mercredi 13 juin 2018

Prisonnier des Cythriennes (8)


Du plus loin qu’elles m’aperçoivent, Varine et Marla se précipitent à ma rencontre.
– Ah, te v’là ! On commençait à se dire que tu viendrais pas.
Les gardiennes font claquer leurs fouets.
– Oh, on se calme, sinon…
Nous repoussent, à petits coups de lanière sur les mollets, jusqu’à l’entrée de la salle de classe.
Les yeux de Marla plongent dans les miens.
– Comment on y a pensé à toi ! Si tu savais…
Glissent le long de mon torse, descendent.
Varine confirme.
– C’est tout le temps qu’on parle de toi. Sans arrêt. Dès qu’on peut.
Leurs regards vont et viennent sur moi. Partout. S’accrochent ici. S’attardent là. Me dévorent à qui mieux mieux.
Je me repais d’elles, moi aussi, tout mon saoul. De la brune. De la blonde. Ouvertement. Avec délectation.
Marla soupire.
– C’est de la torture ! Parce qu’attends, ça fait des mois et des mois qu’on n’a pas vu un mec. Même de loin. C’est tout juste si on se rappelle comment c’est fait. Et, d’un seul coup, on nous en balance un dans les pattes, comme ça, avec interdiction d’y toucher.
Varine la reprend.
– Ça, on n’en sait rien du tout si on a le droit ou pas.
– Ce qu’est encore pire.
Je pense à Jartège. Je pense à Guizwa. À ce qu’on attend de moi là-bas.
– Il y a des cas où c’est autorisé les assujettis entre eux. Où c’est même carrément organisé. De façon tout-à-fait légale.
Oui, elles savent. Elles ont entendu des tas de trucs là-dessus. Vrais ou faux d’ailleurs. Mais ce qui se passe ailleurs, c’est pas ça, la question. L’important, c’est ici. Maintenant. Elles. Nous.
– Il y a des filles qui disent qu’on nous tend un piège. Qu’ils sont sûrs, en haut lieu, qu’on résistera pas. Qu’on va craquer. Et que ce sera le prétexte pour nous virer aussi sec des SIB. Mais il y en a d’autres, par contre qui pensent que c’est tout le contraire, qu’il y a, quelque part, une dirigeante, une grosse huile, qu’a envie de se rincer l’œil. Et qui doit vraiment pas apprécier qu’on fasse traîner les choses en longueur.
– À moins encore que son plaisir, ce soit de nous regarder nous tourner autour sans savoir sur quel pied danser. De jouir de notre frustration.
Elles n’avaient pas envisagé les choses sous cet angle-là.
– Ça se tient. Mais on n’est pas plus avancées pour autant. Au contraire. Ça complique un peu plus.
– En tout cas, il y a forcément anguille sous roche. On nous laisse du temps ensemble. Elle mettrait pas systématiquement dix plombes pour arriver, sinon, la prof de cythrien.
Oui, ben justement, ce qu’elle voudrait bien savoir, elle, Marla, c’est laquelle c’est d’anguille.
– Parce que si j’étais sûre que ce soit la bonne, comment je te sauterais dessus. Et ton machin, là, qu’arrête pas de pointer, de façon éhontée, vers là où il a envie de rentrer, il aurait intérêt à se montrer opérationnel. Parce que sinon…
– Sinon, quoi ?
Du bruit dans le couloir. Je me retourne. M’avance un peu, dos à elles.
– Wouah ! Mais qu’est-ce qui t’est arrivé ?
– Devinez !
– Comment elles t’ont arrangé ! Qu’est-ce t’avais fait ?
– Des fois, ça tombe sans la moindre raison.
– Oui, ça, on sait. On connaît.
Un doigt m’effleure le dos, s’enhardit, épouse au plus près le contour des boursouflures. Un autre le rejoint. Me parcourt.
– Oh là là, mon pauvre ! Comment tu dois avoir mal !
Elles descendent. Les reins. Le bas du dos.
Les gardiennes s’approchent. S’esclaffent. Commentent bruyamment. Avec des mots que l’on ne comprend pas.
Le haut de la fesse. Plus bas. Encore plus bas. La pression se fait plus forte. Plus insistante.
Les rires des gardiennes aussi.
On s’enhardit. On s’insinue dans la rainure entre les fesses. On la dégringole. On s’aventure de l’autre côté. On me frôle les boules. On s’en éloigne. On y revient résolument. On s’en empare. Une main se referme sur elles.
Et puis, soudain, la voix de Varine.
– Arrête, Marla, arrête ! On sait pas. C’est trop dangereux. T’imagines les conséquences ?
Marla bat en retraite en maugréant.

La prof sourit. Elle ne cesse pas de sourire. Et d’écrire au tableau.
Ses fesses sont amples. Charnues. D’un blanc insolent. Je me laisse rêver dessus.
– Vous avez compris ?
– Hein ? Quoi ? Non. Rien du tout.
Les deux filles non plus.
Elle soupire.
– Vous n’êtes pas attentifs.
– Ah, si, si ! Très.
Elle hausse les épaules. Recommence.

Surgit la femme en gris de la semaine précédente.
– Alors comment ça se passe ici ? Bien ?
La prof arbore une mine ravie.
– Oh, oui ! Ils sont très appliqués.
– Eh bien, on va voir.
Elle efface les signes qui sont au tableau, les remplace par d’autres.
– C’est quoi, ça ?
On n’en sait rien du tout.
– Et ça ?
Non plus.
– Vous filez un mauvais coton. Un très mauvais coton.
Elle nous fait agenouiller au pied du tableau.
– Toi aussi, Galberte. Tu es aussi coupable qu’eux.
La prof ne proteste pas. Elle vient nous rejoindre sans un mot.
Un ordre claque sèchement. En cythrien.
Les gardiennes sont aussitôt derrière nous. Les fouets s’abattent. Nos gémissements s’entremêlent. Nos plaintes se conjuguent. Marla me prend la main. La serre de toutes ses forces. Varine aussi, de l’autre côté.
Ça s’arrête enfin.
– Là ! Et maintenant vous vous remettez au travail. Sérieusement, cette fois. Sinon…
On regagne nos places en toute hâte.

– Mouais !
Alrich me considère d’un air perplexe.
– Je le sens pas ton truc, mais alors là, pas du tout.
– Comment ça ?
– Tu les connais pas, ces filles. Tu sais pas ce qu’il y a derrière tout ça. Peut-être qu’on leur a confié pour mission de te mettre en confiance.
– Mais dans quel but ?
– Ben, justement, toute la question est là.

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