mercredi 30 janvier 2013

Le Centre2 ( 4 )


– Ça vous intéresse toujours, les filles, de savoir pour Mickaël ?
– Un peu que ça nous intéresse…
– Bien… Alors j’ai eu Gabrielo au téléphone… Un long moment… C’est toujours un plaisir de bavarder avec lui… Et donc… notre Mickaël est chef de rang dans un restaurant très classe aux alentours de Paris… Il fait un peu la pluie et le beau temps là-dedans… Parce qu’apparemment la patronne n’y connaît pas grand-chose et se repose entièrement sur lui… Du coup il règne sur toute une cour de serveuses, femmes de chambre et aides-cuisinières…  Auxquelles il promet monts et merveilles en échange de… vous imaginez quoi…
– Quel salaud !
– Tu l’as dit…
– Il va nous payer ça…
– Et cher…
– Il y a quand même quelque chose que je comprends pas… C’est qu’est-ce qu’il est venu foutre ici…
– Il semblerait, d’après Gabrielo, que ça commence à chauffer très sérieusement là-bas pour son matricule… À force de multiplier les promesses aux unes et aux autres… À force de coucher une fois avec l’une une fois avec l’autre c’est devenu une vraie foire d’empoigne là-dedans… Les filles s’engueulent… Récemment il y en a deux qui se sont battues, en pleine salle de restaurant, devant les clients… La patronne a beau avoir besoin de lui il y a des limites à tout… Et elle lui a vivement conseillé d’aller se mettre quelques semaines au vert… Le temps que les choses se calment et que les esprits s’apaisent…
– Mais pourquoi précisément ici ?
– Il nous l’a dit… Il espérait bien tomber dans le groupe bleu… Histoire de continuer à régner, comme là-bas, sur toute une cour de femmes à sa dévotion… Et dans des conditions…
– Il aurait pu repartir… Quand il a vu que c’était pas le cas… On retient personne de force ici…
– Oui… Mais si on part c’est définitif… On peut pas se réinscrire… Alors peut-être que, comme beaucoup, il veut préserver ses chances pour l’année prochaine… Qu’il se dit que le sort lui sera plus favorable…
– C’est cher payer quelque chose qu’est même pas sûr…
– J’ai une autre explication, moi, les filles… Il se comporte comme un salaud… Il le sait, mais il peut pas s’en empêcher… Alors peut-être – il se l’avouerait pour rien au monde – mais peut-être qu’au fond de lui-même il y a quelque chose qui ressent confusément le besoin d’être puni pour ça… Quelque chose qui se déguise sous d’autres prétextes… Celui-là ou un autre…
– Oui, ben si c’est ça il va être servi…
– Et pas plus tard que tout de suite…
– Attendez, les filles, attendez ! Une petite seconde… Tenez ! Prenez ça…
– C’est quoi ?
– La liste des filles qui travaillent avec lui… Ou sous ses ordres…
– Génial… Donne…

– Alors ?! T’as réfléchi ?
– Oui…
– Et t’as des tas de vilaines choses à nous raconter sur toi, je suis sûre…
– Oh, pas tellement…
– Ah, ben tant mieux ! Tant mieux… On est bien contentes… En somme tu es la perfection incarnée…
– J’ai pas dit ça, non…
– Mais tu n’as pas grand-chose à te reprocher… Juste quelques broutilles sans importance… Et sans conséquence…
– Voilà, oui…
– Peut-être qu’il va falloir qu’on te rafraîchisse la mémoire alors !
– Comment ça ?
– Tu vas comprendre… Tu vas comprendre très vite … Tu es un garçon intelligent… Tu y vas, Lydie ? Et toi, ferme les yeux… Tu les rouvriras quand je te dirai…

– Là… Tu peux les ouvrir… Alors ? Ça lui va bien, Lydie, habillée comme ça… Non ? Tu trouves pas ?
– Oui…
– Et ça doit te rappeler des souvenirs, non ?
– Je…
– Tu ?
– Comment vous avez su ?
– Ça ne te regarde pas comment on a su… Bien, mais alors de qui tu vas nous parler pour commencer ? De Marion ? De Laurène ? D’Alexandra ?
– Mais vous savez tout !
– Beaucoup de choses en tout cas… Alors ?
– Je sais pas… Je…
– Tu sais pas ? Eh bien Lydie va commencer par s’occuper un peu de toi alors… Et après tu sauras beaucoup mieux, tu verras…

– Alors ? Tu t’es décidé ?
– Laurène… Je vais vous parler de Laurène…
– C’est un excellent choix… Eh bien, allez… On t’écoute… 

mercredi 23 janvier 2013

Le Centre2 ( 3 )


– Vous me le gardez mon Léonard, les filles ? Je reviens… J’en ai pour deux minutes…
– Elle en a de bonnes, elle ! Qu’est-ce qu’elle veut qu’on en fasse ?
– Pas grand-chose… ça… Il y a pas de risques…
– Il est quand même pas trop vilain garçon…
– Oui, oh… Tu trouves, toi ?
– Si… Oui… Mais enfin de là à en faire son quatre heures…
– Faudrait déjà commencer par le décoincer un peu…
– Et là il y a du boulot…
– À moins qu’il cache bien son jeu finalement… Va savoir…
– Oui, oh, alors ça ! Ça m’étonnerait…
– Arrêtez ! Vous allez le faire rougir…
– Et voilà… Ça y est ! Je vous l’avais dit… Je vous l’avais pas dit ?
– Forcément… c’est la seule chose qu’il sait faire…

– Alors ? Il a été sage ?
– Pas vraiment, non…
– Ah… Qu’est-ce t’as encore fait, toi ?
– Hein ? Mais rien… Je…
– Tu parles ! Tout le temps que t’as été partie il a pas arrêté de lorgner sur Ludivine… Et d’une façon ! Ah, elle lui plaît… Ça… Il dira pas le contraire…
– Je confirme… Elle lui fait sacrément de l’effet… C’est un truc, ça, un mec il peut pas le cacher…
– Alors comme ça, toi, t’en pinces pour Ludivine ?!
– Hein ?! Ah, mais non… Non… Pas du tout… Non…
– Non ? Alors en somme… si je comprends bien… tu traites mes copines de menteuses…
– Ben non… Non… Mais…
– Ah, ben si ! Si ! Parce que si tu prétends ne pas t’être intéressé de très près à Ludivine c’est qu’elles mentent… Alors ? Tu oses soutenir qu’elles mentent ?
– Je… Elles… Elles ne mentent pas, non…
– Eh bien voilà ! Bon… Alors tu vas commencer par t’excuser d’avoir mis leur parole en doute…
– S’il vous plaît, excusez-moi ! S’il vous plaît…
– Et demander pardon à Ludivine de la façon inqualifiaque dont tu t’es comporté à son égard…
– Je vous demande pardon, Ludivine…
– Bien… Et maintenant tu vas aller rassembler tes affaires… Je veux plus de toi ici… Tu sais ce qu’on avait dit… À la moindre incartade…
– Mais je n’ai pas…
– Tu n’as pas quoi ? Tu te moques de qui ? Tu m’as accablée, pendant des mois, de protestations de dévouement éternel… Il n’y avait que moi… Il n’y aurait jamais que moi… Je pouvais tout exiger de toi… Tout ce que je voulais… Tu étais à mes pieds… Ma chose… Mon jouet… Et à la première occasion… Alors non… Non… Tu t’en vas…
– C’est vous qui décidez…
– Encore heureux… Manquerait plus que ça ! Alors file ! Va faire tes valises… Tu repasseras nous dire au revoir avant de partir…

– Bien… Alors ça y est ? T’es prêt ?
Il a fait signe que oui… Oui…
– Il ne me reste qu’à vous remercier de toutes les bontés que vous avez eues pour moi…
– Et moi à te souhaiter bonne route… Allez !
– Merci…
Et il s’est éloigné à pas lents, la tête basse…
– Écoute là… Viens voir…
Il est aussitôt revenu sur ses pas…
– Oui ?
– Mes amies, pendant que tu te préparais, ont tenu à intercéder en ta faveur… Et j’ai décidé, devant leur insistance, de te laisser encore une chance… Une dernière chance…
– Merci… De tout cœur merci…
– Tu reconnaîtras toutefois que tu as, pour le moins, amplement mérité d’être châtié…
– J’en conviens… J’en conviens tout-à-fait… Et même…
– Et même ?
– Je vous demande d’avoir la bonté de me punir comme je l’ai mérité…
– Je me fiche royalement de ce que tu souhaites ou ne souhaites pas… Il en sera fait uniquement selon mon bon plaisir… Un point c’est tout… Déshabille-toi !
Il a obéi… Avec empressement…
– À genoux !
La canne s’est abattue… Sur son dos… Sur ses épaules… Ses omoplates… Dix fois… Vingt fois… Il a serré les dents… Serré les poings… Il n’a pas crié… Tout juste gémi à la fin…

