mercredi 23 octobre 2013

Nollwen, Marta et Bastien ( 11 )



– C’est moi… Nollwen…
– Vas-y, monte ! Je t’ouvre…
– Je te dérange pas ?
– Non… Bien sûr que non… Et puis c’est pas mal non plus de se voir un peu en dehors du boulot…
– En fait j’ai quelque chose à te proposer…
– Par rapport à Bastien ?
– Pas vraiment, non… Figure-toi qu’il y a trois mois j’ai rencontré quelqu’un…
– Jusque là tout va bien…
– Un type – la trentaine – qu’était soi-disant libre… Qui m’a promis monts et merveilles… Sans que d’ailleurs je lui aie rien demandé… En fait il était marié…
– Classique…
– Ce dont je me fichais en réalité éperdument… J’ai jamais eu l’intention de faire ma vie avec… Mais qu’il me mente là-dessus, ça, par contre, j’ai pas du tout apprécié…
– Si t’es comme moi… Je supporte pas ça le mensonge… Pour quoi que ce soit…
– Mais c’est pas tout… Il y en a une troisième… J’ai découvert ça par hasard…
– Et il y en a peut-être d’autres… Au point où il en est le type… Un peu plus un peu moins…
– Une troisième que j’ai rencontrée hier… Qui tombait complètement des nues… Qui s’est mise dans une colère, mais une colère…
– Ce qui peut se concevoir…
– Et qu’est bien décidée à se venger…
– En mettant sa femme au courant…
– Entre autres, oui… Et là ça risque de faire mal… Parce que le pognon, c’est elle qui l’a… Et que si elle le plaque il est quasiment à la rue… Il a rien… Pas de diplôme… Pas de métier… Il a jamais rien fait de ses dix doigts…
– Et donc… vous le tenez…
– Complètement, oui… Mélanie, elle, elle voulait foncer bille en tête… « On débarque là-bas et on lui déballe tout à sa bonne femme… Tout… Il va comprendre sa douleur… » Moi, ça me paraissait pas la meilleure solution… Est-ce qu’il valait pas mieux lui laisser une épée de Damoclès suspendue en permanence au-dessus de la tête ? Qu’il arrête pas de se demander… Si on allait le faire… Et quand… Surtout quand… Elle a fini par en convenir… À condition qu’on finisse quand même, au bout du compte, par mettre sa femme au courant… Et donc on va jouer… Alors là je peux te dire qu’on va jouer…
– Au chat et à la souris…
– C’est à peu près ça, oui…
– Je te vois bien dans le rôle…
– Premier acte : je le retrouve à l’hôtel… Un mardi après-midi… Comme d’habitude… Sauf que là Mélanie déboule, comme une furie, au milieu de notre partie de jambes en l’air… Elle se jette sur lui et lui flanque deux baffes… « J’en étais sûre… Ah, ça, j’en étais sûre… Espèce de petit saligaud, va ! » Et moi : « Non, mais qu’est-ce qui se passe, là ? C’est qui celle-là ? Ta femme ? C’est ça ? » « Ah, non, je suis pas sa femme, non… Mais je suis cocue quand même ! La preuve… » Oui, mais non… Il va nous expliquer… C’est un malentendu… Un simple malentendu… On le laisse s’enfoncer… Essayer de trouver – désespérément – une explication qui tienne à peu près la route… Il y en a pas… Il peut pas y en avoir… On lui éclate de rire au nez… On claque la porte et on s’en va…
– Ensemble ? Oh, là, là, ça a pas fini de le faire gamberger, ça…
– C’est le but… « Qu’est-ce qu’elle peuvent bien comploter derrière mon dos ? » Nos portables sonnent… Le mien… Le sien… On répond pas… Des SMS… Par dizaines… Pour s’excuser… Pour supplier… Pour implorer… À sa femme on dira rien, hein ?! On va rien dire ? Non, parce qu’il la connaît… Elle s’en remettrait pas… Ce serait le coup de grâce… Elle est si fragile… Ben tiens ! Quelle sollicitude !
– Ça peut marcher… On sait jamais…
– Oui, ben pas avec nous… La ficelle est un peu grosse…
– Et donc… vous le laissez mijoter…
– Trois-quatre jours… Qu’il ait le temps de tout imaginer… Le pire et son contraire… Et puis on lui donne rendez-vous… Toutes les deux… Dans un café… Pour lui faire part de la décision qu’on a prise… Ou on lui flanque une bonne correction – au martinet – ou on met sa femme au courant… Preuves à l’appui…
– Et il va accepter, tu crois ?
– Le connaissant, oui… Pas tout de suite… Il va renâcler… Discutailler… Mais si on se montre bien déterminées – et on le sera – il en passera par où on veut… Alors là je suis bien tranquille…
– Et c’est quoi mon rôle à moi là-dedans ?
– D’assister… Tout simplement d’assister… Ça te dirait pas…
– Oh, que si !
– Eh ben alors !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire