mercredi 13 mai 2020

Premières armes (22)

‒ Je me suis fait avoir.

‒ On peut dire ça comme ça, oui, si on veut.

‒ Mais pourquoi elle est allée raconter un truc pareil, Camille ? Pourquoi ?

‒ Parce que c’est vrai.

‒ Hein ? Mais jamais de la vie !

‒ Ah, tu vas pas recommencer, écoute ! Ça t’a pas suffi ?

‒ C’est pas ça, c’est que…

‒ Que quoi ?

‒ Non. Rien.

‒ Je préfère. Non, parce qu’il va absolument falloir que tu arrêtes de mentir, comme ça, à tout bout de champ. C’est insupportable à la fin.

Je me suis tu. C’était pas la peine. De toute façon, quoi que je puisse dire, quoi que je puisse faire, cela se retournerait nécessairement contre moi.

Et j’ai entrepris de me rhabiller. Avec mille difficultés. Le contact du tissu sur mon derrière en feu était un véritable calvaire.

Elle m’a regardé faire. Me contorsionner et grimacer. Jusqu’au bout.

‒ Là, ça y est ?

Ça y était, oui.

‒ Bon, alors tu te redéshabilles.

Que je…

‒ Oui. Quelqu’un t’avait dit de te rhabiller ?

‒ Personne, non, mais…

‒ Mais quoi ? Alors, allez ! Enlève-moi tout ça ! Tu en prends vraiment très à ton aise, toi, en ce moment, hein ! D’abord cette Julie. Que tu es allé nous sortir sournoisement d’on ne sait trop où. Et puis, cerise sur le gâteau, cette Camille. Je te suffis pas ? On te suffit pas avec mes copines ?

‒ C’est pas ça…

‒ C’est quoi alors ? Non, parce que voilà des semaines et des semaines que je m’échine à te former. À faire en sorte que tu sois à peu près opérationnel. Et reconnais qu’au début, c’était pas vraiment ça. C’était même pitoyable. Il a fallu que je fasse preuve d’infiniment de patience à ton égard. Je t’ai tout appris. Tout. Si t’arrives à satisfaire à peu près tes partenaires, c’est grâce à moi. Uniquement grâce à moi. Et il faut qu’au moment où je pourrais enfin recueillir le fruit de mes efforts, et en faire profiter mes amies, tu ailles te dilapider avec la première venue. Oh, mais ça va pas se passer comme ça, mon garçon ! Fais-moi confiance que ça va pas se passer comme ça. Certainement pas !

Elle m’a tendu son portable.

‒ Tiens, appelle !

Que j’appelle ? Mais que j’appelle qui ?

‒ Benoît. Ou Martin. Celui que tu veux.

‒ Et je lui dis quoi ?

‒ Que je l’attends.

Ce fut Martin. Fou de joie.

‒ Margaux ? Elle m’attend ? C’est pas vrai ! J’arrive.


Un quart d’heure après, il était là.

‒ Regarde ! Viens voir !

Mon derrière.

‒ Prends-en de la graine ! Voilà ce qui arrive quand on me désobéit. Ou que, malgré tous les conseils que j’ai pu patiemment dispenser, on ne parvient pas à me satisfaire.

Il y a eu le bruit d’un baiser. Un souffle qui se fait court.

Il a murmuré.

‒ J’ai envie de toi ! Comment j’ai envie de toi !

Ils ont dérivé vers le lit.

Elle a ordonné.

‒ Les mains sur la tête, toi, Alexandre !

Ils ont roulé sur le lit. Il l’a couverte de baisers. A enfoui ses mains sous son pull. Il a fouillé. Extirpé. Malaxé.

Il s’est raidi. Il a gémi. Et il a joui.

Elle l’a doucement repoussé.

‒ Ben, va y avoir du boulot ! Mais c’est justement ça qui est intéressant.

Elle s’est tournée vers moi.

‒ Tu peux te rhabiller, Alexandre. Et rentrer chez toi. On en restera là tous les deux.


FIN


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