mercredi 14 août 2013

Nollwen, Marta et Bastien ( 6 )

– Ça peut peut-être suffire…
– Oui… D’autant que je commence à avoir sérieusement mal au bras, moi !
– Et il y aura d’autres occasions…
– S’il continue à colporter comme ça toutes sortes d’inventions… sûrement…
– Ce qu’est probable… Il a ça dans la peau…
– Ah, je voudrais pas être à votre place, ma pauvre Anna… Ça doit pas être facile tous les jours un type pareil à la maison…
– Ça, vous pouvez le dire… Mais j’ai eu de la chance finalement… Beaucoup de chance : il a commis la seule erreur à ne pas commettre… Celle qui change complètement la donne… Il a tout intérêt à être sage… Très très sage… Sinon… Hein, mon chéri ?  
– Il répond pas…
– Oh, il file doux maintenant… Il file doux… Et il a tout intérêt…
– Si seulement il pouvait être comme ça au boulot…
– Il est comment d’ailleurs là-bas ?
– Oh, la la ! Si vous saviez !
– Infect ! Absolument infect !
– Hautain… Méprisant… Cassant…
– C’est bien simple… Personne peut le voir… Personne…
– Surtout les femmes… Parce qu’il a une de ces façons de se comporter avec elles…
– Comment ça ?
– Pour lui il est clair qu’une femme ne pense qu’à une chose : écarter les cuisses…
– Mais qu’elle essaie, le plus souvent, de donner le change… De cacher son jeu…
– Seulement lui, il est pas dupe… Ah, non alors ! On la lui fait pas…
– Et il se démultiplie dans tous les sens…
– Pas une avec qui il ait pas essayé…
– Oui… On y a toutes eu droit…
– Mais c’est pas vrai !
– Toi, tu te tais ! Et tu les laisses parler… C’est très intéressant, je trouve, ce qu’elles ont à raconter…
– En tout cas t’as pas intérêt à te trouver toute seule avec, ça, c’est sûr !
– Oui, parce que tu peux être tranquille qu’il va te faire du rentre-dedans…
– Et que ça va être d’un lourd, mais d’un lourd !
– Comment ça ?
– Oh, ben en ce qui me concerne, par exemple, je l’ai vu rappliquer dans mon bureau, un soir, au moment où j’enfilais mon manteau… « Je te raccompagne ? » « Non… Merci… » « T’as tort… Tu sais pas ce que tu perds… » « Tant pis pour moi, mais non… » « T’es trop quand même, toi, dans ton genre ! Parce qu’il suffit de te regarder trois secondes pour savoir qu’il y a des mois que t’as pas été baisée… T’as une occasion en or et tu la laisses passer… « En or ? Permets-moi d’en douter… » « Elles sont pourtant toutes d’accord là-dessus… Toutes… » « Eh ben va les retrouver… Et les satisfaire… Puisqu’elles sont si enchantées de tes prestations…  » « Tu le regretteras… Tu risques de le regretter… Parce qu’à ton âge, c’est plus si souvent maintenant que t’auras des occasions… »
– C’est d’une délicatesse…
– Je vous le fais pas dire…
– Et toi, Nollwen ?
– Oh, moi… On peut pas dire qu’il ait fait dans la dentelle non plus… C’est deux gros billets que je l’ai vu me poser sur le bureau… « On se retrouve tout-à-l’heure à l’hôtel en face de la poste ? » « Non, mais ça va pas, hein ? T’es pas bien ! » « Ah, parce qu’il y a pas assez ? Combien tu veux ? » « Non, mais tu me prends pour qui ? » « Pour ce que t’es… Ni plus ni moins… Parce que tu me feras pas croire que ce serait la première fois que tu couches pour de l’argent… » « Mais jamais de la vie enfin ! » « Allez ! Arrête ton cinéma… T’en crèves d’envie… Alors tu fais ton prix et puis on y va… »
– Ah, ben j’en apprends de belles ! Qu’est-ce t’as à dire pour ta défense, mon chéri ?
– Que c’est un tissu de mensonges… Qu’il y a rien de vrai dans tout ça…

– Mais bien sûr ! En attendant j’ai bien fait de te laisser le cul à l’air… Parce que ça va être mon tour maintenant… Et je peux te dire que tu vas t’en souvenir…  

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