– C’est bien… Je suis fière de toi…
Elle lui a tendu son pied… Il y a posé ses lèvres… Sa langue…
Lydie a chuchoté…
– Il aime ça… Il bande… 

mercredi 16 janvier 2013

Le Centre2 ( 2 )


– T’as aimé ?
– Assez, oui… Pas mal, même… J’aurais pas cru…
– Comme quoi on se connaît jamais complètement…
– On a peut-être été un peu fort, non ?
– Penses-tu ! C’est doudouille un homme… Et celui-là, en plus, il en rajoutait pour nous apitoyer…
– Tu crois ?
– Je crois pas… Je suis sûre… N’importe comment le but, c’est pas non plus de taper dessus comme des sauvages… C’est de l’amener tout doucement là où on veut… De si bien l’engluer qu’il ne puisse plus nous échapper… Quand bien même il le voudrait… De faire en sorte qu’il ne le veuille pas… Qu’il ne le veuille plus… Qu’il n’ait plus qu’un seul désir… Celui de s’abandonner totalement à nous… Et qu’il ne vive plus que par ce désir-là…

Au réfectoire, Séverine nous a appelées, fait asseoir à côté d’elle…
– Alors ? Ça s’est passé comme vous vouliez ?
– À peu près, oui… On devrait pouvoir en tirer quelque chose…
– Je vous le mets de côté ?
– Si tu peux, oui… Ce serait pas mal…
– Bien sûr que je peux… Laissez-moi attraper mon carnet… Là… Je note… Mickaël… RÉSERVÉ pour Marjorie et Lydie…
– T’as quelques infos sur lui ?
– Pas grand-chose… 38 ans… Célibataire… Par contre je peux en avoir… Vu qu’apparemment, si j’en crois sa fiche, c’est Gabrielo qui lui a indiqué le centre… Et que je sais où le trouver Gabrielo… Et qu’il peut rien me refuser…
– Parfait… Je compte sur toi alors ?
– Demain… Après-demain au plus tard t’auras tes renseignements…
– Merci… T’es un amour…

– Je peux pas m’en faire mettre un de côté, moi aussi ?
– Toi, Ludivine ? Mais t’es seulement pas descendue ! Tu les as pas approchés…
– Oui, mais je les ai observés de là-haut…
– Tout l’après-midi, je parie, t’y as passé… Et t’as fait ton choix… C’est qui l’heureux élu ?
– Un tout mignon… Qu’est resté tout le temps à part des autres près du grillage…
– Ah, c’est Xavier, ça ! Toi, je sens que tu vas nous refaire le même coup que l’année dernière…
– Oui, ben ça il y a pas de risque…
– Tu parles ! On commence à te connaître depuis le temps… Quinze jours de Love Story tu vas encore t’offrir… Les yeux dans les yeux… La main dans la main… Pendant que tout autour les fouets vont claquer et les fessées dégringoler…
– T’inquiète pas ! Cette fois je suis vaccinée…
– Oui, oh, alors ça !
– Ah, si ! Si ! Parce que comment il s’était bien foutu de ma gueule l’autre ! Il s’était servi de moi pour pas ramasser, oui… Pour passer entre les mailles du filet… Mais dès qu’on a été dehors… j’existais plus… Dommage qu’il soit pas revenu, tiens ! Parce que je peux vous dire que je lui aurais présenté la note… Et qu’elle aurait été salée…
– Et c’est ce Xavier qui va payer les pots cassés…
– Peut-être bien, oui…
– Eh bien alors pas de problème… Je te le mets de côté…

– Bon, mais et toi, Séverine ? C’est bien beau de t’occuper de nous comme ça, mais faudrait peut-être que tu penses aussi un peu à toi…
– Vous inquiétez pas pour moi… J’ai apporté mes provisions…
– Ah… Le petit blond que tu traînais dans ton sillage cet après-midi, c’est ça ?
– En personne…
– Tu le sors d’où ?
– Trois mois qu’il me lâche pas… Que je peux pas mettre le nez dehors sans qu’il vienne aussitôt me coller aux basques…
– Ça doit être lourd…
– Ça l’est… Et puis, en même temps, ça a quelque chose de profondément attendrissant… Un amoureux transi comme ça… Tout gauche… Tout maladroit… J’avais perdu l’habitude…
– Si t’as des états d’âme t’es foutue… T’arriveras pas à t’en débarrasser…
– Je sais, oui… Déjà jamais j’aurais dû l’amener ici… Mais il était si malheureux ! « Quinze jours ! Quinze jours sans vous voir ! Mais je pourrai pas… Je pourrai jamais… Emmenez-moi ! » L’emmener ? Ah, non… Non… Ça, c’était pas possible… « Mais pourquoi ? » Et de lui expliquer en long, en large et en travers de quoi il retournait… Il se voyait là-dedans ? Franchement ? Non… Non, mais si ! Parce qu’il serait avec moi… Parce qu’il me verrait… Et puis… Et puis il pourrait tout supporter pour moi… Tout… Tout ce qu’il faudrait… Tout ce que je voudrais… Que je l’emmène ! « Oh, s’il vous plaît ! S’il vous plaît ! » J’ai fini par céder… « Merci… Oh, merci… Vous le regretterez pas, vous verrez… Je vous ferai honneur… Vous serez fière de moi… »
– Ouais… Mais les promesses, c’est jamais que des promesses… Faudrait le voir à l’œuvre pour bien faire…
– Ça, c’est facile… Suffit que j’aille le chercher…
– Ben avance ! Elles vont pas te manger… Les filles, je vous présente Léonard…
– Bonjour…

– Mais reste pas planté là ! Va leur serrer la main… Faut vraiment tout te dire à toi, hein !
Il a commencé par Ludivine… À qui il a tendu la main droite… Sur l’autre Séverine lui a lancé un grand coup de paddle…
– Celle-là, tu la mets derrière ton dos… Là… Et tu continues… Elle, c’est Lydie…
– Bonjour, Lydie…

mercredi 9 janvier 2013

Le Centre2 (1)


– Et toi, Lydie ?
– Moi aussi… Le groupe vert…
– Ça a pas l’air de te convenir…
– Non… Si… C’est pas ça… C’est que… Diriger des hommes… Leur faire faire tout ce que je veux… Les punir s’il faut… Je vais jamais savoir…
– Tu vas jamais savoir ou tu vas jamais oser ?
– Les deux, je crois…
– On s’y fait vite, tu verras… Moi aussi l’an dernier je disais comme toi… Et puis finalement…
– Oui, mais toi, Marjorie…
– Oh, moi, je suis comme les autres… Non… C’est assez simple en fait… Parce que, grosso modo, à deux sortes de types tu vas avoir à faire… D’abord ceux qui escomptaient bien faire partie du groupe bleu… Avoir barre sur tout un tas de femmes ils s’en faisaient à l’avance une véritable fête… Ils sont déçus… Terriblement déçus… Seulement il y a le contrat… Qu’ils ont signé… Ils ne veulent pas avoir l’air de se défiler… Trop orgueilleux pour ça… Et puis surtout ils se disent que l’année prochaine, avec un peu de chance, le vent tournera… Qu’ils seront du « bon » côté… Ça vaut la peine de prendre son mal en patience… Et ils font contre mauvaise fortune bon cœur… En se répétant que, tout compte fait, ce devrait pas être si terrible que ça… Qu’on va pas se montrer bien méchantes… Parce que des femmes… Ils ont qu’à y croire… On peut être terribles si on veut… Ça dépend… De tas de choses… On peut aimer l’être… Ou pas… Mais tu sais là où tu prends vraiment ton pied ? C’est quand tu leur fais découvrir – petit à petit… tout doucement… – des choses qu’il y a en eux et dont ils ignoraient qu’elles s’y trouvaient… Et alors là… Là…
– Et les autres ? Deux sortes de types t’as dit…
– Les autres… Oh, les autres, eux, c’est exactement ce qu’ils espéraient… Être des jouets aux mains d’un groupe de femmes qui va les humilier et les fouetter tant et plus… Sauf qu’en réalité c’est pas si simple… Ce qu’ils attendent de toi c’est que tu réalises leurs fantasmes à eux… Et si tu les laisses faire ils prennent le dessus… Ils te manipulent… Ils veulent décider de la façon dont tu dois en user avec eux… C’est constamment qu’il faut les recadrer… Ne pas céder à leurs exigences, mais leur imposer les tiennes… Et ils savent y faire, crois-moi… Non… Contrairement aux apparences c’est avec eux que c’est le plus compliqué…
– Je m’en sortirai jamais…
– Mais si ! Tu vas voir… Allez, viens, on attaque…
– Là ? Maintenant ? Tout de suite ?

