mercredi 2 septembre 2015

Studieuse Rentrée: récit de Damien (1)

Mes parents portaient désormais Émilie aux nues…
– Je sais pas ce qu’elle t’a fait cette fille… Mais t’es complètement transformé… Ah, t’as intérêt à la garder celle-là…
Si bien que, quand elle a proposé que j’aille m’installer chez elle, ma mère a applaudi des deux mains…
– Ah, oui… Oui… Excellente idée… Elle pourra t’avoir à l’œil… Superviser ce que tu fais… Tu n’auras qu’à t’en féliciter, tu verras… À tous points de vue…

Et j’ai emménagé chez Émilie. Je me suis retrouvé sur son territoire. À sa merci. Elle a immédiatement mis les choses au point…
– Hors de question que t’ailles traîner avec tes soi-disant copains… On a vu ce que ça donnait… J’ai pas envie de te voir rentrer ivre-mort tous les soirs… C’est clair ?
C’était clair. Il ne me restait plus qu’à obtempérer. Parce que décider de passer outre, c’était m’exposer à une fessée monumentale. Et humiliante. À 19 ans ! De sa main. Une fessée à laquelle il ne serait de toute façon pas question que j’envisage une seule seconde d’essayer de me soustraire…
– Parce que, alors là, je peux t’assurer que je ne me ferai qu’un plaisir de mettre tout un tas de monde au courant… Et des fessées que Mademoiselle Lancel t’a données cet été… Et des miennes…
Est-ce qu’elle le ferait ? La connaissant, elle en était tout-à-fait capable. Et c’était une perspective qui me terrorisait J’imaginais… On allait s’en donner à cœur joie. En faire des gorges chaudes. Je serais l’objet d’insupportables moqueries. On m’abreuverait en permanence d’allusions. De petits sourires narquois. De réflexions à double sens. Sans compter que derrière mon dos… Mes copains… Tout le monde… Non. Non. Tout, mais pas ça…

J’étais piégé. Je n’avais pas d’autre solution que d’en passer par où elle voulait. Que de renoncer aux soirées avec les copains. En espérant des jours meilleurs. Peut-être, avec le temps, finirait-elle par me lâcher un peu de mou. Par me laisser les coudées un peu plus franches. À moins encore que se présente, un jour ou l’autre, une opportunité quelconque qui me permettrait de déjouer sa surveillance et d’aller les retrouver. Parce qu’il était hors de question que je reste des semaines et des semaines sans les voir. Sans leur parler. Sans m’offrir avec eux une de ces bonnes parties de rigolade dont nous étions coutumiers. Ce serait au-dessus de mes forces…

Je les appelais en cachette…
– Ben alors ! Qu’est-ce tu fous ? On te voit plus…
– C’est qu’avec ma copine, en ce moment, c’est pas trop ça qu’est ça… Il y a de l’eau dans le gaz… Mais dès que ça ira mieux…
– Non, mais franchement ! Qu’est-ce t’attends pour nous larguer ça ? C’est un sac à embrouilles cette nana…
La larguer ? L’idée m’avait parfois effleuré. Elle prenait soudain consistance. Je me surprenais à la caresser avec délectation. De plus en plus de délectation. Oui, après tout ! Je retrouverais ma liberté. J’aurais à nouveau les coudées franches. Tout redeviendrait comme avant. Et il y en avait d’autres des meufs. Plein d’autres. Sauf que… J’ai brusquement réalisé. Ce n’était pas possible. La larguer ? Elle me le ferait payer au prix fort. Tout le monde serait au courant du traitement que j’avais subi. Ça ne faisait pas l’ombre d’un doute. Elle donnerait force détails. Elle s’étendrait avec complaisance. Non… Elle me tenait. J’étais pieds et poings liés…

Tout, décidément, se retournait contre moi. C’était pour ne pas aller en pension, pour ne pas être séparé de mes copains, que j’avais laissé Mademoiselle Lancel prendre le pas sur moi.(*) Me punir lorsqu’elle estimait que je l’avais mérité. Et tout ça pour quoi au final ? Pour, de fil en aiguille, me retrouver sous la coupe d’Émilie qui m’imposait ses quatre volontés et m’interdisait formellement de voir mes copains. Ah, pour une réussite, c’était une réussite…

Lisa, la copine d’Émilie, passait souvent la voir. Restait parfois dormir. Je l’appréhendais. Parce qu’elle était au courant : elle avait assisté aux deux fessées que m’avait administrées Émilie.(*) Je la redoutais : est-ce qu’elle me gardait le secret ? Est-ce qu’elle n’était pas parfois tentée de raconter, ici ou là, à quel traitement j’étais soumis ? Je m’efforçais d’acheter son silence par mon attitude à son égard, par les attentions que je lui témoignais. Et je lui en voulais d’en être réduit à ce pitoyable stratagème. Elle n’était pas dupe. Elle se rendait parfaitement compte qu’elle avait barre sur moi. Et elle savait pourquoi…

Elle prenait un malin plaisir à retourner le couteau dans la plaie… De préférence quand nous nous trouvions seul à seule tous les deux…
– Alors ? Il a été sage le grand garçon ? Il a pas fait de bêtises ? Il a pas eu de fessée ? Non, hein ?J’aurais su… J’aurais vu… Elle m’a promis Émilie… “Oh, ben oui, attends ! Je te ferai signe… Que tu rates pas ça !” C’est vrai… Comment t’es trop rigolo quand elle te le fait…

(*) Voir « Studieuses Vacances »

1 commentaire:

  1. Moi je vivrais volontiers avec Emilie pour qu'elle me donne beaucoup de bones fessées et son amie Lisa aussi.

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