– C’est encore moi !
– Et tout excitée on dirait…
– Oui… Parce que ça y est… Mon
maître de stage… Enfin non ! Mais si quand même dans un sens…
– Assieds-toi ! Assieds-toi et
raconte-nous ça…
– Je lui ai flanqué une baffe…
– Carrément !
– Qu’il méritait pas en plus !
– Comment ça ?
– À la photocopieuse j’étais… J’en
avais tout un tas à faire… Il s’est approché pour voir où j’en étais… Seulement
juste à ce moment-là je me suis reculée pour regarder pourquoi ça sortait plus
en bas… Et on s’est touchés… Sa main et mes fesses… Ça a été d’instinct… Le
réflexe… Je me suis retournée et paf ! Une grande beigne… À toute volée…
Il a sacrément dû le sentir passer… Sauf qu’en réalité, c’est mes fesses
qu’étaient allées à la rencontre de sa main… Dans le mouvement… Et pas
l’inverse… J’étais à deux doigts de m’excuser quand j’ai vu sa tête… Tout
penaud, tout contrit… Une vraie tête de coupable… Du coup j’ai repensé à tout
ce qu’on avait dit… C’était l’occasion ou jamais… De prendre l’avantage… De
poser les premières banderilles… « Ça va pas, non ? Et puis quoi
encore ? » Il a rougi… Vaguement bredouillé quelque chose…
« Recommencez jamais un truc pareil… Parce que alors là ! » Et
je lui ai fait la gueule tout le reste de la matinée…
– Bien ! Bien ! T’es sur
la bonne voie…
–Oh, mais attendez !
Attendez ! Parce que c’est pas fini… Je lui ai raconté à Marta, à midi, ce
qui s’était passé… Et, à la reprise, elle s’est pointée avec moi dans le bureau…
On s’est mises un peu à l’écart et on a chuchoté toutes les deux… Du moins au
début… Parce que plus ça allait plus on parlait fort… Exprès… Qu’il nous
entende… « Un vrai salaud, oui ! Tout le monde le dit dans la boîte…
Il y a pas une nana qu’a pas eu à s’en plaindre… À un moment ou à un
autre… » « Oui, oh, ça, j’me doute… Mais ça va pas le faire… Avec moi
ça va pas le faire… Va falloir que ça cesse… À commencer par ces regards
vicieux qu’il me balance dessus sans arrêt…
– Et il disait rien ?
– Il faisait celui qu’entendait pas…
Qu’était complètement absorbé par ses dossiers… Même après quand elle a été
partie Marta… Comment je jubilais à l’intérieur ! Ça marchait… Ça marchait…
J’étais en train de prendre le dessus… Et pas qu’un peu ! La preuve :il
osait même plus me regarder… Jusqu’au soir pas une seule fois il a levé les
yeux sur moi… Valait mieux d’ailleurs… Parce qu’il en aurait pris une… Remontée
comme j’étais, ça, c’est sûr qu’il s’en serait pris une autre…
– T’es motivée, dis donc !
– Ah, pour ça, oui ! Faut que
j’y arrive… Faut vraiment que j’y arrive… Et lui… Pas un autre… La seule chose,
c’est que c’est bien beau les baffes… Je pourrai bien lui en coller tant que je
veux maintenant que j’ai commencé… Suffit que je fasse semblant de le prendre
en flagrant délit de me mater les seins… Ou les fesses… Et paf… Et paf… Non… Le
problème, c’est de passer à la vitesse supérieure… D’en faire ce que vous
faites de Léonard… Et ça !
– C’est une autre paire de manches,
oui…
– Vous vous y prendriez comment,
vous ?
– Moi, je commencerais par me
pointer tout simplement chez lui…
– Chez lui ? Comme ça ? Mais
pour quoi faire ? Je vais lui dire quoi ?
– Rien… Rien de spécial… Tu restes
un petit quart d’heure… À parler de choses et d’autres… Et tu te casses…
– Ça va lui paraître bizarre…
– C’est le but… Il va se poser des
tas de questions… Sans trouver vraiment de réponse… Formuler des tas d’hypothèses…
Douter… Hésiter… Tu vas complètement le déstabiliser… Et assurer un peu plus ton
emprise sur lui…
– Ça me plaît bien cette idée…
– Deux trois jours après tu remets
ça… Toujours sans la moindre explication…
– Ah, oui… Oui… Et de temps en
temps, comme ça, je recommence…
– Voilà… Jusqu’à ce qu’une opportunité
finisse par se présenter… Il y en aura forcément une… Un jour ou l’autre… Et
alors là ! Là !
– Bon, mais allez, j’y vais…
– Maintenant ?
– Oh, oui… Oui… J’ai trop envie…
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