Ils étaient là, en bas… À discuter, par petits groupes, sous la surveillance d’une femme –  la soixantaine – qui arpentait la cour de long en large en faisant claquer, de temps à autre, une cravache en l’air…
– On vient t’en piquer un, Séverine…
– Tout ce que vous voulez, mes chéries… Tout ce que vous voulez… Ils sont là pour ça…
– Bon… Alors tu choisis, toi, Lydie… Tu choisis… Celui qui te ferait plaisir…
Il y en a un qui a levé les yeux, nous a effleurées – très vite – du regard, a détourné la tête…
– Celui-là ?
– Ça me paraît être un bon choix, oui…
On s’est approchées…
– Viens !
– Qui ça ? Moi ?
– Ben oui, toi… Pas le roi de Prusse…
Marjorie l’a fait passer devant nous… Et on a arpenté des couloirs… Grimpé des escaliers… Passé des portes…
– Là… On sera très bien ici…
Un immense bureau… Complètement vide… À l’exception d’un grand canapé en cuir…
– Bon… Eh bien on t’écoute…
– Vous m’écoutez ?!
– On t’écoute, oui… Prends pas cet air idiot… Tu as bien quelque chose à nous dire, non ?
– Non… Je sais pas…
– Mais si tu sais ! Bien sûr que si que tu sais… Bon… Mais comme on est très gentilles on va t’aider toutes les deux… Alors dis-nous… Pourquoi t’es venu ici ? Au centre…
– Parce que… Pour voir… Pour savoir… Pour me rendre compte…
– Par curiosité en somme… Ben voyons ! Tu nous prends pour des imbéciles, hein ? La vérité on veut… Pourquoi ?
– Parce que je croyais… j’espérais… Que dans l’autre groupe on me mettrait… le bleu…
– Ben voyons ! Bon, mais finalement c’est plutôt pas mal que ça se soit passé comme ça… Parce qu’un mec il a toujours des trucs pas très nets qui traînent… Des situations où il s’est comporté comme un minable… Ou comme un salaud… Ou les deux à la fois… Non ? Tu crois pas ?
– Si…
– Toi comme les autres… Et même – rien qu’à te voir – toi plus que les autres… Alors tu vas payer… C’est l’occasion ou jamais… Pour toutes tes petites bassesses, tes lâchetés, tes trahisons…  Tu vas nous raconter tout ça… Bien en détail… Sans rien oublier… On a tout notre temps… On a quinze jours pleins devant nous… Tu vas raconter et tu vas payer… Cash… Mais d’abord…
Elle les a sorties de derrière le canapé… M’en a tendu une… A gardé l’autre…
– Tu baisses ton pantalon… Ton slip aussi… Allez ! Tu obéis…

– Et t’enlève tes mains… Ne sois pas ridicule…
– Bien, Lydie… Bien… Tu vois que ça vient… Et vite… Bon… Mais il disait quoi, lui, déjà, tout à l’heure ?
– Qu’il aurait bien voulu être dans le groupe bleu…
– Lui ?! Non, mais alors là on aura tout vu ! Pour qui il se prend ?
– Faut reconnaître qu’on l’imagine pas vraiment dans le rôle… Il a pas la pointure…
– Bien sûr que non ! Elle est ici sa place… Avec nous… Il faut qu’il en prenne bien conscience… Mais on va faire ce qu’il faut pour… Allez, tourne-toi , toi ! Et à genoux…