Séverine a passé la tête…
– Qu’est-ce vous faites, les
filles ?
– On s’occupe un peu de Mickaël…
– Je vois ça… Vous l’avez drôlement
arrangé, dites donc !
– Oh, pas tellement ! Beaucoup
mieux on peut faire… Beaucoup mieux on va faire… S’il se montre pas coopératif…
– Et si je reste là… je dérange ?
– Oh, non, non… Pas du tout… Bien sûr
que non… Plus on est de fous… Bon… Mais donc tu allais nous parler de Laurène,
toi… C’est qui Laurène ?
– Une serveuse là où je travaille…
– Et ?
– Ça l’a fait tous les deux…
– Elle a quel âge ?
– Vingt-deux…
– Et toi ?
– Quarante-huit…
– Tu n’as pas honte, vieux cochon ?
– Mais non, mais…
– Tu n’as vraiment pas honte ?
– Aïe ! Si ! Aïe !
– Et tu lui as promis monts et
merveilles, je suis sûre, pour arriver à tes fins…
– Mais non, mais… Aïe !
– Nous raconte pas d’histoires, veux-tu !
Parce qu’une gamine de vingt ans, pour qu’elle accepte de coucher avec un vieux
tromblon comme toi, qui – soit dit en passant – casse pas trois pattes à un
canard faut vraiment qu’il sorte l’artillerie lourde… Alors ? Tu lui as
fait miroiter quoi ?
– On devait ouvrir un restaurant tous
les deux du côté de Royan…
– Vous deviez… Il en est plus
question ?
– Toujours… Si…
– Et seulement question… Parce que tu
sais pertinemment que ça ne se fera jamais…
– C’est compliqué… On peut pas se lancer
comme ça tête baissée… Faut penser à tout… Faire les papiers en règle…
– Non, mais ça c’est les bobards que tu
lui sers à elle, pour gagner du temps, quand elle s’impatiente… Qu’elle trouve
que ça va pas assez vite… Qu’elle se met à avoir des doutes… T’es vraiment un
beau salopard, toi, hein, dans ton genre…
– Mais non, mais…
– Ah, non ?! Faire croire à une
pauvre fille que tu vas lui ouvrir une affaire à son nom juste pour pouvoir
coucher avec t’appelles ça comment alors ? D’autant que tu ne te prives
pas, je suppose, de couchoter parallèlement à droite et à gauche… Eh
bien ? Réponds !
– Vous le savez…
– Je te demande pas si on le sait… Je te
demande de répondre…
– Oui…
– Il y en a beaucoup ?
Attention : te trompe pas… Parce que, comme tu le dis si justement toi-même,
on le sait…
– Quatre…
– Quatre ? Rien que ça ?! Eh
ben mon salaud ! Et tu leur fais croire la même chose à toutes ?
– Oh, non… Non…
– Oui… T’es plus malin que ça… Ce serait
le meilleur moyen de te griller… Alors tu leur racontes quoi aux autres ? Et
puis non… Non… Dis rien… On verra ça ce soir… Ou demain… Parce qu’il serait
peut-être temps que t’ailles bosser… Pas question que tu te défiles et que tu laisses
les autres faire tout le boulot… Mais d’abord tu vas nous le dire bien fort, à
haute et intelligible voix, que t’es un salopard… Allez !
– Je suis un salopard…
– Plus fort que ça…
– Je suis un salopard…
– T’es un vrai gros vicieux de salopard,
oui… Tu nous dégoûtes… Remets-lui en une bonne sarclée, tiens, Lydie, pour la
peine…
– Ça fait mal… Ben oui… Oui… C’est fait
pour ça… Bon, allez, reculotte-toi et file ! File travailler…
– Faut que j’aille où ?
– À l’office… En bas… Elle te dira Tina…
Exécution…
– C’est vrai que c’est un sacré gros
salopard…
– Et vous avez encore rien vu… Attendez
qu’il vous ait fait toutes ses confidences… S’il les fait…
– Oui… Ben ça… Il a plutôt intérêt…
Parce que sinon… Sinon je voudrais pas être à sa place…
– En attendant, les filles, jetez un coup
d’œil dehors…
– Qu’est-ce que c’est que ça ?
– Ça… C’est Ludivine qui file le parfait
amour avec Xavier… C’était couru… À chaque fois elle nous fait le coup… Elle peut
pas s’empêcher… Dès qu’il y a un type à peu près potable qui passe dans le coin
hop ! ça y est… C’est l’homme de sa vie…
– Ce sera peut-être celui-là le bon…
– Oui, oh, alors ça… ça m’étonnerait…
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