Quand je suis arrivée, Nollwen descendait de voiture…
– Il doit être dans ses petits souliers notre Bastien…
– Ah, ça, c’est sûr… Sous pression d’une force…
– Toute la matinée toute seule avec lui… Je sens que
ça va être quelque chose… Mais passe là-haut ! Tu passeras ? Qu’on
s’amuse un peu !
– Je viendrai faire un tour, oui…
– Ah, Marta… Tu tombes bien… Il y a un truc sur Excel
j’y arrive pas…
– T’as ton maître de stage, là…
– Lui ? Il est complètement incompétent… En plus
je sais pas ce qu’il a ce matin… Je le reconnais pas… D’habitude il y a jamais
rien qui lui va… Il arrête pas de
gueuler… De me traiter de feignasse… De fausse couche intellectuelle… J’ai
droit à tout… Plus bas que terre il me met… Mais là… rien… À croire qu’il est malade…
– Il y a sûrement une raison…
– Ah, ben ça !
– Et je la connais, moi, la raison…
– Ah, oui ? C’est quoi ?
– Qu’elle lui a foutu une bonne correction hier soir
sa femme…
– Non ? C’est pas vrai !
– Eh, si ! Elle a découvert qu’il avait fait des
pieds et des mains pour coucher avec nous… Alors du coup…
– Bien fait ! Ça lui apprendra… Mais quand
même ! Qu’elle lui ait flanqué une volée j’ai du mal à y croire…
– Et pourtant… Oh, mais il va te montrer… Il va te
montrer, tu vas voir…
– Il a pas l’air vraiment décidé…
– Pas ici ! Je vous en prie, pas ici…
– Il a retrouvé la parole, c’est déjà ça…
– Et pourquoi pas ici ?
– Parce que… si quelqu’un vient…
– C’est pas notre problème… Nous, ce qu’on veut juste,
c’est voir comment elles ont changé les couleurs depuis hier soir…
– Allez, un bon mouvement, quoi ! Et arrête de
fixer cette porte comme si elle allait te sauter dessus…
– Il y a rien à faire, on dirait… Il veut pas…
– Il devrait pourtant… Il devrait…
– Ben oui, parce qu’elle le sait pas encore sa femme
que la Patricia Rodinge il a vraiment couché avec…
– Qu’il couche encore avec d’ailleurs…
– Et si elle l’apprenait… Alors là si elle
l’apprenait…
– Elle pourrait, hein ! Suffirait qu’on lui dise…
– Ça a pas l’air de l’émouvoir plus que ça…
– Peut-être qu’il en est plus à une volée près…
– C’est pas la peine… On perd notre temps… Bon, ben tu
sais pas ? Moi, je vais descendre à la machine à café plutôt… Et leur
raconter aux autres dans quel état il est son petit cul… Je suis sûre que ça va
les intéresser…
– Je t’accompagne…
– Non… Attendez ! Attendez !
– Ah… Il deviendrait raisonnable ?
– Mais oui ! Il suffit de trouver les bons
arguments… Allez, tu le baisses ton bénard sinon…
– Eh ben voilà !
– Quel joli camaïeu, dis donc ! C’est nous qu’on
a réussi à faire ça ? J’en reviens pas…
– Sa femme nous a bien aidées quand même…
– En attendant je sais pas ce que toi, t’en penses,
mais moi je trouve qu’avoir fait sa mauvaise tête comme il l’a fait là, pendant
dix minutes, à pas vouloir se déculotter, ça mérite…
– Un peu que ça mérite… Tu commences ou je commence ?
– Vas-y !
– Vous allez pas faire ça ! Pas ici ?!
– Il va pas remettre ça ?
– Ça m’en a tout l’air…
– Bien sûr que si on va le faire… Et pas plus
tard que tout de suite…
– Oh, non ! Et si quelqu’un rentre ?
– Mais c’est une obsession ! Bon… Mais on va
fermer la porte à clef si ça peut te rassurer… À toi de pas ameuter tout l’étage
en beuglant par contre… Ce qui sera pas forcément facile… Parce que tu vas
morfler…
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