
– Ben, justement… Pas trop, non !
– Va falloir ! Parce que c’est toi qui dois assurer le spectacle ce soir. Allez, vite, dépêche-toi, tout le monde nous attend.
Tout le monde. Une trentaine de personnes. Que des femmes. Et Korka que je reconnais aussitôt sans l’avoir jamais vue. Tous les regards convergent vers moi. On m’examine. On me jauge. On me soupèse.
Sur la gauche une superbe assujettie, à la longue chevelure d’ébène, aux yeux d’un bleu improbable, me tend les bras. Je m’y réfugie.
Elle chuchote.
– T’occupe pas d’elles. Elles n’existent pas. On n’est que tous les deux. Et fais-moi du bien. Beaucoup de bien.
Lui faire du bien ? Je demande pas mieux, moi ! Seulement il vient d’y avoir Marla. Et Varine. Et encore Marla. Alors avec la meilleure volonté du monde… J’ai beau me pencher sur ses seins. Qui sont magnifiques. En suçoter la pointe dressée. Les solliciter tant et plus. Rien. J’ai beau enfouir ma tête entre ses cuisses. Y fourrager avec mes doigts, avec ma bouche, avec mes lèvres. Rien. Strictement rien.
De son côté, elle ne ménage pas ses efforts. Elle palpe. Elle décalotte. Elle enserre. Elle branle. Elle descend lécher. En vain.
Derrière nous commencent à s’élever des rires. De plus en plus forts. De plus en plus moqueurs. Et des commentaires. Dont il est évident, bien que je n’en comprenne pas le sens, qu’ils sont fort désobligeants à mon égard.
Un ordre claque. On se saisit de moi. On me jette dehors.
Guizwa me raccompagne jusque sur le perron.
– Là, j’ai bien peur que t’aies gagné le gros lot.

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